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Sujet : Mauvaise conscience


De PM Jarriq, le 17 octobre 2005 à 10:11
Note du film : 5/6

C'est drôle, aucune critique n'a mentionné le fait que le point de départ de ce film est identique à Lost Highway de David Lynch. Ou, n'ayant pas vu le film de Haneke, j'aurais mal compris ?


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De L\\\'Gé, le 17 octobre 2005 à 17:27

Pas vu non plus … mais la situation racontée ressemble un peu aussi à celle de "Lemmings".


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De PM Jarriq, le 9 avril 2006 à 11:26
Note du film : 5/6

De toute façon, généralement, quand la promo du film parle essentiellement des kilos pris – ou perdus – par un des comédiens (Binoche en l'occurence) pour les besoins de son rôle, c'est généralement mauvais signe !


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De PM Jarriq, le 26 mai 2009 à 17:39
Note du film : 5/6

Bon, déjà mea culpa : ne jamais s'arrêter à un mauvais feeling, ou une promo ratée. Attiré par l'oeuvre de Haneke, après avoir vu Funny games et La pianiste, je me suis laissé tenter par Caché. Comme les deux autres, c'est un film ingrat, dur d'accès, parfois oppressant, dont le thème est tout simplement la mauvaise conscience. Celle de Georges par rapport à un orphelin dont il a contribué à gâcher la vie, 40 ans plus tôt, celle de la France par rapport à la guerre d'Algérie et ses retombées, qui planent au-dessus de tout le film, comme un spectre refusant de s'évaporer.

Le dialogue n'est pas mauvais à proprement parler, il est ou semble improvisé, afin de permettre une identification maximale avec les personnages. De fait, Auteuil et Binoche ont une relation de couple parfaitement crédible, parce que débarrassée de toute joliesse cinégénique, et leurs réactions par rapport au harcèlement dont ils sont victimes, sont parfaitement normales et concrètes. Certaines séquences, comme les visites de Georges chez son ancien copain arabe, sont d'une tension quasi insupportable, et la maîtrise du cadre de Haneke, lui permet des plans culottés comme ce long plan-séquence, très large, lors du flash-back final, autrement plus bouleversant que s'il avait été filmé de façon plus traditionnelle ou mélodramatique.

Caché est un peu long, mais ces longueurs participent de l'envoûtement général, et il laisse sur une sensation de malaise, de vague culpabilité (aurait-on tous un Majid dans son passé ?), très certainement voulues par l'auteur.

Parmi les seconds rôles, Annie Girardot joue la mère malade de Georges, et Le Coq est parfait en directeur de chaîne télé policé et faux-jeton.


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De Impétueux, le 16 janvier 2014 à 16:14
Note du film : 4/6

Il me semble qu'il n'y a pas beaucoup, aujourd'hui, de réalisateur aussi intéressant que Michael Haneke. Et je n'écris pas cela parce qu'il a été deux fois récompensé de la Palme d'or cannoise (en 2009 pour Le ruban blanc en 2012 pour Amour) : on sait ce que valent les récompenses. Mais Haneke est le cinéaste d'un sidérant malaise, peut-être celui qui comprend le mieux les incertitudes de notre présent et les angoisses de notre avenir occidentaux.

Caché est d'une redoutable habileté. Le cinéaste piège à tout moment le spectateur en maniant en virtuose à la fois l'image, les mots et les souvenirs, en instituant les fausses pistes, en rendant la tension graduellement insoutenable jusqu'à faire espérer une sorte de révélation qui dévoilerait en un clin d’œil toute la mécanique du dispositif et en terminant le film par une séquence étonnante qui, bien loin de résoudre quelque question que ce soit, embrume encore davantage les esprits et fait ouvrir de vertigineux espaces.

Piégeage du spectateur, disais-je. Le très long plan qui ouvre le spectacle, sur quoi se déroule le générique et qui dure encore un peu après n'est pas le banal filmage d'une maison de Parisiens bourgeois-bohême située dans un micro-quartier du 13ème arrondissement, rue des Liserons, rue des Volubilis, rue des Iris et où de petites maisons restaurées à grands frais et noyées de verdure procurent un entre-soi rassurant à ce que le sociologue appelle professions intellectuelles supérieures. Ce milieu de publicitaires, de journalistes, d'éditeurs, protégé de la proximité des HLM turbulentes par sa singularité même est sans doute celui qui est le plus à même de ressentir un hiatus culpabilisant entre sa façon de vivre très aisée et les idéaux libertaires (féministes, antiracistes, socialisants) qui l'animent. Donc, cette maison tranquille et confortable, pleine de livres et sans tape-à-l’œil est filmée, mais ce film est celui d'une cassette vidéo qu'interloqués et vaguement inquiets Georges et Anne Laurent (Daniel Auteuil et Juliette Binoche) qui vivent là avec Pierrot, leur fils de 12 ans (Lester Makedonsky). Une simple cassette, reçue on ne sait trop comment, sans un mot d'explication, sans titre et sans paroles.

D'autres cassettes vont arriver, montrant à nouveau la maison, à d'autres moments de la journée ou de la nuit, montrant la demeure d'enfance de Georges, des cassettes dispensées aussi dans son entourage de journaliste littéraire à la télévision. Les souvenirs reviennent, les doutes arrivent, les cauchemars apparaissent. Les cassettes ouvrent une piste vers le passé et une culpabilité diffuse et informulable. Georges rencontre Majid (l'excellent Maurice Bénichou) qui pourrait lui en vouloir d'une méchanceté très ancienne et qui instille des remords.

Jusque là, Caché est construit comme un thriller. Qui filme le couple, pourquoi le filme-t-on, que lui veut-on ? Georges soupçonne Majid. Ça devient de plus en plus difficile, d'autant que le couple commence à ressentir la pesanteur de l'atmosphère et à se disputer, peut-être à se déchirer. Et la fin ne règle rien, n'explique rien, ou simplement ce que chacun veut comprendre. Ceci est très bien. On songe aussi au cinéma de David Lynch et notamment à Lost highway. Mais si je ne mets qu'une note honorable, malgré la virtuosité de la camera de Haneke, malgré la remarquable performance des acteurs (Auteuil, au visage toujours inquiet, est particulièrement époustouflant), c'est que le cinéaste a couplé, d'une façon à mon sens un peu artificielle, culpabilité individuelle et culpabilité collective, introduisant la pesanteur que ressentiraient les Français des événements insurrectionnels du 17 octobre 1961, où des Algériens appelés par les égorgeurs du FLN à manifester ont été violemment réprimés, certains y perdant la vie. (Voir, si l'on est curieux de cela, la longue notice de Wikipédia).

On a bien compris que Georges et Anne sont des bobos libéraux-libertaires ; mais de là à imaginer que les Français sont obnubilés cinquante ans après par une des conséquences malheureuses de la guerre d'Algérie, c'est plaquer sur notre pays un ressenti germanique que subit intensément Haneke sous l'influence notamment d'Elfriede Jelinek (dont il a notamment adapté La pianiste). Cette invraisemblance plombe un peu un film remarquable, d'une grande intelligence, constamment intéressant et parfaitement angoissant.


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De verdun, le 27 décembre 2018 à 19:40
Note du film : 4/6

Caché témoigne de la maîtrise de Haneke: le sujet est fort, le récit est habilement mené, la réalisation et la photo sont très abouties et les acteurs sont impeccables.

Ceci dit, le film est aussi exemplaire des défauts du cinéma de Haneke: une cetaine austérité, un didactisme envahissant et une atmosphère glauque qui peut fasciner comme elle peut rebuter.

Mais il convient de ne pas trop faire la fine bouche tant Caché relève de la haute couture cinématographique.


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