Il me semble que, si l'histoire choisie est certes plutôt convenue, Paul Thomas Anderson signe pourtant un film particulièrement insolite, voire singulier, dont tout le mérite revient, comme le précise Dumbledore, à une réalisation constamment innovante qui va jusqu'à transfigurer le scénario. Anderson utilise, en effet, les mouvements de caméra, les cadrages, les sons et les images faisant en sorte que la technique soit au service du sens même du film.
J'en veux pour preuve la longue séquence d'introduction qui se compose en fait de trois parties : la présentation de Barry ; la rencontre avec Lena et la capture de l'harmonium.
Si ce commentaire est si long, c'est parce que cette séquence me paraît être un bon exemple de pur moment de cinéma (Cf. Plein soleil de René Clément, qui les multiplie) : suggérer ou dire par le seul moyen, par la seule rencontre des images et des sons ; et créer ainsi une sorte de magie visuelle qui étonne le spectateur, l'éblouit et le pousse à aller, au-delà des simples apparences, au cœur de l'essentiel (par exemple, ici, signifier le retentissement de l'émotion en chacun de nous, une émotion qui peut transcender toute vie, toute personne, quelle qu'elle soit, n'importe où et à n'importe quel moment).
De leurs rencontres ordinaires, fruits du hasard, surgit un certain art : celui de l'esprit humain, qui occupe l'espace via des sons, des couleurs, des mouvements, composant un spectacle merveilleux et esthétique. Une très belle séquence résume la vision de l'auteur : des formes et des couleurs, purement abstraites et déconnectées d'éléments narratifs, se succédant pendant quelques instants dans un ballet festif. Paul Thomas Anderson représente l'être humain comme un pulsar, émettant une petite musique qui s'envole dans l'univers.
Ne pas sous-estimer ce film, faussement ordinaire (je ne suis donc pas du tout d'accord avec l'avis exprimé par Dumbledore), parabole d'idées existentielles, très bien réalisé, et dans l'air du temps !
C'est à peu près tout ; ça se termine naturellement très bien. Acteurs de qualité, musique assez fascinante.
Je ne me suis pas endormi, mais je n'ai pas beaucoup trouvé d'intérêt à ce truc peu construit (ou trop construit, c'est la même chose), adulé par la critique savante, récompensé au Festival de Cannes (quelle affaire !) mais plutôt boudé par le public.
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