Ainsi, je suis le premier à laisser un message. Et pourtant comme de nombreux fans de Welles, je considère qu'il s'agit-là de son sommet .

Lorsqu'il entreprend ce film après LE PROCES, Orson Welles choisit non pas d'adapter une pièce précise de Shakespeare comme il le fit avec OTHELLO et MACBETH mais de prendre un personnage secondaire, Falstaff présent dans plusieurs pièces du grand Will pour en faire un film autonome.

Ici Welles EST Falstaff et il ne perd pas l'occasion de faire un création de premier ordre et grâce entre autres à cette interprétation, nous avons accès à une face inattendue de Shakespeare: la bouffonnerie, les fêtes et les beuveries.Welles donne une épaisseur impressionnante à Falstaff.De cette incarnation de Falstaff se dégage un authentique plaisir de jouer un personnage à sa DE-mesure.

Pourtant le tragique n'est pas absent de ce film bien au contraire et il finira dans un irréparable chagrin face à l'attitude ingrate de son ami devenu grand et refusant de reconnaître finalement son compagnon des bons jours.Avec la mort de Falstaff s'achèvera une époque joyeuse et fantaisiste.

Le film est donc fascinant par son mélange des tons,entre humour et drame,entre intérieurs sombres et grands espaces lumineux entre le monde des tavernes et celui des arcanes du pouvoir grâce à une densité du dialogue et un montage rapide susceptible de ridiculiser nombre de productions hollywoodiennes (pas seulement au niveau du montage d'ailleurs!)où plus que jamais le réalisateur-acteur fait preuve de son goût pour le baroque et l'action.

Les acteurs sont tous remarquables autour du maître:John Gielgud, Keith Baxter, Fernando Rey, Jeanne Moreau,j'en passe et des meilleures.La bataille du film est un moment inoubliable où culmine le sens épique de l'oeuvre et l'insolite poussé au maximum.Le réalisateur mêle inextricablement les corps et les charniers entre la sauvagerie et un esprit presque parodique qui fait presque penser à MONTHY PYTHON SACRE GRAAL(notamment le duel à l'épée remporté par le prince Hal).Si Welles n'a pas réussi à achever son Don Quichotte, il y a assurément l'esprit de Cervantès qui passe dans le film.

Ainsi,le FALSTAFF de Welles est tout sauf un film académique et témoigne d'une rencontre entre deux génies de deux arts différents. Et ici on trouve une émotion, une énergie, une humanité absentes dans d'autres films de Welles, y compris CITIZEN KANE , autre portrait de personnage (un personnage peut-être moins profond et assurément moins profond que Falstaff)égaré dans son époque voire mangé par elle.

Par conséquent, si vous avez l'occasion de voir Falstaff, ne manquez pas l'occasion de voir ce moment unique de cinéma, en attendant un dvd annoncé un temps chez Studio canal.

Je souhaite voter pour une édition de ce film en dvd.

Tout à fait au diapason de ce message de Verdun. J'ai beaucoup aimé Citizen Kane et Le Procès, mais ce film rabelaisien voire brancaleonesque m'a séduit comme aucun autre du même auteur. Et il est introuvable. Pas de DVD Zone 1 ni Zone 2 disponible d'après mes recherches. Peut-être en Espagne ?

Si mes souvenirs sont bons, un éphémère coffret Orson Wellesregroupant Falstaff, Le troisième homme et le procès est paru en France. Mais pas de Falstaff à l'unité…

5,1/6. Falstaff montre bien les points forts et les points relativement moins performants du cinéma de Orson Welles.

La partie comédie de Falstaff n'est pas très réussie : le récit ne produit pas le rire escompté et il se dégage même un parfum de lourdeur et de grandiloquence du fait des plans très sophistiqués jouant sur les angles et la profondeur de champ. Les jeux de l'amour (traités au travers de plusieurs personnages dont une excellente Marina Vlady) sont traités correctement mais sans plus.

En revanche, la bataille du milieu du film, merveilleusement filmée et montée est un très grand moment de cinéma. La partie drame du récit est également superbe. Welles est très à l'aise pour traiter cet aspect, et aborder les jeux politiques et les conflits psychologiques. L'univers de Shakespeare, d'une grande richesse thématique et de forme, est globalement très bien adapté à l'écran, par l'insert de plans courts et variés, et l'emploi de dialogues forts sur des sujets existentiels.

Falstaff n'est pas une réussite parfaite, mais ses qualités l'emportent largement sur ses défauts relatifs.