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Sujet : Excellent film de propagande anti-nazi


De vincentp, le 4 avril 2006 à 22:17
Note du film : 5/6

Film peu connu, mais excellent, avec un très bon Joel Mc Crea (Gary Cooper, pressenti, n'ayant finalement pas été interessé par ce rôle).

On retiendra le rythme du film, et le mélange suspens-humour parfaitement dosé, son intérêt historique également. Deuxième film américain de Hitchkock, il marque en effet l'engagement du metteur en scène dans la propagande anti-nazie qui démarre alors à Hollywood. La fin du film justige en particulier le non-interventionnisme des américains en faveur des alliés (le film a été tourné en 1939).

Entre 1939 et 1941, furent tournés aux Etats-Unis environ 50 films engagés contre les Nazis, sous l'impulsion de Will Hays, auteur du code du même nom, qui disait alors ceci :"le cinéma doit exalter les valeurs de notre démocratie et les raisons qui font que nous pouvons être fiers de notre pays" (*).

Hitckock deviendra la bête noire de Goebbels qui aurait déclaré à propos du film (*): "c'est une production de première classe, un film d'action promis à un grand succès, qui sans aucun doute aura un énorme retentissement auprès des peuples des nations ennemies".

Un film à rapprocher des films de la même époque de Fritz Lang, Douglas Sirk ou d'autres réalisateurs venus du continent européen.

(*) Infos extraites du grand Atlas Hitchkock.


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De urspoller, le 22 avril 2008 à 20:43
Note du film : 5/6

Correspondant 17, deuxième film de la période américaine d'Alfred Hitchcock, fait suite à de nombreux métrages patriotiques fleurissant de-ci de-là durant ces années troublées (Les bourreaux meurent aussi, Vivre Libre et tant d'autres…).
Néanmoins, bien que cette œuvre soit une production hollywoodienne, les propos de sir Alfred sont dénués de complaisance à l'endroit de son pays d'adoption, car Correspondant 17 reste, certes, une diatribe acérée de la menace nazie, mais en toile de fond, point clairement une critique sans concessions de la position attentiste des Etats Unis.
Pour la petite histoire, cet opus constitue aussi une réponse cinglante à ses compatriotes et ses coreligionnaires, prompts à le gourmander en raison d'un soit-disant manque d'engagement politique. En sus, la mère du réalisateur refusa toujours de quitter sa perfide Albion natale, ce qui renforcera indubitablement son sentiment de culpabilité. Ainsi, sir Alfred va participer à sa façon à l'effort de guerre. Dès lors, avec l'aide du producteur indépendant Walter Wanger, il exfiltre derechef de ses tiroirs un livre ou plutôt des mémoires signées Vincent Shean, un ancien correspondant de guerre. Le cinéaste expurgea au maximum cette œuvre pour ne garder qu'un matériau de départ apte à créer une trame comprenant ses thèmes de prédilection tout en ne négligeant pas le côté politique de l'histoire originale.

Justement, la principale raison de l'insuccès de ce métrage outre-Atlantique provient de cet engagement ab imo pectore de sir Alfred. Cet appel sans ambages à une intervention américaine dans le conflit –jusque là- européen fera grincer quelques dents (pas celle(s) de Pamina, je vous rassure…) et lui vaudront de longues inimitiés du côté de la plèbe et du pouvoir états-uniens. Car, in fine, ce film est à louer autant du côté de la mise en scène ou que du scénario. Peut-être, l'on pourra trouver quelques infimes failles en ce qui concerne l'interprétation notamment à l'endroit de Joel McCrea un peu trop mollachu, comme diraient nos voisins helvètes. Il est vrai qu'à l'origine, le réalisateur avait jeté son dévolu sur Gary Cooper qui refusa ce rôle, ne souhaitant pas participer à un thriller, genre cinématographique qui n'avait pas vraiment le vent en poupe à Hollywood à l'époque…

Un mois après la fin du tournage, Hitchcock, avec l'appui du scénariste Ben Hecht, décida de rajouter une dernière scène au film – celle où le journaliste lance un vibrant appel à la radio de Londres en mandant une réelle solidarité des Américains tandis qu'au-dehors les bombardements accompagnent les paroles gorgées d'émotion – afin d'affirmer ses prises de position. Il est à noter qu'ici la fiction a précédé la réalité puisque cinq jours plus tard la capitale anglaise essuiera un bombardement (le 10 juillet 1940).
Cette collaboration entre sir Alfred et Hecht sera fructueuse car les deux acolytes participeront de conserve à six autres films dont La Maison du Docteur Edwardes, Les Enchaînés, La Corde ou encore L'Inconnu du Nord-Express.

Ce métrage ne mérite donc aucunement l'indifférence polie dans laquelle d'aucuns l'ont injustement relégué. De cet opus, vision après vision, reste une impression ravigotante tel l'aiguail matinal emperlant le feuillage de végétaux assoupis. Il faudrait être un véritable anachorète ou un incurieux fesse-mathieu pour rester coi devant cette subtile alchimie mélangeant idéalement des ingrédients typiquement hitchcockien à savoir les notions de quête, d'espionnage, de faux-semblants, de soupçons, d'humour, de paranoïa, de trahison ou de romance.


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