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Sujet : Premiers cheveux blancs pour l'adolescente de choc


De Arca1943, le 9 janvier 2006 à 17:07
Note du film : 4/6

Pas question ! Mais je peux verser une contribution à la Fondation pour les adolescentes sexy dans le besoin, si vous y tenez.


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De Sandokan, le 9 janvier 2006 à 18:27
Note du film : 5/6

Je pense que ça s'appelle plutôt "Fondation des nymphettes" : c'est plus beau et plus court. Non?


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De Arca1943, le 9 janvier 2006 à 18:30
Note du film : 4/6

En fait, les deux regroupements existent et se livrent une guerre de positionnement sans merci.


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De Sandokan, le 9 janvier 2006 à 19:50
Note du film : 5/6

Guerre de positionnement, je vois… Vous croyez qu'on peut participer ?


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De Arca1943, le 11 janvier 2006 à 06:07
Note du film : 4/6

Pour goûter pleinement un film comme La calda vita, pour l'apprécier à sa juste valeur, ça vaut vraiment la peine d'avoir vu quelques-uns des films précédents interprétés par Catherine Spaak. Parmi ceux qui sont disponibles sur DVD : Les Adolescentes de Lattuada (à 15 ans) et Le Fanfaron de Risi (à 16 ans). Parmi ceux qui ne le sont pas encore : Elle est terrible et La Parmesane. Car la jeune Catherine, à l'aube des années soixante, « …a su interpréter un personnage complètement nouveau : celui de l'adolescente moderne, dégourdie et tendrement sexy » (Dino Risi). Or La calda vita – son douzième film – est le dernier tour de piste de ce personnage d'adolescente et marque la fin de cette époque.

Par définition, les stars adolescentes sont des bulles de savon, des fiancées de l'éphémère. L'été se pointe sur les plages; surgie de nulle part, voilà que leur binette est partout; leur voix haut perchée se déverse, selon l'époque, dans les transistors, les 8-pistes, les mp3; on les trouve irrésistiblement sympathiques, cool à mort; on les invite sur tous les plateaux; c'est la vogue, l'engouement, dans certains cas (hélas) l'idolâtrie. Puis, aussi vite qu'elle avait commencé, l'adolescence s'achève. Et avec elle, le charme, la spontanéité, la grâce uniques à cet âge. Et voilà que déjà, la jeune étoile pâlit; on passe à l'ado suivante, au tube suivant.

Des tubes, la jeune Catherine Spaak en a connu plus d'un dans la première moitié des années 60 : «Prima di te, dopo di te», «Mes amis, mes copains», «Quelli della mia età» (reprise en italien de «Tous les garçons et les filles de mon âge» de F. Hardy) et le plus connu, au titre bien représentatif : «L'esercito del surf» (littéralement : l'armée du surf). Des chansons très, très légères; des chansons de plage, tout à fait dans le casting d'une bulle de savon, comme on peut l'imaginer à partir de cette affiche fort évocatrice L'été ! Les vacances ! Le soleil ! Catherine Spaak !

Pourtant, les lecteurs et lectrices qui m'ont suivi jusqu'ici doivent se dire que quelque chose ne colle pas; surtout si je leur apprends que je n'étais pas encore né à cette lointaine époque. Parce que si elle fut si éphémère, si c'était un tel feu de paille, alors comment ça se fait que tu nous en parles ? Comment connais-tu même son existence ?

Eh bien, d'abord et d'une, comme dit Dino Risi, à ce moment-là, ce personnage était complètement nouveau. Le «type» incarné par la Spaak est une tête de série, pour ainsi dire; elle représente quelque chose d'inédit. Elle crée ce caractère d'adolescente italienne moderne, «émancipée» – comme on disait à l'époque – aux mœurs libres et au sourire moqueur. Or ce personnage correspondait à quelque chose de bien réel, qui surgissait dans la société à l'orée des années 1960 rugissantes – au grand dam de la censure démocrate-chrétienne, qui effectuera plusieurs coupes dans Les Adolescentes et amputera cette Calda vita qui, par miracle, nous revient aujourd'hui en version intégrale… et en VF.

Pourtant, ceci reste insuffisant pour rendre compte du souriant phénomène. Ce qui est frappant, ce qui dure jusqu'à nos jours et garde un relief de substance et de vie, tient au fait que si le personnage est suprêmement insouciant, estival, balnéaire – et aussi intensément «urbain», typique du boom économique – les films, eux, ne sont pas insouciants du tout, bien au contraire. C'est l'euphorie du boom économique ET son amer revers tout à la fois. Ce qui étonne dans le cinéma populaire italien de cette époque (dit aussi «commercial», dit aussi «grand public»), c'est que, des comédies de Risi aux westerns de Corbucci en passant par les thrillers de Damiani – et bien d'autres encore – il règne une amertume, un désenchantement palpables, dont le symptôme le plus évident – cas rare sinon unique dans le cinéma populaire – est que la règle du happy end, ailleurs sacro-sainte, n'a plus cours. Spaak est un personnage lumineux dans un univers sombre.

Si l'on compare ces films populaires italiens au cinéma populaire américain ou français de l'époque, on verra que le monde, la condition humaine, y sont régulièrement présentés sous un jour plus sombre, dans une lumière plus âpre, plus crue; et dans le même souffle, avec une surprenante légèreté de touche. C'est une caractéristique «nationale» d'alors, si l'on veut. Sombre et léger à la fois; le désenchantement dans la désinvolture et vice-versa. Ce cocktail d'émotions si particulier qui fait le charme et la force de ce cinéma populaire – dont la quintessence pourrait être représentée, pour citer un film disponible sur DVD, par la cruelle désinvolture de Parfum de femme.

La calda vita n'est sans doute pas un grand film comme Parfum de femme ou Le Fanfaron ou Les Adolescentes. Et ce serait à la limite – légèreté de touche oblige – un photo-roman à l'italienne, très bien confectionné mais insignifiant, un film véhiculaire pour starlette en vogue, si ne s'insinuait dans ce film le climat dont je parle. C'est que les photos-romans finissent bien, mais pas celui-là. Situé pendant le dernier week-end de l'été, La calda vita, dernier film où Catherine Spaak incarne une adolescente, est un film qui raconte la fin abrupte d'une adolescence.

Ce week-end de trois ados sur une île de vacances, commencé dans l'improvisation la plus ludique, comme il convient à cet âge, va devenir un drame à l'issu duquel Sergia, ô surprise, ne sera pas du tout la jeune femme enjouée et pleine de vie à laquelle on s'attendait; au contraire, dans les dernières images on comprend qu'elle devient une jeune adulte plutôt fredda que calda.

La calda vita est donc au départ un film de vacances, un film balnéaire, catalogué à l'époque comme un «film érotique» – une étiquette qui aujourd'hui fait sourire – campé sur le littoral d'une Sardaigne à couper le souffle, devant et dans une mer au bleu lumineux. (Mais ce superbe contexte naturel est menacé, mentionne Guido en passant, car un complexe hôtelier va bientôt s'ériger là, boom économique oblige). Hormis un court prologue où on nous présente le personnage secondaire mais crucial de la sœur aînée de Sergia, Liliana, qui a la réputation d'une «femme facile», et un épilogue en deux volets où Guido (Gabriele Ferzetti) joue son va-tout, l'intrigue se déroule sur deux jours et demi, sur l'île et dans ses eaux.

Une scène prémonitoire résume bien à la fois le propos du film et, comme on dit de nos jours, le positionnement du produit. Bien à l'écart de ses deux amis Fredi (Jacques Perrin) et Max (Fabrizio Capucci) – qui voudraient bien l'un comme l'autre être accueillis dans ses bras, mais n'y peuvent mais – la jeune Sergia se fait bronzer sur un rocher dans le plus simple appareil. Mais ici, attention : on sait qu'elle est nue, mais on ne voit pas la jeune Catherine flambant nue, qu'alliez-vous imaginer ! Simplement, la caméra caressante remonte en close-up le long de la cuisse de la splendide jeune fille; et ce faisant, rencontre sa main; suit la main tandis que Sergia s'étire paresseusement; et en suivant la main, on arrive au soutien-gorge et au slip qui sont posés à côté d'elle et ne sont donc pas sur elle. Cut : on la voit de dos car les marins d'un cargo qui passe au large lui lancent maints commentaires salaces – « Eh, sirène! Eh, beauté ! Je me jetterais bien à l'eau pour toi ! », etc. Alors, pour protéger sa pudeur, elle s'abrite dans l'eau et nage dans le sens contraire du bateau qui s'éloigne. Sauf qu'en mettant la tête sous l'eau, du coup elle aperçoit le requin qui croise à quelques mètres sous elle et, terrifiée, paniquée, se met à crawler désespérément pour échapper au squale, jusqu'au rocher suivant – où la voilà dans une situation fort embarrassante, puisque le soutien-gorge, le slip, les chaussures sont restés sur l'autre rocher. C'est l'entrée en scène du marin (excellent Gabriele Ferzetti) rentrant chez lui dans une chaloupe à moteur, qui va tirer d'affaire l'imp(r)udente.

Voilà bien le genre de scène que l'on attend d'un film comme celui-là : c'est typiquement le film de plage des sessanta, avec la touche d'érotisme, la touche d'humour, la touche de suspense.

Mais attendez : il manque encore le détail à l'italienne, avant-coureur de la tangente que va prendre le film : c'est que, en revenant à terre, Sergia s'aperçoit que l'intense frayeur causée par le requin a laissé dans son toupet une mèche de cheveux blancs.

Toute la calda vita passe dans cette image : les premiers cheveux blancs de l'ado court-vêtue.

Et dévalant de là jusqu'au classique finale d'aéroport à la fois sobre et prenant, alors que le rêve ensoleillé reflue et que l'amère réalité reprend ses droits, j'ai surfé, ému, avec ce drame un peu «en sourdine», non sans défauts (ainsi le jeu du jeune Fabrizio Capucci n'est pas toujours à la hauteur de ses illustres partenaires), mais en fin de compte vraiment magnifique, où mademoiselle Spaak trouve, pour son juvénile et sympathique personnage, la sortie, les adieux qui convenaient.

Une dernière chose : je pense que pour vendre le cinéma italien de cette époque à de jeunes spectateurs qui ne l'auraient jamais vu, une riche idée, une idée de marketing qui me semble, disons, la moins invendable, serait de créer un beau coffret Catherine Spaak comportant ces cinq films : Les Adolescentes, Le Fanfaron, La voglia matta, La Parmesane et La calda vita. Un beau cadeau du passé à offrir à votre adolescent…

Car c'est bien vrai qu'elle est terrible  !

Arca1943


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De Arca1943, le 13 janvier 2006 à 03:58
Note du film : 4/6

Au fond, en badinant ainsi je dessers mon propos. Vous ne croyez pas? Heureusement, au fond, que I dolci inganni ne s'est pas appelé «Le ninfette», comme le voulait son premier titre. C'eût été dommage, car avec le passage du temps l'étiquette, popularisée au début des années 60, aurait semblé terriblement réductrice.

Aujourd'hui que se sont tues les clameurs indignées de la censure italienne ET de ses pourfendeurs trop contents d'agiter comme autant d'étendards des films comme I dolci inganni ou La calda vita, il nous reste des oeuvres qui sont d'abord de remarquables études de caractères, certes sensuelles, toutefois conçues par des gens dont le but premier n'était ni de provoquer la censure, ni d'émoustiller le spectateur – même si à l'évidence cela produisit aussi cet effet – mais de filmer la vie avec justesse et liberté.

Aussi, il serait vraiment trompeur, injuste – pour elle comme pour Lattuada, Salce, Risi, Pietrangeli, Vancini, Damiani – de réduire la précoce comédienne à une banale nymphette comme il s'est mis à en pleuvoir depuis lors. Tirés de l'air du temps, ses personnages – et comme d'habitude ici il faudrait aussi énumérer les scénaristes – sont d'une vérité autrement plus vivace.


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De Sandokan, le 14 janvier 2006 à 22:17
Note du film : 5/6

Et un autre client satisfait ! C'est un vrai beau film, de la belle ouvrage. Musique, photographie, cadrages : tout est bien "al dente", dans la plus solide veine transalpine du temps. Une prenante histoire. Et Catherine Spaak pince vraiment le coeur. "Non e niente, sempre niente…" Superbe, la chanson finale.


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De Arca1943, le 15 janvier 2006 à 05:29
Note du film : 4/6

Ouais, ce n'est pas pour rien qu'un disque du groupe Love Potions, paru à la fin des années 90, s'appelle «Voice of Catherine Spaak».

" …e tu potrai dimenticare

la voce mia, il mio sorriso.

Non è niente, non è niente… "

Quoi qu'il en soit, je suis soulagé de ne pas avoir à vous rembourser votre achat !


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De Arca1943, le 5 juin 2006 à 02:24
Note du film : 4/6

Et voilà ! La fiche de La calda vita, film pour lequel j'ai eu un sérieux coup de coeur, vient de franchir le seuil respectable des 1 000 visiteurs ! Eh bien, je signale à ces visiteurs que le DVD est disponible, pour une fois, avec la version française qui plus est. Il suffit de le commander en Italie. (Spaak et Perrin se sont doublés en français, évidemment). Par contre, si vous le regardez en VF, attention : quand, à la toute fin du film, arrive la scène de l'aéroport entre Spaak et Ferzetti, revenez en italien ! Comme ça vous ne raterez pas l'émouvante chanson finale, «Non è niente», un des grands succès musicaux de… Catherine Spaak, évidemment.


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De Arca1943, le 17 juin 2006 à 16:35
Note du film : 4/6

« Ce film dépasse largement "le film de plage". »

C'est ce que je croyais avoir exprimé dans mon commentaire; mais peut-être me suis-je mal fait comprendre. Un peu comme La Spiaggia de Lattuada dix ans plus tôt, c'est un film qui d'abord installe toutes les données, tous les paramètres du « film de plage » (un sous-genre très italien!) et qui, d'une scène à l'autre, d'un dialogue à l'autre et d'un détail à l'autre, élargit patiemment les frontières du genre, sans jamais les briser, pour faire dire à ce genre des choses qu'il n'avait jamais dites jusque-là. C'est un peu un "pattern" qui court dans le cinéma italien de ces années-là : voyez ce que Comencini fait avec le mélodrame populaire dans L'Incompris ou ce que Corbucci fait avec le western dans Le Grand silence… pour ne rien dire évidemment de ce qui se passait alors avec la comédie. La calda vita n'est sans doute pas un grand film comme ceux que je viens de citer, cependant il procède de ce même esprit.

Quant à ce roman de Gambini, je ne l'ai jamais lu. (Ce n'est pas faute d'avoir essayé ! Mais bien qu'ils aient circulé (un peu) dans le monde francophone, ces livres sont très rares; un peu comme pour Piero Chiara ou Giovanni Arpino; et pour les mêmes raisons, serais-je tenté de dire). J'imagine sans peine que le lecteur qui était sur une île d'Istrie en 1939 et se retrouve sur une île de Sardaigne en 1963 doit hausser un sourcil désapprobateur. Cependant, bien que ce ne soient pas des événements de même ampleur, le film aussi symbolise la fin d'une époque… en synchronie avec son interprète principale.


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De Castelviel, le 18 juin 2006 à 10:29

La plupart des romans de P.A. Quarantotti-Gambini sont parus chez Gallimard dans les années 50.

Les deux plus importants, "la calda vita" et "L'onda dell'incrociatore" ont été réédités recemment dans la collection l'étrangère (Gallimard) pour le premier et en livre de poche pour le second.Il est a déploré que la version française du roman ait été abrégée, avec l'agrément de l'auteur, pour dégager l'action principale.

Le second a fait l'objet d'un film (sous le nom Les Régates de San Francisco)de Claude Autan-Lara en 1960 avec Laurent Terzieff et une alter-ego de Catherine Spaak, Daniele Gaubert.


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De Arca1943, le 18 juin 2006 à 13:37
Note du film : 4/6

« Il est à déplorer que la version française du roman ait été abrégée, avec l'agrément de l'auteur, pour dégager l'action principale. »

Pardon, c'est "La calda vita" ou "L'onda dell'incrociatore" qui a été abrégé ? Quoi qu'il en soit, je trouve cette pratique effarante. Ainsi, j'ai mis la main récemment dans une librairie usagée (si vous pardonnez cette amusante métonymie québécoise) sur "Goliath ou la Marche du fascisme", un ouvrage essentiel de G. A. Borgese qui a été, de la même façon, "condensé" par son traducteur Étiemble à la demande des éditeurs français. Depuis, je marche de long en large en me demandant: mais qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir dans le reste du bouquin ? Je n'en reviens pas.


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De Castelviel, le 18 juin 2006 à 14:46

C'est "la vie ardente" qui a été abrégée, il reste néanmoins près de 500 pages et une intéressante préface d'André Pieyre de Mandiargues.


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