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Sujet : Je ne suis pas surpris...


De Arca1943, le 4 mai 2006 à 21:00
Note du film : 4/6

…en me baladant sur quelques sites italiens, de constater que ce Comencini de 1963 avec Claudia Cardinale est relativement bien coté. Le film porte – un peu comme Le Brigand de Castellani – sur la difficile transition qui suit la suite du fascisme : certains résistants ont déposé les armes plus tard que d'autres et se sont de ce fait retrouvés face à la justice après avoir tué un fasciste de trop. C'est ce qui arrive à Bube, mais le film (comme le roman) est centré sur Claudia Cardinale, qui attend des années que son amour sorte de prison, une période pendant laquelle elle se forge une "conscience politique", comme on disait dans le temps (mais vous savez combien Luigi Comencini est bon pour éviter le prêchi-prêcha…)

Bref, voici mon vote qui n'a que trop tardé !


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De Arca1943, le 19 novembre 2011 à 22:59
Note du film : 4/6

Le sujet historique est très intéressant, le jeu de Claudia Cardinale est d'une spontanéité juvénile qui rend très attachant le personnage de Mara, la photographie noir et blanc de Gianni di Venanzo est splendide, particulièrement le soir ; et que dire du standard jazz composé par Carlo Rustichelli : cette mélodie qui accompagne les scènes entre Mara et Bube (George Chakiris), on rêve de la réentendre au Festival de jazz de Montréal, sur une scène enfumée.

Cela dit, ce n'est vraiment pas le film le plus réussi de monsieur Comencini, même si je suis content de l'avoir vu. Et c'est tout à fait normal : pour avoir un réalisateur comme Luigi Comencini et ses réussites irremplaçables, c'est le prix à payer. S'il n'était pas inégal, il n'existerait pas. Comencini change souvent de genre, il fait un mélodrame, ensuite une comédie, ensuite un film pour enfants, ensuite un film policier, puis un documentaire, puis re-comédie, re-mélodrame, et cetera. Si je me fie sur ce qu'en dit Jean Gili dans son bouquin sur Comencini, ces sauts d'un genre à l'autre sont autant le résultat de choix personnels que des commandes que tel ou tel producteur lui passait.

Une des plus connues parmi les "commandes" de Comencini, c'est évidemment Don Camillo en Russie (1965), quatrième sequel d'une série à son crépuscule. Et je trouve également bien amusant de suivre les "sauts" idéologiques d'une commande à l'autre : si Don Camillo en Russie, c'est de l'anti-communisme pour enfants à la Tintin au pays des Soviets, en revanche on peut dire que La Ragazza di Bube (1963) eh bien, c'est une sorte de film communiste, bien qu'un peu plus nuancé vers la fin. Le Bube du titre (George Chakiris) est un jeune et fier résistant communiste (un vrai de vrai, avec foulard rouge !) qui a abattu un fasciste après la fin de la guerre et se trouve donc recherché pour meurtre par les autorités italiennes nouvellement constituées.

Mais Bube, comme il le confiera à Mara dans le dernier tiers du film, a été mal conseillé par son bien-aimé Parti : les camarades, en effet, l'ont fait fuir en Yougoslavie pour échapper à la police, alors que s'il était resté bien sagement en Italie, il aurait bénéficié de l'amnistie votée quelques mois à peine après sa fuite à l'Est. Alors quand il revient en Italie – en partie pour retrouver sa Mara bien-aimée – le voilà qui fait face à des années de prison – et donc de séparation d'avec sa fiancée.

La jeune Mara restera-t-elle fidèle à son Bube ou deviendra-t-elle plutôt la petite amie du séduisant jeune imprimeur incarné par le bien falôt Marc Michel ? Du point de vue de l'histoire sentimentale, voilà la question. Une des vertus du film est qu'il s'assume bien comme film d'amour. Un de ses défauts est que le personnage féminin est tellement plus intéressant que les personnages masculins. À chaque fois que les projecteurs sont braqués sur notre jeune héroïne et que Claudia Cardinale occupe le centre de l'écran, tout va bien. Dès qu'on suit plutôt les autres personnages, c'est laborieux, et il y a des dialogues qui frisent le ridicule comme « Je lui ai confié ce travail parce que je lui fais confiance et aussi parce que c'est un communiste. »

Heureusement, l'histoire est racontée du point de vue Mara, donc on a plus souvent Cardinale. Le fait que le personnage central soit à des lieues de considérations politiques offre un bon contraste avec l'aspect politico-historique du film. La scène où Mara dit à son Bube : "Donne-moi ton pistolet", pour aussitôt jeter l'arme à la rivière, c'est le seul moment où elle exprime ouvertement son point de vue sur la situation.

Signalons aussi la réussite de la reconstitution historique, par exemple cette séquence où la foule descend dans les rues après l'annonce des résultats du référendum de 1946 "monarchie ou république".

C'est bien fait, très professionnel comme film, avec quelques scènes frappantes comme celle où Mara doit témoigner au tribunal mais n'arrive pas à trouver ses mots. Fameux ça, je dois dire ; du grand Comencini, du grand Cardinale ; mais il n'y a pas beaucoup de scènes de cette trempe.

Sur le même sujet historique des Résistants qui continuent de résister pour ainsi dire "après le coup de sifflet" (je présume qu'il a dû y en avois quelques-uns en France aussi), je dois désormais tourner mes espoirs vers un autre film de la même époque, Il Brigante de Castellani (1961), autre film méconnu – mais comme toujours, peut-être à tort vu qu'on ne peut guère se fier à la critique de cinéma de cette époque.


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De Arca1943, le 22 novembre 2011 à 18:28
Note du film : 4/6

Jazz et cinéma : voici l'envoûtant thème de La Ragazza di Bube par Carlo Rustichelli.

[https://www.youtube.com/watch?v=J41gGjbW(..)]


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De vincentp, le 9 septembre 2012 à 10:54
Note du film : 5/6

3,6/6. Un scénario très moyen, le doublage calamiteux de la version française -incontournable- du dvd édité en France, et le registre d'acteur très limité de Chakiris plombent La Ragazza. Je retiens comme élément positif la photographie (Gianni Di Venanzo), la musique (Carlo Rustichelli), et quelques moments forts de mise en scène (quand musique et image s'accordent parfaitement pour produire de l'émotion). Un aperçu intéressant aussi de l'Italie rurale de l'après-guerre (terrasses des cafés, curé en soutane)…


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De vincentp, le 18 septembre 2012 à 23:17
Note du film : 5/6

4,8/6. Regardant souvent en parallèle plusieurs films, j'avais coupé ce film à la 45° minute. Mea culpa. La suite regardé ce soir montre que je me suis trompé dans mon avis initial. Mais une confirmation : la vf incontournable de l'édition canal+ est catastrophique. Les voix sont un élément important dans un récit dramatique et cette version doublée tend à éliminer toute émotion. On croit entendre des robots.

Mais c'est un récit assez subtil, mélancolique à l'extrême, qui parle du mal-être des individus, prisonniers de leurs passions de jeunesse (affectives et idéologiques). Sur la longueur, cette histoire a fini par m'accrocher. D'autant que l'excellent Marc Michel a remplacé dans cette seconde partie l'insipide Chakiris. Michel est l'acteur qu'il fallait dans ce registre de drame psychologique. Le scénario est en fin de compte très élaboré, la mise en scène de Comencini de grande qualité. Un très bon (voire excellent) film, simplement plombé par les deux caractéristiques décrites ci-dessus.


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De Arca1943, le 21 mai 2013 à 06:11
Note du film : 4/6

Tout compte fait, après revisionnement, c'est un très beau film. Qu'est-ce que j'ai fait à aller lui coller un 3 ? Je devais être mal luné ce soir-là. C'est un beau 4 !

Comme punition, je devrai mettre la main sur un autre film de l'âge d'or (1961) qui traite le même thème historique des résistants italiens qui n'ont pas déposé les armes à temps, Le Brigand de Renato Castellani, aussi réputé qu'introuvable.


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