Enfin pas de tous, car certains d'entre eux, assis devant moi, se sont endormis… seulement réveillés par les cris d'agonie des victimes de Macbeth et de ses complices. Il faut dire que cette adaptation, certes brillante, n'en est pas moins austère, et que la surenchère permanente de péripéties dramatiques -sans humour et sans répit-peut en lasser certains, et en endormir d'autres.
Il faut voir bien sûr ce film, qui cerne parfaitement les ressorts psychologiques qui poussent des individus à prendre le pouvoir par tous les moyens, poussés par des complices de l'ombre prêts ensuite à en retirer les bénéfices pour leur propre compte, à exercer ce pouvoir par des moyens criminels sans limites, pour finir de façon inexorable par succomber au poison qu'ils se sont eux-mêmes inoculés.
Une brillante réflexion sur l'exercice du pouvoir totalitaire, pratiqué depuis la nuit des temps (Welles évoque la Rome antique) avec malheureusement ses illustations dramatiques du XX° siècle, que Welles a visiblement en ligne de mire, ce film ayant été tourné en 1948.
je suis du même avis que toi Vincentp, cette adaptation du Macbeth de Shakespeare est un véritable tour de force. L'emploi d'un accent écossais appuyé, d'une musique outrancière et d'un noir et blanc ténébreux donne un cachet unique au film et un ton proche de l’expressionniste. Tout cela ajoute encore à la fascination qu'il peut y avoir sur la personnalité d'Orson Welles.
Le choix de tourner ce film dans des grottes et le manque de moyens apparents qui contribue à l'épure du film donne à Macbeth un côté conte fantastique.
A voir bien sûr, sans s'endormir devant, ce qui peut se comprendre tout de même pour une personne non familière aux œuvres de Shakespeare et de Welles.
Lorsqu'un des plus grands textes du monde occidental est ainsi filmé, avant même d'être capté par le discours sur le pouvoir et les égarements qu'il entraîne, on est forcément interrogé par le passage de la scène à l'écran et tout ce que le cinéma a pu apporter à la tragédie. Car, c'est entendu, le questionnement inquiet de William Shakespeare sur la tentation de réaliser un destin dans le sang, le massacre et l'horreur figure parmi les bases de notre culture. À un moment donné, le crime ne peut plus reculer sauf à rendre inutiles tous les crimes commis jusqu'alors. Et c'est la même chose pour la torture, qui trouve sa seule justification dans le succès donné par l'aveu. On sait depuis 1606 que la vie est une histoire pleine de bruit et de fureur, racontée par un idiot, et qui ne signifie rien.
Le théâtre porté à ce point d'incandescence, est-ce encore du cinéma ? Une question à quoi je ne peux pas vraiment répondre…
L'édition récente (Blu-ray ou DVD) de Carlotta film est une merveille de qualité : image et son parfaits, très riches (presque trop riches) suppléments, variés et intelligents.
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