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Sujet : Le mythe de Narcisse


De PM Jarriq, le 31 janvier 2006 à 09:36

Jamais entendu parler de ce Frankenheimer ! Qui l'a vu ?


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De DelaNuit, le 10 juin 2015 à 14:26
Note du film : 5/6

Ce drame de Frankenheimer est une adaptation dans l'Amérique des années 50 d'une des légendes de la mythologie grecque. Il s'agit du mythe de Narcisse, jeune homme aimé de tous mais si égocentrique qu'il ne peut aimer personne, causant le malheur de ceux qui l'aiment, notamment de la nymphe Echo, qui se laissera mourir et dont il ne subsistera que la voix…

Ici, notre Narcisse est Warren Beatty, et le rôle lui va comme un gant ! Il est désiré par toutes les femmes, qui ne rêvent que de lui, et avec lesquelles il se montre machiste et brutal. Il est le héros de son petit frère Brandon de Wilde, la divinité de sa mère Angela Lansbury et même son père Karl Malden supporte ses frasques avec bienveillance. Toutefois la vie familiale n'est pas rose car la mère est trop directive voire abusive et le père alcoolique et démissionnaire, ceci expliquant peut-être pourquoi le fils ainé a mal tourné, vit d'expédients, joue les gigolos, et se retrouve régulièrement derrière les barreaux pour coups et blessures sur des femmes dont il s'est lassé.

Arrive la belle Echo (Eva-Marie Saint), qui elle aussi va succomber pour son malheur… Le contexte mythologique est rappelé par petites touches : le frère ainé lui est présenté comme un dieu de l'Olympe, le dancing où ils s'enlacent est orné de statues mythologiques, dont Léda et le cygne, rappel d'amours tragiques des anciennes légendes… Et la tanière où se terre Warren Beatty se trouve au milieu d'un verger en fleurs dont les pommes (fruit du péché chez les chrétiens, fruit de la déesse de l'amour chez les païens) ont un goût amer…

Parmi les noms des personnages du mythe, seul celui d'Echo est utilisé dans le film, les autres personnages ayant des noms contemporains. Et encore faut-il voir le film en VO pour s'en rendre compte car la VF, comme il était souvent le cas à l'époque, a tenu à les franciser tous. Ainsi, Echo devient Cloé…

Au delà des références mythologiques, c'est l'âpreté des relations humaines qui marque surtout l'esprit dans ce drame, mais aussi l'évolution psychologique du jeune frère, vers un détachement du modèle de son ainé.


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De verdun, le 13 avril 2020 à 19:45
Note du film : 4/6

Un drame psychologique effectivement très intéressant, réalisé en 1962 par John Frankenheimer sur un roman de James Leo Herlihy, futur auteur de Midnight cowboy.

Le début évoque les futures chroniques sensibles et humaines de l'Amérique profonde que Frankenheimer signera quelques années plus tard, à savoir Les parachutistes arrivent et Le pays de la violence. Un jeune homme, Clinton (Brandon de Wilde) recherche son frère, Berry-Berry (Warren Beatty) or ce dernier est en prison. Clinton n'hésite pas à sacrifier ses économies pour le délivrer.

La suite évoque davantage les pièces de Tennessee Williams et le cinéma de Elia Kazan. D'une part, il s'agit d'un drame à huis clos dans la propriété des parents de Berry-Berry et Clinton, incarnés par Karl Malden et Angela Lansbury. L'équilibre précaire de la famille étant menacé par l'arrivée d'une jeune femme, Echo (Eva Marie Saint. D'autre part, on retrouve les situations paroxystiques et psychanalytiques des drames de Kazan (avec ou sans Williams). Enfin, la distribution est en grande partie constituée de comédiens qui ont brillé sous les ordres de Kazan, que ce soit Karl Malden (Baby doll, Un tramway nommé Désir, Sur les quais), Eva Marie Saint (Sur les quais), ou bien sûr Warren Beatty (La fièvre dans le sang).

Quelques effets de caméra s'avèrent inutiles: ainsi les surimpressions lorsque le couple Warren Beatty/Eva Marie Saint s'enlace ou les gros plans rapprochés sur le visage de Warren Beatty avant le drame final. Mais Frankenheimer a su trouver le ton juste. Il est aidé par une photo noir et blanc particulièrement lumineuse et une partition réussie de Alex North. Et on ne s'ennuie guère durant les 105 minutes que dure le film.

Les interprètes sont tous très biens. Mention spéciale à Angela Lansbury en mère manipulatrice -Frankenheimer aimait confier à la future actrice de Arabesque des rôles négatifs comme en atteste Un crime dans la tête la même année- et à Brandon de Wilde. L'ex petit garçon de L'homme des vallées perdues devenait, cas assez rare, un acteur adulte convaincant mais il perdit la vie dans un accident de voiture au début des années 70…

Bien qu'un peu trop proche de Kazan et d'un certain cinéma psychologique parfois excessif, L'ange de la violence montre une fois à quel point John Frankenheimer fut l'un des cinéastes américains les plus ambitieux et talentueux des années 1960.


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De vincentp, le 14 avril 2020 à 17:23

Merci Verdun et bravo pour toute cette série de chroniques intéressantes sur des films méconnus. Je reviendrai sur ce forum quand je serai complètement guéri du virus. Pour le moment, je n'ai pas la force nécessaire pour regarder des films.


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De verdun, le 14 avril 2020 à 18:25
Note du film : 4/6

Le plus important dans la vie c'est la santé. On ne s'en rend pas compte quand elle est bonne. Je te souhaite un bon rétablissement. Tout le reste est anecdotique. Je prendrai des nouvelles de toi très bientôt. Bien cordialement.


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