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Forum : Fat City (La Dernière chance)

Sujet : Admirable !

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De verdun, le 17 avril 2006 à 19:21
Note du film : 6/6

Il faut croire que la boxe est un sport cinématographique tant elle a inspiré de grands films: Raging bull de Scorsese, Nous avons gagné ce soir de Robert Wise, Gentleman Jim de Walsh en constituent sans doute les meilleurs exemples…

Sans parler de ce Fat City du père Huston, produit dans à l'une des époques les plus intéressantes de sa carrière. Et il est bien dommage que Columbia n'ait pas daigné sortir ce chef- d'oeuvre en zone 2 !!!

Ici, il s'agit d'une autopsie incroyablement lucide et féroce de la misére humaine dans les sociétés occidentales et le presque septuagénaire Huston pose un regard d'une étonnante fraîcheur sur diverses tares: la précarité,la solitude,l'alcoolisme,l'ennui notamment dans cette scène étonnante du début où Stacy Keach reste allongé sur un lit, sans savoir quoi faire. Et en filigrane, l'obsession qui a permis d'identifier Huston comme un auteur à part : l'échec, vu à travers le sort de deux paumés, magnifiquement interprétés par Stacy Keach et Jeff Bridges.

Ajoutez à celà une photo superbe et vous avez un film majeur où le vieux singe Huston peut montrer au Nouvel Hollywood, comme un Aldrich ou un Fleischer que ce n'est pas à lui que l'on apprend à faire la grimace.


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De Arca1943, le 17 avril 2006 à 23:22
Note du film : 6/6

Je l'ai déjà en Zone 1, mais je vote par solidarité pour que vous ayiez en zone 2 ce film qui est un des sommets de la (courte) saison du réalisme à l'américaine, dans la lignée de films comme The Rain People, I Walk the Line, Thieves Like Us ou Scarecrow. Dans la même veine, Huston réalisera vers la fin des années 70 l'extraordinaire et (me semble-t-il) méconnu Wise Blood. (Par contre parmi les films sur la boxe je me dois absolument d'ajouter "La Nobile arte", sketch final des Monstres !)


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De vincentp, le 11 juin 2010 à 22:44
Note du film : 4/6

4,5/6. On peut percevoir Fat city comme Verdun, mais j'ai trouvé que cet estimable film de Huston -portant sur l'échec, la petitesse de la vie d'individus paumés et se racontant des histoires- a un peu vieilli (mais la copie fatiguée peut expliquer aussi ce ressenti) et est un film (relativement) mineur de son auteur. Ceci n'enlevant en rien ses qualités bien sûr, fort bien décrites par l'illustre Verdun.


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De Impétueux, le 18 août 2022 à 18:53
Note du film : 4/6

Je n'ai jamais pu résister, à chaque fois que j'ai regardé un film sur la boxe, de dire toute ma répugnance devant cette activité barbare ; une activité qui consiste, rappelons-nous toujours, à mettre par la violence des coups, le cerveau en court-circuit, ce qui crée naturellement des dommages irréversibles. Parallèlement, il faut bien admettre, comme l'a écrit l'excellent Verdun que le cinéma s'est emparé de ce spectacle avec délectation et a présenté avec abondance sa dramaturgie réelle ou supposée. La page Wikipédia qui lui est consacrée compte 101 références et a dû en oublier bon nombre puisque je n'y ai pas trouvé l'intéressant Air de Paris de Marcel Carné avec Jean Gabin et Roland Lesaffre.

N'empêche que je ne change pas fondamentalement d'avis. J'ai écrit sur le fil de Plus dure sera la chute de Mark Robson avec Humphrey Bogart, que le film me paraissait la dénonciation la plus vive, la plus convaincante, la plus violente de cette activité barbare, héritière des combats de gladiateurs. Ce film-là traitait du monde des boxeurs célèbres, des combats qui pèsent lourds et des trafics mafieux qui rapportent plein de dollars. Celui de John Huston, cette Dernière chance courue décrit la médiocrité infinie, la crasse et la poussière des salles d'entraînement et de compétition, les manageurs qui naviguent entre amateurs et professionnels, la parcimonie des gains, la boucherie des combats déséquilibrés et sanglants. Je crois que c'est un peu le même milieu que dans Nous avons gagné ce soir de Robert Wise que je ne connais pas encore.

En plein centre de la Californie, à Stockton. Atmosphère assez misérable, en tout cas sans attrait aucun. Des Noirs, des Chicanos, des Petits Blancs. Lumière vide, plate, jaune sans éclat. Une chambre d'hôtel qu'on imagine surchauffée ; poisseuse, surtout. Un type, Billy Tully (Stacy Keach) allongé sur un lit, dans la torpeur. On sent la médiocrité, les odeurs de transpiration, de moisi, de détritus dans les rues. Billy qui n'est pas loin de la trentaine, va dans un gymnase ; il y rencontre Ernie Munger (Jeff Bridges), un jeune type qui n'a pas vingt ans qui s'entraîne sur les sacs de frappe et les punching-balls. Quelques échanges ; le vieux trouve que le gamin a des dons, qu'il faudrait qu'il s'entraîne sérieusement et qu'il combatte. Il va l'envoyer à son ancien manageur Ruben Luna (Nicholas Colasanto) qui, assisté de son adjoint Babe (Art Aragon), essaye de persuader des gamins miséreux de tenter leur chance dans ce monde féroce. Mais comme la boxe, à ce niveau, ne nourrit pas son homme, il faut bien survivre en allant récolter, avec d'autres esclaves engagés à la tâche, chaque matin, tomates, concombres ou oignons.

Se glissent là-dedans des histoires de femmes. Billy Tully rencontre, dans un bar où elle s'alcoolise consciencieusement, Oma (Susan Tyrrell) qui est la femme d'un Noir un peu douteux, Earl (Curtis Cokes) et, après la mise à l'ombre du mari, n'a pas trop de mal à engager une histoire avec elle. Ernie, plutôt beau garçon, dépucèle, puis épouse Faye (Candy Clark).

Voilà. Tous les ingrédients sont dans la marmite et il suffit de les touiller avec soin pour faire avancer l'histoire. L'histoire évoquée un peu plus haut, des combats de boxe sauvages. Bien que John Huston ait été lui-même un ancien boxeur, il ne ménage pas ce sport : délicieux échange entre les deux vieux de la salle, Ruben et Babe, deux anciens qui en ont pris plein la gueule : échange sur les blessures, les yeux, la gorge, le nez… tout ce qui a bien abîmé les corps, ce qu'ils ne regrettent pas, qu'ils ont même admis en contrepartie de l'adrénaline du combat… Étrange, non ?

Il n'y a pas lieu de conter les péripéties suivantes : la sauvagerie hurlante des combats, les arcades sourcilières qui éclatent, la sidération ressentie après la grêle des coups qui fait qu'on ne sait plus qui on est, où on est, si l'on a gagné ou si l'on a perdu. C'est la boxe, c'est la misère humaine dans ce qu'elle peut avoir de plus pathétique puisque chacun y est volontairement soumis, acteurs, profiteurs de tout acabit, spectateurs aux yeux exorbités à la vue du sang et du knock-out.

Rien à voir avec la corrida. Là, les victimes sont des hommes, ce qui n'a rien à voir.


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