Au départ du projet, il n'y avait rien de bien excitant pour Buster Keaton. D'abord un sujet imposé : une comédie écrite par Roi Cooper Megrue et achetée par Joseph M. Schenck. Pire, le réalisateur est même imposé à Keaton en la personne de John W. McDermott. Le réalisateur comme le texte original sont loin de l'univers de Buster Keaton qui aime des sujets plus réalistes que cette grosse farce qu'est le sujet : un homme doit se marier avant 19 heures afin de pouvoir toucher un héritage.

Heureusement, le réalisateur ne tient pas longtemps et Keaton peut prendre en main le projet. Le résultat est plus que satisfaisant: fiancées en folie est des plus beaux films de Keaton.

La réussite réside bien sûr dans le talent comique de Keaton. On a droit à des scènes de cascades (ou plus exactement d'acrobaties) mémorables. La poursuite finale de Keaton par une horde de fiancées en robes de mariées est une grande réussite et plus spécialement le passage où, dévalant une côte, il subit un éboulement de rochers (comme si ces rochers symbolisaient ces femmes qui le poursuivaient deux minutes plus tôt) (1).

Mais la réussite ne vient étrangement pas de ces moments. Elle est sans doute dû à une parfaite maîtrise du rythme. Les scènes se succèdent sans temps morts, dans une parfaite progression dramatique. C'est le cas notamment durant le long passage des demandes en mariage dans le country club, qui prend peu à peu une proportion de plus en plus grotesque. Le comique est récupéré et amplifié dans la seconde partie de l'histoire qui recourt à l'inversion : celui qui fut jeté par toute les femmes… se trouve être pourchassé et désiré maintenant par toutes les femmes.

La mise en scène est également très soignée. Tous les plans sont très maîtrisés et Buster Keaton réalisateur joue sur un registre de gags plus fins, cette fois-ci visuels. On a ainsi des ellipses d'un trajet de voiture (la voiture ne bouge pas de place mais un fondu enchaîné nous le montre arrêté au point de départ puis arrêté à destination) ou bien encore un passage très poétique de l'église qui se remplit de fiancés alors que Keaton dort allongé sur le banc, convaincu que personne ne viendra… Rêve ou réalité?…

Avec ce film Buster Keaton prouve définitivement qu'il est un grand comique mais également un grand réalisateur.

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(1) La scène de l'éboulement a été rajoutéé dans un second temps par Keaton. A la projection d'une première version, il avait remarqué que le public riait à un endroit involontaire : la chute de quelques rochers durant la course. Il a décidé alors de retourner et de faire de cet incident, une véritable scène.''

Une belle réussite effectivement. Un rythme soutenu, beaucoup d'idées abordées, et une mise en scène inventive. Un classique du burlesque !