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Forum : Trois enterrements

Sujet : Avis


De boudoudiou, le 28 novembre 2005 à 21:57
Note du film : 6/6

Je conseille à tous ce film qui restera un des meilleurs de cette année. Cette éloge de la tolérance nous fait vivre un voyage inoubliable a travers le Texas et le Mexique, accompagné d' un homme à la recherche de sa propre identité (Tommy Lee Jones) et un garde frontière haîssable maisi finalement tellement attachant. Ce film m'a tout simplement boulversé. tout y est : une ambiance inoubliable, une aventure extraordinaire jonchée de rencontre avec des hommes dont la seule vue vous inspire le respect et l'humilité. Un plaidoyer anti-raciste, une quête de soi émouvante, les mots me manquent pour decrire ce film à travers lequel chacun cherchera sa propre morale. Encore une preuve , s'il en fallait , de tout le talent de M. Tommy Lee Jones.Inoubliable.


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De PM Jarriq, le 29 novembre 2005 à 07:34

On peut éventuellement espérer que le succès de ce film provoque la sortie de "Good ol'boys", le téléfilm réalisé par Tommy Lee Jones il y a quelques années, avec entre autres Matt Damon et Sissy Spacek.


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De PM Jarriq, le 22 mars 2006 à 19:47

Stupeur, quand j'ai vu le nom de Luc Besson sur l'affiche ! Et soulagement, quand je me suis aperçu qu'il n'avait rien à voir avec l'écriture du scénario. Le noir (Men in black) et le bleu (Le grand bleu) n'auraient pas été très assortis.


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De Freddie D., le 5 juin 2006 à 07:04
Note du film : 4/6

Les origines du film se situent évidemment dans le western : une séquence de La chevauchée sauvage de Richard Brooks, en particulier, lorsque Hackman oblige Jan-Michael Vincent à enterrer le cheval qu'il a tué d'épuisement. On retrouve des influences peckinpiennes aussi : Bring me the head of Alfredo Garcia surtout, pour le rôle du cadavre en décomposition et l'ambiance mexicaine, et enfin quelques emprunts à Crossing guard de Sean Penn. C'est dire que le film ne brille pas par son originalité. Trois enterrements trouve son charme ailleurs : dans la description sans fard des personnages féminins, dans la façon dont évoluent ces hommes primitifs, dans un dialogue concis. Tommy Lee Jones n'évite pas les longueurs et les redites, mais son film a une identité certaine, et lui-même prête ses traits de plus en plus burinés à un personnage obstiné et implacable, mais également pathétique. Le vrai plaisir du film, c'est Barry Pepper, immense comédien qui compose un rôle fascinant d'ordure psychorigide et névrosée, évoluant progressivement et "à la dure", vers l'humanité. Sa séquence à Jimenez est tout simplement magnifique. Trois enterrements est un film un peu touffu et pas suffisamment concentré sur son sujet (trop de scènes inutiles avec le shérif ou les deux femmes), mais qui porte la patte de son réalisateur.


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De JIPI, le 28 septembre 2006 à 12:44
Note du film : 5/6

Dégrossir une pierre brute, tamiser la rudesse de cette Amérique profonde ou l'on dispose des corps sans préliminaires.

Anéantir par l'épreuve initiatique un abus de pouvoir incontrôlé déclenchant inconditionnellement des coups violents portés sur n'importe qui n'importe comment.

Voici la face cachée de la mission de Pete Perkins qui dans ce bled poussiéreux tient absolument à offrir suite à la parole donnée une mise en terre digne à son ami Melquiades Estrada vacher à la parole millimétrée mais simple et attachant dans ses comparaisons d'homme lié ancestralement à la terre.

Mike Norton irréductible primaire converti et satisfait représentatif d'un lieu abandonné par la sensibilité commence une rude initiation dont la finalité est de lui offrir le mot respect.

Ce long périple vers le repos pour Melquiades, de sérénité pour Pete et d'initiation pour Mike ponctué de cris impuissants poussés dans l'immensité d'un paysage dédaigneux devient l'outil d'une seconde naissance pour ces trois hommes réunis afin d'élaborer au contact de la nature à l'état brute un nouvel espoir.

La détermination de Pete à refaçonner un visage sans traits et égale à l'accomplissement d'un vœu exprimé par un ami désirant retrouver ses racines.

Pete en qualité d'initiateur acquiert une nouvelle dimension, Mike au contact de l'aridité permanente du parcours se débarrasse de son identité négative puis commence enfin à élaborer des remords.

Au bout de l'épreuve Mike prononcera une phrase encourageante entérinée par le visage de Pete apaisé par la réussite de cette double mission : la renaissance de Melquiades par le nouveau profil de Mike.

Largement primé à Cannes voici sans aucun doute le film évènement de l'année 2005.

Le repos, le doute et le remord fusionnent par le mot respect sur une terre désolée. RépondreEditer ce messageSupprimer


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De guada, le 24 mars 2011 à 00:19

Western sans mythe : au début, la petite vie médiocre, un peu sordide, un peu grotesque, des gens de la frontière

Où les choses arrivent sans drame : même la mort, c'est par erreur.

Mais film de rédemption, malgré ce que dit la compagne du garde-frontière au début : he is beyond redemption. C'est finalement un homme dur qui le sauve, le fait changer. Un homme qui avant de la quitter l'appelle Son. Un père, pour ce garçon qui paraît déraciné, errant. Sur les frontières, les marges, dans une maison préfabriquée.

Apprendre à mener son acte jusqu'au bout : accompagner le mort, lui donner une sépulture là d'où il vient, et demander pardon. Etre fidèle au rêve d'un ami mort.

Ce garde frontière, doit-il être sauvé? Certes le chef des gardes le nomme un jour petit con, mais il est tout au plus brutal avec les femmes (la sienne qu'il baise sans approche, la mexicaine qu'il cogne comme un homme), et zélé dans son travail de garde-frontière. Il se masturbe, il paraît dormir.

Il tue, mais par erreur. Par peur.

Il y a aussi une autre histoire de fils et de père : le vieil homme aveugle qui veut mourir parce que son fils va mourir avant lui et ne viendra plus lui apporter à manger.

Et encore celle de Pete le juste et de ce jeune mexicain. Pete inconsolable d'une relation perdue dont on ne voit presque rien. Quelques larmes.

Pete paraît fou plus d'une fois dans sa réparation. Jusqu'au terme du voyage, au Mexique, où on se moque encore de lui en l'égarant.

Et au terme du parcours, le garde-frontière transformé demande à Pete : tu vas t'en sortir ? Signe d'attention pour l'autre, enfin, pour l'autre qui a finalement risqué sa vie pour lui (que va faire de lui la police?), pour celui qui a peut-être le plus souffert – d'avoir perdu un ami, un fils…

Quand le jeune garde-frontière baise, il a les yeux blancs… comme un mort.

Revenir à la vie en enterrant les morts. Pas en les cachant, en les enfouissant, mais en leur donnant une existence, une demeure.

Contraste frappant entre la maison préfabriquée à côté de l'autoroute, où on peut à peine vivre, et la maison à moitité détruite, perdue au milieu des collines, qui sera la demeure du mort.

Pete fait s'habiller Mike des vêtements dans lesquels il a tué. Il pose la question : tu as dit à ta femme ce que tu as fait ? (non, il n'en a dit mot à personne, il a bu) Il lui fait déterrer le mort, défaire à la main cet enterrement fait à la pelleteuse, il doit le porter lui-même. Il le fait entrer dans la maison du mort, voir ses meubles, ses vêtements, l'assiette et le verre dans lesquels il a bu et mangé. Il fait coucher le mort sur son lit, et le fait habiller pour la cérémonie. Il lui fait retirer les vêtements de meurtre et le fait habiller des vêtements du mort, il le fait boire dans la tasse du mort – s'identifier à lui, lui faire ressentir son humanité… Il lui fait faire ce lent voyage, à cheval puis à pied, en présence du mort qui pourrit, qui empeste. Il lui fait participer à sa recherche du lieu. Il sera atteint dans son corps. Il participera à la vie simple des mexicains, au repas avec ce vieil homme qui ne voit plus son fils. Il devra reconstruire la maison délabrée, et creuser de ces mains la tombe. Puis il devra parler au mort, demander son pardon.


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De guadalajara4848, le 1er mai 2011 à 10:43

Que représente cette photo de Melquiades?

S'agit-il vraiment de sa famille ? Pourquoi cette femme mexicaine retrouvée par Pete fait-elle mine de ne pas reconnaître le jeune homme de la photo ? Elle prend peur de la réaction possible de son mari : est-elle face à une infidélité passée ? Melquiades était-il son mari, le père de ses enfants, elle aurait été abandonnée… et recueillie par un autre homme ?

Melquiades est si gauche au motel avec la jeune femme du garde-frontière : a-t-il jamais connu de femme auparavant?

Cette photo aurait-elle été prise par hasard, au moment où Melquiades passait derrière la famille ? Mais comment serait-il entré en sa possession ? Mystère encore, que le film n'éclairera pas.

Ainsi, le secret de cette histoire n'existerait pas dans l'esprit de la femme mexicaine rencontrée au bout du périple, mais seulement dans l'esprit du mort, secret perdu à jamais. Alors qu'il croyait simplement chercher à retrouver les traces d'une réalité, Pete va réaliser, malgré lui, le rêve de Melquiades.

Melquiades a donné tout ce qu'il possédait à Pete : son cheval. Il ne lui restait en propre que ce rêve.

Dans ce film, tout naîtrait du hasard. Double hasard : la photo, et le meurtre. Le meurtre lui aussi apparaissait de prime abord comme une évidence, une nécessité : Melquiades serait tué par celui dont il a pris la femme. Mais ce n'était qu'un hasard.

La nécessité, l'humanité – la rédemption d'un meurtrier, la réalisation du rêve d'une vie – s'édifie sur la base du hasard.

Peut-être pas tout à fait, pourtant : pourquoi le garde-frontière en train de se masturber s'affole-t-il au point de tuer sans réfléchir ? Comme si ces coups de feu pouvaient n'être que pour lui… Aurait-il le sentiment de commettre une faute ? Si cette histoire est celle d'une rédemption, il faut pouvoir dire quelle est cette faute. Nous avons des indices : au début, on le voit se masturber dans sa femme, frapper la femme mexicaine clandestine… Excès de zèle, rôle qu'il ne peut tenir que dans l'affolement. Perdu, dépassé, absent à l'autre et à lui-même – alors qu'il est comme chacun, plongé dans les liens.


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