Un film sur l'American Dream et ses revers, d'une terrible amertume sous ses dehors de "success story" traditionnelle. Sous l'oeil d'un témoin passif et un peu envieux (Hutton, dans un rôle rappelant Sam Waterston dans The great Gatsby), un couple idéal formé par un champion universitaire de foot et une reine de beauté, vivent leurs plus belles années à la fac, idolâtrés de tous. Les lendemains sont difficiles et la médiocrité rattrape vite ces "icônes" fragiles. Lui se retrouve has-been à 30 ans, elle tombe enceinte tous les ans, se réduisant au stade de femme au foyer soumise. Hackford fait preuve de compassion pour ses personnages, qu'il parvient à humaniser sans jamais les juger et à en faire plus que de simples symboles. C'est bien filmé, les vieillissements sont parmi les plus convaincants jamais vus à l'écran. Parmi les seconds rôles, on retiendra un excellent Goodman en copain loser et pathétique, la toujours rayonnante Patricia Clarkson. Everybody's All-American n'est jamais sorti en France, car trop ancré dans une réalité U.S. qu'on connaît mal chez nous, mais c'est un film intelligent et profond, qui offre un rôle très émouvant à la magnifique Jessica Lange, face à Dennis Quaid, un immense comédien sous-estimé. A découvrir, donc.