A sa sortie, j'avais été émerveillé par ce film, ce déluge de couleurs, cette gaieté – y compris (et surtout ?) dans la misère -, ces filles ensorcelantes de beauté (j'étais précoce !), surtout cette musique surprenante à mes oreilles occidentales, samba et bossa-nova, à ces joyaux dansés du Carnaval de Rio. En bon lycéen frotté aux Humanités grecques et latines, la transposition du mythe d'Orphée m'avait intéressé et j'étais sorti de la salle la tête toute bouleversée de rythmes et d'exotisme.
Revu, le film retrouve sa vraie place de bon spectacle expansif et souvent mièvre, bien plaisant toutefois, et je confirme que les filles étaient bien belles et souvent très sexy.
Pourtant le DVD paru dans la funeste collection Ciné-Club est en dessous de tout : je m'accommode encore d'une image et d'un son non retravaillés ; je veux bien admettre que le film soit seulement disponible en version française, même si dans les dialogues, on perd beaucoup de cette chaleur si typique et maintenant si connue du lusitano-brésilien.
Mais ce qui ne va plus du tout, c'est que les chansons, omniprésentes, sont chantées en français, avec des textes et des voix d'une indigence à faire pâlir. Quand Breno Mello entonne "Matin, fais lever le soleil" avec la voix d'un sous-André Claveau ou que Marpessa Dawn vocalise comme une divette de sous-préfecture, c'est intolérable…
Il est vrai que, l'autre soir, je suis tombé, par la grâce (?) d'une chaîne de la TNT sur La mélodie du bonheur où l'admirable Julie Andrews débitait des nunucheries avec la voix de l'immortelle (ah ah ah !) Mathé Altéry ! C'est dire !
Je vote pour une nouvelle – et bonne – édition DVD.
Je faisais tout à l'heure mon rezzou périodique à la FNAC (ah ! que de délicieux nanars dont votre vieil oncle Impétueux va bientôt vous entretenir ici même !) et je tombe sur un DVD d'Orfeu negro tout nouvellement sorti des presses et non encore référencé sur notre site préféré.
Chic ! me dis-je ! Je vais pouvoir bazarder ma version immonde Ciné-club dont je vous parlais ci-dessus, où les chansons sont interprétées en français et dans des textes et avec des voix d'une cucuterie sans nom.
Patatras ! Que vois-je au dos du boîtier : Langue : français.
Ces chiens galeux nous refont le coup !
A quand la vraie version d'Orfeu negro ?
Je me réponds (je me trouve bien seul depuis toujours sur le fil de cet excellent film, Palme d'Or à Cannes et Oscar du meilleur film étranger) pour célébrer avec bonheur l'édition en VOST d'Orfeu negro dont je pourrai enfin goûter sans agacement la merveilleuse partie musicale…
J'ai moi aussi cette horrible édition française, quand j'aurais un peu plus de sous, je compte également chercher la VO, doit bien y avoir une Z1 quelque part pas trop cher… car c'est vrai qu'en français, les bossas ça ne le fait pas trop ! ;)
J'ai dû mal m'exprimer, kfigaro, puisque vous évoquez une éventuelle Z1, dont je ne vois pas trop ce qu'elle pourrait nous apporter, alors que les éditions Potemkine, en partenariat avec la styliste Agnès B viennent de nous donner une très jolie édition en Z2 (23 euros à la FNAC). Il y a eu deux terrifiantes éditions, l'une chez la très médiocre et mal-nommée maison Ciné-Club, l'autre chez je ne sais plus qui qui proposaient des versions entièrement en français, y compris les chansons !!!
Oui je le savais (je dirige un forum sur la bossa !) mais je pensais surtout au prix, en général et si on est malin, les éditions Z1 d'occasion sont souvent moins chères que certaines Z2 neuves (sauf les Criterion)…
Mais que d'images formidables par ailleurs ! De l'arrivée d'Eurydice à Rio qui se prépare fiévreusement à la fête, saisie en plongée du haut des gratte-ciel de la modernité aux séque(nces tragiques dans le dépôt des tramways, où elle est poursuivie par la Mort, séquences d'images de l'Enfer, dans de magnifiques tonalités rouge sang qui font songer que Mario Bava d'abord, puis Dario Argento ne peuvent pas ne pas s'être inspirés de l'éclairage de Marcel Camus ! Et puis le Carnaval, fastueux et étourdissant, sons, couleurs, ombres et lumières, danseurs animés par une sorte de ferveur sacrée…
Je songeais, d'ailleurs, en regardant cette étourdissante gaieté, qui éclate dès le générique, ce tourbillon de rythmes et de sourires, qu'au fur et à mesure qu'il entre dans la Modernité, produit de dégoûtants ersatz végétaux de pétrôle et devient une puissance émergente, le Brésil quitte notre imaginaire et se banalise presque ; toute ma génération a été fascinée – et depuis Orfeu negro précisément sans doute – par Manaus la baroque, Sao Paulo la footballeuse, Rio la sensuelle (et même Brasilia la glaciale) ; fascinée par Vinicius de Moraes, Joao Gilberto, Baden-Powell, par Nazare Pereira ou Gail Costa… par des mélodies magnifiques et des cadences inouïes… En Europe, on avait l'impression que tout le monde dansait tout le temps et si ce n'était sûrement pas tout à fait vrai, on voyait encore dans le chef-d'œuvre de Philippe de Broca une de ces vitalités éblouissantes qui donnaient d'irrésistibles envie de partir…Sûrement y avait-il moins de drogue et de violence, sûrement le pays était-il du tiers monde ; n'empêche qu'il était de ceux qui faisaient rêver les adolescents de la pâle Europe… Aujourd'hui, il est aussi enquiquinant que tous les pays du globe…
Revoyons Orfeu negro !
Ravi de lire un tel enthousiasme doublé d'une connaissance authentique de la musique brésilienne dans toute sa diversité (Gal Costa et co) et pas seulement de quelques clichés, si ça vous intéresse, je suis l'administrateur de l'unique forum français consacré à la bossa ;)
si le coeur vous en dit…
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