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Forum : Demonlover

Sujet : Critique


De dumbledore, le 14 juin 2003 à 08:39
Note du film : 3/6

Présenté à Cannes, le film a été hué par la critique avant d'être boudé par le public. Demonlover est pourtant sans doute le film qui ressemble le plus à son auteur, Olivier Assayas, aussi bien dans ses qualités que dans ses défauts.

La mise en scène et le montage sont d'abord de toute beauté, emportés tous deux par des mouvements de caméra très bien chorégraphiés dans un rythme soutenu. La musique de Sonic Youth et la photo de Denis Lenoir donnent un vrai univers au film et à ces personnages de la très haute finance qui sont finalement réduits au stade de têtards qui semblent s'exciter d'une manière finalement pathétique et sans but. L'idée de ne montrer aucune réelle vie à côté du travail, de ne pas comprendre les motivations des personnages ou bien de rendre cafouilleuses les réunions de travail restera l'intérêt principal du film. Cette distanciation avec les personnages a pour effet de rendre le film étrange et lointain.

Olivier Assayas, héritier de la Nouvelle Vague, prend également un malin plaisir à éclater le "deux-pièces-cuisine" qu'on pouvait lui reprocher dans ses films nombrilistes et fait voyager ainsi son intrigue d'Europe en Asie pour finir aux Etats-Unis.

Réussi comme film d'ambiance, Demonlover l'est également dans la performance des comédiens. Connie Nielsen est remarquable, tout à la fois forte, perdue et souffrante. On lui demande enfin une palette de sentiments qui permet de montrer toute l'étendue de son talent. L'autre comédien qui marque, c'est Charles Berling qui trouve là un de ses meilleurs rôles, celui d'un grand chef des finances mais qui reste fondamentalement un type vulgaire aussi bien dans ses actes, ses petits gestes, que dans la vision qu'il pose sur les gens qui le croisent. Dans ses films précédents, il avait un peu tendance à jouer tout seul, ici, ce défaut est magnifié par un personnage qui lui va comme un gant.

Voilà pour les côtés enthousiasmants. Ce qui l'est moins se trouve dans le scénario. Même si Olivier Assayas a fait ses débuts comme scénariste (après avoir été critique aux Cahiers), on ne peut pas dire que c'est là qu'il excelle. Son histoire est confuse, ses personnages sont flous et son propos frôle l'incompréhensible.

Partant de l'idée de faire un polar dans la haute finance, Olivier Assayas a la très bonne idée de ne tomber dans aucun des codes des polars. Seulement, son réel propos qui est celui des rapports entre les individus et la culture de l'image n'est pas exploité avec assez de force et de finesse. Paradoxalement, le film manque de folie dans le traitement de son thème. Il aurait peut-être fallu oser virer dans le fantastique, un fantastique à la Cronenberg.

La fin vire essentiellement dans le pathétique et le grotesque. Les deux derniers plans font, eux, preuve de grossièreté par la thématique affichée, thématique qui détruit finalement tout le château de cartes qui s'était construit devant nos yeux pendant deux longues heures.


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De vincentp, le 27 décembre 2009 à 19:12
Note du film : 2/6

Complètement d'accord avec l'indispensable Dumbledore, que l'on aimerait retrouver dans ces colonnes.

Demonlover est irréprochable sur la forme… Très bien filmé, belle photo, rien à dire… Cela coince sur le plan de l'histoire. Positif : le cadre urbain et glacial, rappelant Gattaca. Mais les personnages ne sont pas crédibles. Les filles se promènent en petite tenue de call-girl, alors qu'elles sont censées travailler dans le monde des affaires…. Le monde des affaires est peuplé plutôt d'individus ordinaires, qui prennent des grands airs et qui commettent souvent bourde sur bourde, pas des demi-dieux comme ceux que montre Assayas. Contrairement à Dumbledore, je pense que Connie Nielsen n'était pas l'actrice adéquate : on la croirait défiler sur un podium de défilé de mode.

Les rapports entre personnages ne sont pas non plus crédibles (comment voulez-vous que le personnage masculin change trois fois de petite amie en trente secondes ?), ni cette histoire d'espionnage, qui ne décolle pas, ni cette tentative de parabole sur le monde contemporain et technologique. Assayas n'arrive pas à convaincre, à toucher la sensibilité du spectateur lambda, derrières ses images hyper-léchées.

Bon, "le monde" a aimé le film. A chacun ses goûts. Moi, je l'ai jeté après avoir regardé les 45 premières minutes. Spectacle sans intérêt et ennuyeux, mal écrit, mal calibré, en un mot raté. C'est dommage, voire incompréhensible car il y a un réel potentiel artistique à la base. Un résultat totalement inversé par exemple de l'excellent De battre mon cœur s'est arrêté.


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