Un très bon film d'espionnage, qui nous rappelle aujourd'hui ce que fut la guerre froide : des règlements de comptes, des coups tordus, des alliances à géométrie variable entre services de renseignements, …

Ce film a nettement mieux vieilli que Ipcress Danger immédiat, premier volet des aventures de Harry Palmer, probablement grâce au talent de Guy Hamilton, qui sait tirer le meilleur profit des qualités du scénario et de ses acteurs (confirmant des qualités particulièrement évidentes dans Goldfinger, réalisé par le même Hamilton quelques années plus tôt).

La psychologie des personnages, très travaillée pour un film qui s'adresse à un grand-public, est parfaitement rendue par des dialogues percutants et des cadrages sophistiqués (ainsi le cadrage en contre-plongée, plus ou moins accentué, de H Palmer lors des entretiens avec son chef est en parfaite adéquation avec la dimension décalée et insolente de ce personnage). Le descriptif des relations cyniques entre Harry Palmer (joué par Michael Caine) et son supérieur (remarquablement interprêté par Guy Doleman), est à ce sujet un des points forts de ce film.

Hamilton (et ses scénaristes) positionnent très habilement le film en léger décallage par rapport aux conventions du genre. Ainsi, M Caine, abordé, de façon fortuite, par une belle demoiselle, qui l'invite chez elle, inspecte aussitôt le mobilier et les papiers de cette personne…

On peut encore relever la constante fluidité de la progression de l'intrigue (complexe mais toujours compréhensible).

Du bon cinéma, efficace et percutant, qui peut servir, n'ayons pas peur des mots, de point de référence pour des metteurs en scène en herbe, qui souhaiteraient se lancer dans des films d'action!

La série des Harry Palmer a donné des crus petits et grands (au moins jusqu'au milieu des années 90, toujours avec Michael Caine) mais il est probable que Mes Funérailles à Berlin est le meilleur du lot (même s'il pourrait pleuvoir plus). Pour faire concurrence à James Bond, il était plus intelligent d'en prendre le contrepied que de chercher à l'imiter. (À moins de s'appeler Flint, évidemment). Et Michael Caine est l'interprète idéal, sans lui on se demande bien qui d'autre aurait pu en donner autant. Cela dit, The Ipcress File n'est pas vilain non plus.