Le film le plus incongru de Huston, visiblement improvisé, sans scénario bien précis, mais d'un charme fou et truffé de répliques inoubliables ("Ce type a l'air louche", dit Jennifer Jones, "Il n'a pas regardé mes jambes"). Le film existe en zone 1 dans des éditions pourries. Espérons une vraie réédition, car ce film "mutant" le mérite amplement.

Hélas ! La qualité du DVD zone 2 est plus que médiocre, digne d'une VHS moyenne, que ce soit celui vendu en magasin ou récemment paru dans LE FIGARO. Avec ce film ou "La vengeance aux deux visages" de Brando, tous deux libres de droits, on se demande si un jour un éditeur prendra la peine de faire proprement son travail et de sortir une copie décente de ces films.

Film réalisé en 1953 par John Huston, l'écrivain Truman Capote ayant participé au scénario. Beat the devil semble chercher sa voie, sans globalement la trouver. On se dit pourtant par moments que la "modernité" des années 1960 n'est pas loin. Ces moments modernes sont facilement repérables : 18° minute par exemple, Jennifer Jones et Humphrey Bogart discutant avec la mer à leurs pieds. D'un seul coup, le film accède à une certaine envergure intellectuelle et émotionnelle. Mais les instants d'après, on retombe dans des clichés vieillots des années 1950, et globalement ce film est souvent pénible à regarder, et assez indigeste. Retenons donc ses aspects les plus intéressants : ces dialogues décalés (et modernes) et l'interprétation de Jennifer Jones (un talent fou, une présence exceptionnelle, et un jeu moderne) et de Humphrey Bogart égal à lui-même. La photographie en noir et blanc de Oswald Morris, représentant différents paysages de Méditerranée, est par ailleurs magnifique.