Je crois que le problème majeur de ce film, c'est que
Henri Decoin mélange un peu les genres. je ne ferai pas l'affront à
Henri Decoin de lui dire qu'il n'est pas
André Hunebelle.
Il a fait ses preuves dans d'autres catégories. Mais il est vrai qu'il fut largement plus inspiré quant il traita de
l'affaire des poisons pour rester dans le domaine historique. A la genèse de l'histoire, les soucis du
Masque de fer n'ont rien de risibles et on compte une bonne dizaine d' adaptations cinématographiques qui se sont montrées à la hauteur du drame qui se jouait. Ici, le film se veut léger, voire drôle. Et pour affiner cette thèse,
Henri Decoin demande à
Jean Marais de faire le clown. Même si il est arrivé à cet acteur de faire dans la faribole, je pense par exemple à
Fantomas auprès de
De Funès qui lui vola la vedette, faire le clown n'est pas vraiment sa tasse de thé. Résultat, le compagnon de
Cocteau nous sert une espèce de One-man-Show en d'Artagnan vieillissant, même si toujours agile et combatif, mais bien loin du sérieux
Miracle des loups ou du
Capitaine fracasse.
C'est d'ailleurs un peu le chant du cygne pour lui, du moins dans ce genre là, car plus jamais il ne ferraillera de la sorte, avec personne. La fin d'une époque… Désormais,
Stanislas prendra le relais qui le renverra vers
Le saint qui sera détrôné par
Fantômas qui bottera en touche vers la célèbre
Peau d'âne …
Jean Marais avait vécu, ou peu s'en faut.
D'un autre côté,
Le masque de fer s'embourbe dans une histoire de sosie, chère au cinéma Français, sans grand intérêt. Pour plusieurs raisons : D'abord parce que nous savons que les hypothèses divergent sur la véritable personnalité du
Masque de fer.
Le frère du roi Louis XIV ? Un fils bâtard d'Anne d'Autriche ? Le surintendant Nicolas Fouquet ? On a même prétendu que le mystérieux prisonnier n'était autre que ….
Molière,
ce qui reste quand même l'hypothèse la plus irréaliste. Ajouter à cela que le fameux
Masque de fer n'était (dit-on) en fait qu'un masque en velours noir. Donc c'est bien une romance des plus mielleuses sans grand lyrisme qui nous est servie et nous obtenons un film bancal à bien des égards. Si le panache nécessaire à ce genre de composition est bien présent, Il n'en demeure pas moins que le genre
la cape et l'épée n'en ressort pas grandie. Les amateurs apprécieront quand même la beauté de la très sensuelle
Claudine Auger qui sera plus tard la première
James Bond Girl Française dans
Opération Tonnerre,
suivie de près par
Sylva Koscina que j'ai découvert dans l'excellent
L'arme à gauche auprès de
Lino Ventura.
Jean Rochefort débutant face à un
Jean François Poron dont la carrière se fera des plus discrètes. Des combats bien réglés par le célèbre maître d'armes
Claude Carliez sont au rendez vous et nous en donne pour ce que nous en attendions. Mais dans un film flou, qui part un peu dans tous les sens, qui se cherche. Certes, nous sommes loin du
Bossu ou du
Capitan bien plus élaborés…