Forum - Un Singe en hiver - "Un prince de la cuite qui tutoie les anges"
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Sujet : "Un prince de la cuite qui tutoie les anges"


De Freddie D., le 18 septembre 2005 à 12:35

Dans la série "le saviez-vous ?", on a échappé à un remake de Un singe en hiver, il y a trois ans à peu près : le bruit avait couru que la télé voulait le refaire avec… Gérard Depardieu (évidemment…) et Guillaume Canet. On l'a échappé belle !


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De David-H, le 18 septembre 2005 à 14:59

A signaler aussi que dans la collection Belmondo, 67 DVD ont été proposés, même ceux dans lesquels il apparaît…2 minutes (tels "Les acteurs" et bien d'autres), mais pas "Un singe en Hiver" ni "Itinéraire d'un enfant gâté" par exemple…

Des problèmes d'ayants-droit paraît-il…

Et on se retrouve avec une collection non-exhaustive et donc très coûteuse.

Idem pour les Delon où 40 numéros ont été arbitrairement proposés…

Quant aux Gabin, ça a l'air plutôt bien parti, idem que la collection De Funès qui ressort des films totalement inédits…

Et l'on attend avec impatience les Ventura ou les Fernandel, précédemment édités du temps de la VHS…

Que pensez-vous de ces collections au fait?


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De arno75, le 17 février 2006 à 19:03
Note du film : 6/6

Chef d'œuvre. Je conseille aux malades du film comme moi d'aller visiter Villersville entre Trouville et Honfleur sur les lieux du tournage. Il existe encore le cabaret normand où furent tournées les scènes du café. La mairie a eu la bonne idée d'éditer une petite feuille où se situent tous les différents décors du tournage dans la ville. Peu de choses ont changé quand j'y suis retourné la dernière fois si ce n'est le cabaret normand qui était en train de changer de propriétaire. j'ai peur que les photos du tournage qui émaillaient les murs du café il n'y a pas si longtemps n'y soient plus. Mais allez voir quand même cette charmante petite ville, vous aurez vraiment l'impression de croiser Noël Roquevert, Gabin et Belmondo.


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De arno75, le 17 février 2006 à 19:09
Note du film : 6/6

Blondin poivrot, Fallet poivrot, le talent use souvent du même véhicule.


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De lych666, le 18 février 2006 à 15:24
Note du film : 5/6

"Un prince de la cuite qui tutoie les anges", Vive Audiard!


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De jipi, le 25 avril 2009 à 12:34
Note du film : 5/6

L'esprit ibérique se délocalise en terre pluvieuse. Un état second livre fiestas et corridas à un vieux soldat éteint par le bonbon du soir.

Dix sept jours de beau temps en été rivalise en vain avec un soleil perpétuel ranimé au picon bière sur une terre venteuse n'offrant que la belote et le pastis comme chemin vers les étoiles.

La parole donnée est lézardée par la fougue d'une jeunesse refusant dans un premier temps de traverser le corridor d'un ennui profond. Le jeune régénère le vieux qui le temps d'une soirée retrouve l'esprit de ses vingt ans voguant sur un yang tse Kiang devenu plus mental que féerique.

Deux générations le temps d'une soirée illumine un ciel normand désespérément sombre. Un comportement choisi trop longtemps cumulé s'applique au mépris d'une faune locale assoupie ingurgitant du mauvais vin.

Le jeune s'entretient par le chagrin d'amour pendant que l'ancien se régénère à l'écoute de ces férias incessantes contées par ce jeune père aux responsabilités embrumées par la fête.

« Le singe en hiver » sorte de « Quai des brumes » désopilant montre l'autochtone de base harassé par l'ennui et les vents incessants. Bloqué par une mer omniprésente qu'il ne peut traverser, il ne survit que par un passé commémoratif, la cueillette du bigorneau et la déferlante estivale parisienne.

L'œuvre est cynique, la différence entre ces deux nostalgiques et ces légumes endormis est appuyée presque blessante, irrespectueuse entre un monde méprisant l'autre en s'octroyant par ses perceptions un droit de cuisage intellectuel.

Le petit peuple privé d'une véritable conscience répète inlassablement sa médiocrité sur un site désolé brusquement réveillé par la délivrance d'un excès que l'on ne peut reconduire, une sorte d'orgasme de lumière avant de s'enfoncer dans un long hiver.


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De Romuald, le 25 avril 2009 à 13:11

Dites moi, Monsieur Jipi, à moi qui n'a jamais su que vendre des papiers peints, moquettes et autres linoléums, toute ma vie et aux quatres coins de l'héxagone, comment faites vous pour dire si bien les choses ? Sans flagornnerie aucune, c'est toujours un bonheur de vous lire et vous vous faites trop rare….

                                     pour \Lagardère

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De jipi, le 25 avril 2009 à 13:19
Note du film : 5/6

Merci Romuald. C'est vrai que sur DVdtoile tout le monde ne raisonne pas à mon égard comme vous le faites si gentiment. C'est pour cela que j'ai réduit mes interventions.

N'ayant aucune technique cinématographique je préfère dégager la sensibilité d'un film. De ce fait vu le haut degré de connaissances du site je ne peux pas m'insérer sur un fil de discussion.

Merci encore Romuald


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De sophie75, le 25 avril 2009 à 17:13
Note du film : 4/6

Ami Jipi, bien que je trouve ce film un peu trop superficiel en raison notamment d'un scenario poussif – mais sauvé par une lumineuse interprétation, je dois me joindre aux éloges du binôme Lagardère/Romuald pour saluer le contenu de votre message.
Je vous incite donc à persévérer et à nous léguer vos riches contributions.

A bientôt de vous lire.


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De PM Jarriq, le 25 avril 2009 à 19:46

D'accord avec sophie75 : vous auriez bien tort de vous priver.


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De princecranoir, le 9 septembre 2009 à 15:34
Note du film : 1/6

Désolé d'apporter ma note discordante à cet étalage indécent d'éloges. Je suis de ceux que le cinéma de Verneuil n'a jamais transporté plus loin que le cadre de l'écran et que les dialogues d'Audiard saoulent au moins autant que les litrons que s'enfile le vieux Moncorgé dans le film. Et malheureusement ce primate des fimas ne fait pas exception.


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De Impétueux, le 9 septembre 2009 à 16:09
Note du film : 6/6

Eh bien, Princécranoir, voilà qui est richement argumenté…


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De CapitaineStark, le 11 octobre 2010 à 14:36
Note du film : 6/6

Pour mon premier message, je salue toute l'équipe de cet admirable repaire de cinéphiles.

Un singe en hiver est entré tout droit dans mon panthéon personnel aux cotés notamment de Mon oncle d'Amérique d'Alain Resnais avec lequel il a en commun de susciter une réflexion sur le sens de la vie. Si les deux films aboutissent somme toute à la même conclusion, – l'homme est essentiellement à la recherche du plaisir sous toutes ses formes – les procédés pour y parvenir son radicalement différents.

Dans l'œuvre de Resnais qui est inspirée par les travaux du Professeur Henri Laborit qui fait office de voix-off (un de nos plus grands chercheurs, découvreur des neuroleptiques, méprisé par l'intelligensia pour son esprit subversif), l'on traite du plaisir à se conformer aux codes sociaux en vigueur, le plaisir consubstantiel au besoin de reconnaissance sociale que l'on trouve dans la courses aux honneurs, l'ascension des échelons hiérarchiques.

Dans le Tigreville de Verneuil, point de discours théorique, la réflexion est induite par l'évolution d'Albert Quentin, Fusilier marin ayant servi en Chine devenu aubergiste de l'Hôtel Stella en Basse-Normandie. En réalité, il n'a jamais fait le deuil de cette expérience militaire l'ayant conduit sur les flots du Yang-Tsé-Kiang qui "dégringole du Tibet pour finir sur la mer jaune", dans ces "villes-ponton où on peut tout acheter" et où il a pu contempler ces "tourbillons d'îles flottantes avec des orchidées hautes comme les arbres".

L'alcool va vite devenir le véhicule de l'évasion dans ces contrées de rêveries et d'aventures. Et ce désir de fuite de la morne réalité est renforcé par la médiocrité qui cerne quotidiennement ce rêveur impénitent, bien incarnée par les fidèles du "Cabaret Normand" où l'on raille la sobriété nouvelle du vieux lion (Quentin tenant la promesse qu'il avait faite à sa femme d'arrêter l'alcool après le deuxième conflit mondial) et ses lectures poétiques jugées prétentieuses.

Seule sa femme contraste avec cette coterie grégaire d'imbéciles qui ont le "vin petit et la cuite mesquine" , elle qui connaît toute la complexité de son mari mais s'inquiète légitimement des conséquences néfastes d'une rechute dans les tentacules aguichantes de la boisson.

L'étincelle ne demandait évidemment qu'à rejaillir et c'est la rencontre éthylique avec Gabriel Fouquet, son double en plus jeune, qui va permettre à l'aubergiste d'endosser une ultime fois les habits de lumière du quartier-maître Quentin pour délivrer d'un sinistre pensionnat la fille de son comparse dans un feu d'artifice crépusculaire.

Jean Gabin est monumental dans ce film qui lui offre un rôle à facettes sur mesure. Suzanne Flon est inoubliable de subtilité. Belmondo est fidèle à lui-même sans se montrer irremplaçable.

Voilà un film que je suis amené à revoir de nombreuses fois encore pour autant de salutaires piqûres de rappel.


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De Tamatoa, le 5 décembre 2013 à 00:35
Note du film : 6/6

Je voulais vous signaler le formidable et méticuleux travail d'un dénommé Phlupke qui a repris beaucoup d'extraits de ce film majeur et, partageant l'écran en deux, nous montre au centimètre près, ce que sont devenus les lieux de tournage. Sa caméra d'aujourd'hui évolue en même temps que les acteurs d'hier. C'est absolument épatant ! A voir sur You-Tube en tapant : Je ne sais si vous vous rendez-compte de l'aspect grandiose du mélange. Phrase dite par Gabin dans sa gargote de prédilection..


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De Impétueux, le 30 avril 2015 à 12:54
Note du film : 6/6

Dans l'œuvre, inégale mais qu'on devrait bien réévaluer d'Henri Verneuil, Un singe en hiver apparaît comme un OVNI de mesure, de grâce et de mélancolie. C'est sans doute aussi parce qu'il est tiré d'un grand roman (Prix Interallié 1959) et que, s'il n'est pas littéralement fidèle au récit, il en respecte toute la complexité douce-amère. Il est d'ailleurs curieux de constater que le livre d'Antoine Blondin est, d'une certaine façon, un peu plus optimiste que le film, dont la fin porte toute la tristesse du monde.

Dans le roman, Albert Quentin, sur le quai de la gare, fait promettre à Gabriel Fouquet de revenir à Tigreville et, aux dernières lignes, Fouquet est à deux doigts d'aller sonner à la porte de Claire, la mère de la petite Marie et on sent bien qu'il le fera un jour très proche. Rien de cela chez Verneuil. Les deux hommes se sont quittés sans effusion, on voit bien qu'ils ne se reverront jamais et que le miracle de leur rencontre ne se reproduira pas, chacun retournant à l'enfermement de ses rêves. Et Fouquet n'ira pas retrouver Claire en Espagne. Solitude et amertume.

Oui, curieux film, Un singe en hiver, où il y a des nuances de comédie italienne, avec la tristesse sous-jacente de tous les personnages : le couple Quentin qui n'a pas eu d'enfants (magnifique Suzanne Flon), Fouquet qui gâche sa vie, son talent et sa famille, les évocations du passé enfui ou du présent impossible, Indochine ou Espagne, descente du Fleuve jaune ou corrida de Linarès où mourut le grand Manolète, le bordel fermé, la perspective du cimetière où va se recueillir Quentin… Le vieil homme allait entrer dans un très long hiver : c'est à peu près la dernière phrase du film, sur l'image de Quentin/Gabin assis sur un banc de gare, attendant sa correspondance ; ce n'est pas très fréquent, cette tristesse finale-là, dans les films français….

Il se peut que les dialogues éblouissants de Michel Audiard, les scènes de grandiose déconnade entre Quentin (Gabin) et Fouquet (Belmondo), les baffes assénées à Esnault (Paul Frankeur) ou la folie inquiétante du génial Landru (Noël Roquevert) aient un peu détourné l'attention de toute la grisaille de Tigreville. Elle perce pourtant : gifles de pluie continues, ramassis de boit-sans-soif du bistro, cruauté des gamines de la pension Dillon qui méprisent la petite Marie (Sylviane Margollé), dont la mère vit en Espagne et le père ne vient jamais la voir…

Grisaille de Tigreville, où on devine aussi qu'il y a des tas de saletés cachées, comme la Joséphine (Hélène Dieudonné), qui a dénoncé tant qu'elle a pu pendant l'Occupation ou la boutique de Landru/Roquevert qui peut vous procurer tout ce que vous voulez (voilà qui m'a fait irrésistiblement songer à Millich (Rade Šerbedžija), le propriétaire du magasin de déguisements d'Eyes wide shut, qui prostitue sa fille).

Et bien sûr cette drôle de fraternité lumineuse de ceux qui ne peuvent plus voyager qu'en allant jusqu'au bout de l'alcool… Si quelque chose devait me manquer, ce ne serait plus le vin, ce serait l'ivresse… Il est de plus en plus difficile de retrouver la banalité du matin gris ; jusqu'au jour où l'on ne veut plus y revenir.

C'est qu'Antoine Blondin, doté de tous les talents, jeune homme beau comme un Dieu, commençait déjà, en 1959, sa longue descente ivrogne qui allait faire du plus doué des Hussards un poivrot clochardisé et mauvais comme une teigne…


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De fretyl, le 15 novembre 2019 à 19:29
Note du film : 6/6

Belle analyse de Impetueux sur quelque chose que je connais mieux que lui. L'alcool ! On peut vraiment prendre Un singe en hiver pour un film immoral, desoriantant, anti médical mais réaliste. L'abstinence alcoolique n'existe pas. Voir un Gabin respectable se laisser envahir par un démon qu'il a engendré. Quoi de drôle dans ce film si ce n'est de rire des quelques bonnes phrases et des aptitudes de deux ivrognes ? Troubles du comportement, violences, aptitudes indigne et pourtant… quelques instants ou un élan génial viens bercé dans l'ivresse Albert Quentin et Gabriel Fouquet. Qu'en dire ? Si ce n'est constaté un espèce de handicap, une frayeur. L'ennui. La meilleure façon de se ridiculiser en ne pouvant avouer que l'on est malade. En une nuit tout est permis : injures auprès du clérical, bagarre au bistrot, feu d'artifice. Magnifique Suzanne Flon qui voit partir son mari pour aller la tromper avec de l'alcool.

Je ne trouve pas Un singe en hiver drôle. Mais pas du tout. Extrême, comme l'alcool et désespérant.


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