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Forum : Le Genou de Claire

Sujet : Critique


De dumbledore, le 30 juin 2003 à 12:04
Note du film : 6/6

Ce cinquième conte moral, Le Genou de Claire est un petit bijou, sans doute un des films les plus réussis d'Eric Rohmer, un des films les plus accessibles également pour comprendre et aimer le cinéma de ce grand réalisateur. On y retrouve le même principe que les autres contes moraux: un homme marié (ici fiancé depuis 6 ans) est tenté par une aventure extra-conjugale mais ne passera pas à l'acte, pour revenir à sa femme. Seul le principe change: un pari consistant à séduire la jeune fille de la propriétaire de la maison où il passe ses vacances. Ce principe aurait pu virer dans la perversion de l'acte, le personnage qui relève le pari aurait pu tomber dans le cynisme. Seulement, Eric Rohmer évite les deux écueils.

D'abord en rendant la jeune fille suffisante, sûre d'elle et finalement peu sympathique. On prend toujours un malin (et pervers) plaisir à voir des personnages suffisants payer leur suffisance! L'idée de recourir à un système de relais entre Laura et Claire est également une bonne idée, car si Jérôme réagit à Laura, vexé finalement par celle-ci, il mènera ensuite la danse avec Claire. Mais Eric Rohmer ne s'arrête évidemment pas à des personnages de faire-valoir. Il se paye de luxe d'offrir de jolis portraits de jeunes filles : aussi bien dans les réactions que dans la tendance à rendre énorme ce qui ne restera que comme des petits mauvais souvenirs de jeunesse.

Le personnage de Jérôme (Jean-Claude Brialy) évite, lui, le cynisme justement par ce système de relais. Jérôme ne demande rien, il ne regarde pas la jeune fille d'un regard lubrique. Au contraire. Il faut l'intervention d'une amie, l'écrivain (ou le scénariste ?), pour le mettre au défi, pour le pousser à relever un pari qu'il n'aurait jamais pris de lui-même. Ensuite c'est par vexation, et non par perversion, qu'il va tenter de séduire Claire, quitte à casser le couple qu'elle forme avec son petit ami.

Il faut rajouter à cette construction du personnage, le fait que Jean-Claude Brialy apporte au personnage et surtout à cette séduction, une distance très agréable.

La construction du scénario est très minutieuse. Du papier à musique parfaitement réglé. Chaque détail psychologique est d'une justesse fulgurante, ne tombant jamais dans le cliché. Toutes les actions s'emboîtent les unes dans les autres dans un engrenage parfait.

Que demander de plus?


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De Gaulhenrix, le 30 juin 2003 à 18:33
Note du film : 5/6

Une analyse très intéressante, Dumbledore.

On pourrait signaler aussi l'importance du décor. Comme dans "Ma Nuit chez Maud" (cercle de collines enneigées qui dominent Clermont-ferrand), on retrouve le même amphithéâtre naturel (montagnes qui encerclent le lac d'Annecy). Et du mouvement qu'il induit, du bas vers le haut pour le regard de Béatrice vers Jérôme et la scène du baiser ; ou, à l'inverse, le bras de Jérôme vers le genou de Claire. Sans doute le décor exprime-t-il un sentiment de protection, et les regards le mouvement même du désir vers l'objet du désir – perçu comme inaccessible (contre-plongée) ou facile à obtenir (plongée).

On pourrait insister, d'autre part, sur l'importance de la parole qui permet aux personnages de se découvrir, de s'affirmer, voire de méditer. Mais à l'inverse, la parole peut servir à dissimuler ses propres insuffisances et sa difficulté à exister (cf. Jérôme). Plus généralement, les paroles des personnages, chez Rohmer, ne sont-elles pas ce "divertissement pascalien" destiné à masquer la vacuité du temps qui s'écoule ?…


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De vincentp, le 10 mai 2006 à 21:12
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Un exercice périlleux et réussi.


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De Impétueux, le 11 mai 2006 à 09:12
Note du film : 6/6

Je vois avec plaisir que tous les avis concordent sur ce Genou de Claire qui est sûrement avec Ma nuit chez Maud, dans un registre plus grave, le chef d'oeuvre d'Eric Rohmer.

Oui, ce sont bien des constructions très instables, très fluides, très délicates, toujours à la limite du superficiel ou – mieux – de l'artificiel, qui font le charme extrême et l'intérêt de ces films très écrits ; quelquefois, ça tombe du mauvais côté et ça donne une histoire un peu crispante ou ridicule (je ne partage pas tout à fait l'avis très sévère émis par Al Holg sur Le rayon vert mais je dois bien admettre que les affeteries des personnages y peuvent exaspérer). Mais quand Rohmer est au mieux de son histoire, ça donne ce bijou de lumière et d'esprit.

Et un peu davantage, même : l'analyse que fait Jérôme (Jean-Claude Brialy dans un de ses meilleurs rôles) de son attirance pour Claire est dans la meilleure veine des moralistes français du 18ème siècle, Chamfort ou Vauvenargues (Claire provoque en moi un désir certain mais sans but, et d'autant plus fort qu'il est sans but. Un pur désir. Un désir de rien. Je ne veux rien faire, mais le fait d'éprouver ce désir me gêne.)

Et puis je me suis toujours demandé comment Rohmer faisait pour dégotter des actrices qui ressemblaient tellement à leur rôle : qui a eu vingt ans à cette époque a connu des Laura (Béatrice Romand) et des Claire (Laurence de Monaghan) à foison. Rohmer en 1970, avait pourtant déjà 50 ans : comment a-t-il fait pour saisir les moindres nuances de ces sensibilités si fragiles, si éphémères ?

Du grand art !


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De JIPI, le 28 septembre 2006 à 10:44
Note du film : 6/6

Jérôme jeune attaché d'ambassade en vacances en Juillet au bord du lac d'Annecy se marie dans un mois. Ce sont les dernières cartouches de la séduction avant la normalisation.

Aurora lui présente Laura jeune lycéenne de 16 ans intellectuellement très avancée mais instable dans la décision finale remettant en question chaque attaque sentimentale de Jérôme elle déstabilise celui-ci qui lassé jette son dévolu sur la sublime beauté architecturale que représente Claire sœur de Laura.

Cette apparition de rêve cache un cœur sans passion, léger volatile et stable se satisfaisant de l'air du temps que représentent ces jours de Juillet s'égrènant sans surprises et qu'ils faut meubler par des procédures standards rythmées de petits déjeuners au bord du lac et de parties banales de volley Ball.

Indifférente à l'extase d'un regard subjugué elle se contente d'un relationnel basique amoureux avec Gilles

Jérôme anéanti par ce modèle architectural hors du commun fait le pari avec Aurora de posséder symboliquement ce corps élaboré par la perfection divine en attribuant au genou de Claire le nom de Pole magnétique du désir. Il n'a qu'un seul but le caresser.

Cette œuvre est vivifiante, presque intolérante par son magnétisme. Les paysages sont somptueux, l'air est bon, les promenades de Laura et Jérôme dans la montagne sont une cure de jouvence, la parole et la tendresse communie avec une nature offerte à la contemplation. Les gestes contraints à la retenue valorisent les mots, la philosophie l'emporte sur la détermination d'un baiser furtif avorté.

Le contact des mains est une frontière délimitant le refus de l'autre. Impossible d'aller plus loin, les corps sont moraux et tremblent uniquement par le propos.

La lumière pureté première de ce site privilégié sublime la démarche somptueuse de Claire ondulant majestueusement le long du lac.

Claire est une œuvre d'art qu'il ne faut qu'effleurer. La possession de son corps ne sera que la longue caresse d'un genou offert temporairement sous une pluie de fin d'après-midi.

Jérôme satisfait s'en va. Les faiblesses sentimentales temporaires de Claire dues à son jeune age lui interdisent la perception d'un tel geste que seul Jérôme ressent dans une plénitude apaisée


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De Torgnole, le 29 septembre 2008 à 13:03

Alors puisque je n'ai pas encore eu mon nanard tant attendu, j'ai dû en choisir un moi même. Je suis tombé sur l'intégral des contes moraux de Rohmer pour dix Euros, et ben malgré tout le bien que certains d'entre vous on pu en dire, j'aurais peut-être pas dû les acheter en fait…

Non, tous les avis ne concordent pas et je ne noterais pas ce film qui ne me touche pas, m'ennuie et m'agace. Cette Laura m'est tout simplement insupportable, l'actrice, son jeu surfait, son personnage suffisant qui aurait besoin d'un bon coup de quéquette (comme tout le film d'ailleurs), tout chez elle donne envie de commettre un meurtre, vous allez me dire, c'est justement ça qui…Oui mais nan! Si je veux m'agacer de personnages suffisants, je regarde Star Ac', c'est plus efficace.

Brialy est indéniablement bon mais sa façon de toucher et taquiner sa vieille amie est horriblement maladroite, leur vieille amitié sonne faux et les deux acteurs ne semblent plus savoir où poser leurs mains. Reste le jeune Fabrice Luchini déjà plein de fougue qui fait de brèves apparitions remarquées.

Quelques scènes sont filmées de manière incompréhensible, lors de l'engueulade entre Brialy et les jeunes qui viennent d'emmerder les campeurs avec le bateau, scène qui est par ailleurs naturelle et plutôt hilarante, nous avons droit à un foutu plan fixe sur cette insupportable Laura perché sur son sourire énervant qui une fois de plus nous fait profiter de son jeu artificiel. On entend en voix off, Brialy agacé, à croire que la scène a été mal filmé et que pour pallier à cette carence, on a introduit le seul plan réussi de la scène en laissant aux critique le soin de lui trouver une valeur intellectuelle intrinsèque.

Effectivement, certaines subtilités passent, parmi toute cette prétention très écrite, ça serait malheureux quand même. Le personnage de Brialy est intéressant. Car sa vrai nature semble être livrée au jugement du spectateur devin, il n'y a pourtant pas de suggestion d'un personnage lubrique mais on ne peut que s'interroger sur la véritable motivation de Gérome entre tous ses discours, est il toujours franc lorsqu'il parle et qu'il se justifie? N'est il pas juste motivé par un instinct primaire qu'il masque derrière ce jeu intellectuel? Le film est assez subtil pour ne pas donner de réponse Claire (arf). Je laisse volontiers aux autres le soin de ressentir leur fameuses émotions sur le passé inéluctable et l'espace temps, c'est de la trop haute voltige pour moi.

Encore une chose, cela vient peut-être de mon édition DVD mais le doublage est abominable, non?


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De Impétueux, le 29 septembre 2008 à 15:42
Note du film : 6/6

Comme quoi, Torgnole, il ne faut jamais forcer sa nature, de peur de se trouver en porte-à-faux avec elle !

Si vous n'aimez pas le marivaudage, les affèteries qui ont fait le charme des bavardages de salon pendant des siècles, les ambigüités civilisées qui sont de règle entre (certains) hommes et (certaines) femmes, il ne sert à rien d'essayer de venir les regarder et de perdre son temps.

Et je ne vois pas très bien ce que Dumbledore, Vincentp ou moi, qui adorons tous ce film, gagneraient à essayer de vous convaincre que Le genou de Claire est magnifique et grisant ; il y aurait hypocrisie, de notre part à tenter de vous faire changer d'avis ; nous y perdrions temps et énergie et vous n'y gagnerez que notre commisération apitoyée.

Un conseil, puisque vous avez acheté les autres Contes moraux : ne les regardez pas ! Pas plus La collectionneuse que L'amour l'après-midi ! Mais moins encore Ma nuit chez Maud, qui est une sorte de bavardage à forte tonalité théologique, en noir et blanc, dans un Clermont-Ferrand qui n'est pas précisément une ville excitante : ni action, ni sexe, ni sang, je vous préviens !

Ah et puis aussi une précision : lorsque vous écrivez puisque je n'ai pas encore eu mon nanard tant attendu, faisant directement allusion à un échange que nous avons eu, vous et moi, sur le fil de Millenium actress : un Rohmer de 1970 n'est pas un Boyer, un Berthomieu ou un Loubignac de la décennie Cinquante.

Mais je ne crois pas avoir le courage et le talent de vous expliquer pourquoi.

(Et, au fait, de quel doublage parlez-vous ??? il ne vous aura pourtant pas échappé que les protagonistes utilisent un français très châtié…)


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De Torgnole, le 29 septembre 2008 à 16:29

Je ne sais pas, cela vient peut-être de mon lecteur Dvd mais il y a un décalage gênant et ce qui est étrange c'est qu'il semble parfois impossible que la voix et le mouvement des lèvres puissent s'accorder même avec un décalage. Français ou étrangers, sachez Impétueux que beaucoup de films sont doublés après le tournage et la prise de son n'est parfois pas directe, mais en tant qu'amateur de cinéma, ces aspects techniques ne devraient pas vous être inconnus. Je vous rassure, ce défaut doit sûrement venir de mon lecteur ou du dvd, mais comme je n'est pas l'intention de revisionner ce genou, vérifiez vous même et j'effacerai cette dernière phrase…

Par ailleurs, je n'ai pas rencontré ce problème quand j'ai regardé Ma Nuit Chez Maud que j'ai préféré même si cela ne correspond pas à mes critères habituels, le jeu des acteurs sonne plus juste malgré le côté artificiel, leurs paroles sont plus captivantes et cette longue conversation est très bien écrite et filmée et puis on se sent toujours bien dans une pièce confortable avec un lit accueillant surtout quand il fait froid dehors… Alors pas de jugement à l'emporte-pièce je vous prie, d'autant que vos allusions à peine masquées du "pas de sang, pas de violence, pas d'action = ennui pour Torgnole" sont complètement fausses et j'aime beaucoup certains films de Maurice Pialat qui me paraissent beaucoup plus justes que ces grandiloquences Rohmeriennes.


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De Lagardère, le 29 septembre 2008 à 16:34

Je pense que torgnole veut parler de la post-synchronisation… Personnellement, je ne connais que le rayon vert que je vois toujours comme une curiosité indéfinissable…


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De vincentp, le 29 septembre 2008 à 16:37
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Il faut arriver à "rentrer" dans le cinéma particulier de Rohmer, et cela peut-être le résultat d'une maturation progressive, qui débute par des films de divertissement grand-public, et qui donne envie de découvrir progressivement autre chose.


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De giel, le 8 juin 2009 à 14:53

J'ai presque le sentiment d'être hors sujet… allez tant pis je me lance : rendez vous avec une avocate, je la dévisage presque mais n'ai pas osé lui poser la question "avez vous fait du cinéma"…

je fouille sur internet, et je lui trouve une homonyme actrice ayant joué dans le film dont vous débatez.

  • > Maître Laurence de Monaghan, avocat au barreau de Paris, est-elle l'actrice du "genou de claire" ??

Eclairez moi, éclairez moi…

Merci par avance et bon vent à tous.

Giel


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De Lagardère, le 8 juin 2009 à 15:09

Le site Que sont ils devenus.com nous apprend que l'actrice Laurence de Monaghan est devenue avocate…


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De vincentp, le 18 août 2010 à 09:05
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Des fresques issues du passé et de la littérature sont dessinées sur les murs intérieurs de la pièce. Elles représentent des personnages les yeux bandés. Jérome, cultivé, bien en place dans la société, commente ces dessins sans s'apercevoir qu'il est lui-même dans ce cas de figure. Il croit être maître de son destin, agir sur la psychologie des autres. Il développe des comportements rationnels, conduit des dialogues réfléchis (littéraires) avec son amie écrivain Aurora. Mais en réalité il passe à côté de quelques aspects essentiels (comme l'indique la conclusion de l'histoire). Les jeunes personnages féminins (Laura est montrée près d'un cygne et de sa couvée) représentent la Nature. Claire est encore innocente d'esprit, naïve, mais on pressent qu'elle va devenir aussi coincée que son entourage.

Eric Rohmer suggère que la Nature et la Culture entretiennent des rapports étroits. Suggère qu'il est souhaitable de conserver au quotidien des comportements et des attitudes assez simples : vivre à l'unisson de la nature, dont on perçoit les humeurs, dont on mesure le caractère grandiose, harmonieux, quasi-divin, non-marqué par le temps (au pied des différentes montagnes qui entourent le lac – Tournette, Dents de Lanfon pour ceux qui connaissent- ). Mais suggère également que la Culture conduit à une élévation de la pensée (le personnage rustre du gardien de camping en étant le contre-exemple) et qu'elle est nécessaire à l'être humain. Suggère-t-il également que l'équilibre entre Nature et Culture est difficile à atteindre, et est le fruit de circonstances ? La caresse du genou de Claire n'est-il pas le point de rencontre éphémère entre ces deux concepts ?

La Nature apparaît dans ce récit comme un personnage à part entière. Elle prend des formes à la fois exubérantes, et organisées (les rangées de fleur, la haie d'arbres agencée, la branche de l'arbre derrière laquelle se déplacent les personnages). Elle est à la fois le berceau des acteurs du récit, et le prolongement de leurs pensées. Le lac est encadré par différentes perspectives qui lui confèrent un caractère édénique, accueillant, propice à l'accomplissement du parcours des individus, favorable au développement de relations humaines et sociales apaisées. Les personnages ont toutes les cartes en main pour accomplir leurs désirs les plus profonds : la simple caresse du genou de Claire par exemple. Mais le lac est aussi représenté sous différents angles de vue ne correspondant pas à une réalité géographique, plutôt à une perception mentale. Ainsi Jérome et Aurora, sur la rive ouest du lac, dominant celui-ci, loin de leur domicile, observent le décor tout en échangeant des propos anodins sur eux-mêmes et sur les autres. Sont multipliées les images représentant le lac encadré par les montagnes qui le dominent (Laura parle du "cercle des montagnes", avec un insert d'une image qui se situe un peu à l'écart du lac, pour les initiés). Le lac, ses clapotis (l'eau remue derrière le visage de Laura), sont le reflet de la vie des personnages, marquée par le jeu hasardeux du moment présent ; les montagnes encadrant le lac délimitant les frontières physiques et mentales de cet univers.

Il existe sans doute un décalage entre les pensées et actes des personnages, et le regard porté par le cinéaste sur ces personnages. Une branche d'arbre masque partiellement le cheminement d'un personnage, suggérant que seule une partie de son parcours nous est connu. Le regard de Aurora et de Jérome sur le lac, mentionné précédemment, est-il celui des personnages ou du cinéaste ? Le décalage est également le fruit de la confrontation naturelle d'acteurs aux personnalités différentes. Michèle Montel et Béatrice Romand par exemple. Le sens de ce récit sera fonction de la sensibilité du spectateur, lequel s'approprie tel ou tel point de vue, ou développe son propre regard.

Le genou de Claire, aux qualités multiples, doit de toute évidence beaucoup aux prises de vue de Nestor Almendros, à son travail sur la lumière et la couleur. J'ai fait l'essai quelques instants d'une vision en noir et blanc ou l'on ne perçoit pas la même chose. Mais les autres composantes du film comme le montage, les aspects sonores,…, participent aussi à la réussite de cette oeuvre. Il faut peut-être simplement accepter ces dialogues assez littéraires par moments pour apprécier ce très beau cinéma d'auteur. Et laisser sans doute aussi son imagination de spectateur vagabonder au gré des images.

Ayant laissé mon imagination portée par ce récit, je perçois Le genou de Claire, au-delà de son aspect vaudevillesque abordé par Dumbledore dans son analyse du film, au-delà de sa dimension réflexive sur la nature et la culture décrite ci-dessus, comme une source de méditation plus générale sur le temps et l'espace, et la façon dont l'être humain inscrit son existence dans l'univers.


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De titou92, le 16 février 2011 à 10:39

Bonjour, en effet, Laurence de Monaghan est devenue avocate. Je suis tombé sur son site www.de-monaghan-avocat.fr www.de-monaghan-avocat.fr Très beau film en tout cas !


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De vincentp, le 11 janvier 2019 à 22:36
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu sur grand écran, copie numérique restaurée, avec une présentation par Béatrice Romand, finement interrogée par le maître des lieux. Ci-dessous mes impressions du jour de spectateur lambda, forcément subjectives, d'autant qu'il s'agit de mon film préféré, y retrouvant sans doute des aspects personnels (mes grand-parents maternels se sont installés à Veyrier du lac en 1960, et ma famille y habite toujours).

1- Le genou de Claire, près de 50 ans après sa réalisation, reste très moderne. Il n'a pas pris une ride, ce qui est loin d'être chose courante pour un film de 1970. On peut supposer maintenant que ce film va passer l'épreuve du temps sans problème, pour une période qui s'annonce longue. Il s'adresse à un public érudit, en mesure d'assimiler des dialogues sophistiqués sur une base de marivaudage, avec de nombreux thèmes existentiels en arrière-plan. Le spectateur en herbe n'accrochera probablement pas. Cette oeuvre est bien sûr une oeuvre emblématique du cinéma d'auteur français de qualité, et un des sommets de l'oeuvre de Rohmer, avec quelques autres.


2- La nature est omniprésente, exubérante, foisonnante. Fleurs, herbes, eau, en mouvement, poussés par le vent, éclairés par une lumière changeante. La photographie de Nestor Almendros est à la fois d'une qualité plastique éblouissante, et totalement intégrée dans la dramaturgie. Mais les paysages restent ceux d'un monde de fiction, imaginaire, très éloignés de la réalité observable, par le choix des prises de vue.


3- Qualité exceptionnelle de la direction d'acteurs. Laurence de Monaghan en une dizaine de séquences gagne le droit d'incarner sans doute pour l'éternité un des personnages les plus emblématiques de la bourgeoisie féminine française du XX° siècle. Alors que Brialy -dans son meilleur rôle ?- serait son pendant masculin.

4- Influence sur ce récit à mon sens de Bergman (Monika, Sourires d'une nuit d'été). A vous de voir pourquoi et comment.

5- A titre anecdotique, on remarque la carrière de Bredannaz en activité -fumante- qui a été fermée en 1999. Les prises de vue extérieures, scrutées de près, acquièrent une valeur documentaire.


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