J'ai déjà émis mon commentaire concernant Colorado mais j'ai oublié d'y ajouter mon vote.

Bon, j'en ai marre : à chaque fois que je clique sur Colorado dans la colonne Forum, plein d'espoir qu'un nouveau suffrage se soit ajouté, c'est pour tomber sur la série Centennial. Ah, mais il suffit ! Faisons sortir ce Sollima des limbes.

Eh non, Franco Solinas n'a pas scénarisé seulement Salvatore Giuliano, La Bataille d'Alger, L'Aveu ou Monsieur Klein : mais aussi Colorado, El Chuncho, El Mercenario et Tepepa. Pas mal, cette feuille de route.

Mais où c'est qu'il est, Colorado ? Pourquoi la série pochtronne et boboche des Sabata avec Lee Van Cleef est sortie, et pas ce très bon western de Sergio Sollima avec le même Lee Van Cleef ? Comme disait fort justement le philosophe Calimero : c'est injuste, c'est vraiment trop injuste.

C'est vrai, c'est bizarre cette absence.

A part les décevants Sabata, d'autres navets de Lee Van Cleef sont sortis, comme Les impitoyables (le pire), Les quatre mercenaires d'El Paso et La chevauchée terrible, et toujours pas le formidable Colorado.

Révoltant ! Vamos a matar, companeros !!!

Et je dirais même :

Hay que ganar moriendo, pistoleros
Vamos a matar, vamos a matar, companeros!
Hay que morir venciendo, guerrilleros
Vamos a matar, vamos a matar, companeros!

Bon. C'est la musique d'un autre western (par le même compositeur), mais c'est pour galvaniser les troupes: companeros, nous devons prendre le Colorado !

Inédit en DVD. Pourquoi ?

Hum ! Serait-il donc sorti en DVD ?

Eh non ! Enfin si… En Italie, en Italien avec sous-titres italiens… Mais franchement, il suffit de quelques bonnes notions de la langue pour ne rien perdre de l'histoire et du dialogue. Sans compter que la copie est tout ce qu'il y a de correct.

Après c'est toujours les meilleurs qui s'en vont, voici : c'est toujours les meilleurs qui ne sortent pas. Sur les quatre bons westerns italiens enchaînés par Lee Van Cleef hors Leone en 1966-68, trois sont déjà sortis sur DVD francophone (Zone 2): Le Dernier jour de la colère, Pas de pitié pour les salopards et La Mort était au rendez-vous. Il ne manque que ce Colorado, qui je crois est le meilleur.

Vraiment, ce film me semble Introuvable (ahem, ahem).

me demandant si ce Colorado valait la peine d'être vu ce dimanche à la télé, j'ai lu la critique dans un hebdo sorti ce jour: "Envie de western spaghetti? Et bien, pas nous". Si avec ça on n'est pas édifié!!!

J'adorerais faire critique!

Oui, hors Leone "Colorado" est sans doute le meilleur, par son sujet : pas de crapules s'entretuant pour un trésor, mais un film politique. Colorado(Lee Van Cleef) est chargé de retrouver un péon violeur de petites filles. Cuchillo(Tomas Milian) est poltron mais ingénieux et se joue de son poursuivant. Musique, décors, costumes, tout est somptueux et Sollima, comme Corbucci(Le grand silence, Django) sont à la hauteur de Léone. Lee Van Cleef est grandiose, Milian cabotine à l'extrême et cela fait un plaisant contraste avec la retenue de Van Cleef. A voir! Claude Mercutio.

La Resa dei conti (1966) s'inscrit dans la veine des westerns spaghetti initiée par Sergio Leone en 1964 avec Per un pugno di dollari. Le duel un peu loufoque, et d'une violence gratuite, dans le ranch, est typiquement un ingrédient du western italien, hérité de Corbucci ou de Leone. Mais la mise en scène de Sergio Sollima est originale, et de qualité, avec en particulier une excellente gestion des espaces par les prises de vue (exemple, la poursuite et le règlement de compte final). Le blu-ray met en valeur la photographie de Carlo Carlini (La strada, l Generale della Rovere). La musique est de l'inévitable Ennio Morricone. Forces de ce film : la finesse d'analyse des caractères, et du contexte politique, sa dramaturgie, situés très au dessus du tout-venant du genre. Le ton est contestataire, mais plus mesuré que celui de Corbucci, et surtout très bien argumenté. Emploi habile d'un humour noir décapant, comme mode d'argumentation (ex : la séquence avec les mormons). Et il y bien sûr l'excellent Lee van Cleef, très sobre, dans le rôle d'un chasseur de primes faillible et humain.