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Forum : Le Chemin de l'honneur

Sujet : Critique


De dumbledore

Quand on est un peu cinéphile et qu'on évoque l'entre-deux-guerres, on pense, comme par réflexe, au fameux « réalisme poétique », au cinéma social de Jean Renoir, à Carné. Quand on est un peu connaisseur en littérature et qu'on évoque la même période, c'est autre chose qui apparaît : Pierre Benoit dans les romans, Ernest Renan chez les intellectuels, Sacha Guitry et Labiche et les autres parisiens dans le théâtre. Bref, tout un monde avec des références différentes de celles du cinéma, des références que l'on pourrait résumer comme étant issues de la « grandeur de l'Empire Français ». Seulement ces références patriotiques, colonialistes, les valeurs sociales de l'époque n'étant plus tellement de bon ton après la Seconde Guerre mondiale, il semblerait que culturellement et intellectuellement, un trait ait été tiré sur cette période romanesque de l'entre-deux-guerres. Ainsi, la littérature de l'époque est totalement sous-estimée. Qui peut citer plus de deux auteurs de cette époque ? Dès lors, on peut se poser la question : est-ce que le cinéma n'aurait pas subi la même chose ? Les films que l'on retient, culturellement, de cette époque n'en seraient-ils pas les films marginaux ? Un auteur (américain, je crois) avait ainsi eu le toupet (ou le courage) de dire que finalement, le « réalisme poétique n'est dû qu'à Prévert et c'est tout », qu'il n'y a pas eu de « mouvement culturel » à proprement parler…

Le Chemin de l'honneur, tourné en 1938, tend à prouver cette hypothèse, se situant parfaitement dans ce cinéma oublié qu'il est utile de découvrir pour se rendre compte des valeurs de l'époque. On y retrouve les grandes idées qui ne s'écrivent qu'avec des majuscules : Dieu, Patrie, Honneur, Fierté, Héroïsme, Abnégation, etc, etc… On y retrouve aussi les colonies, et ce qui va malheureusement avec, un racisme culturel : tous les arabes montrés dans le film sont des filous, des fainéants, des arrièrés et sont traités avec un mépris qui n'a toutefois rien de haineux. Seulement une supériorité paternaliste. Encore une fois, si on s'en offusque aujourd'hui, il faut reconnaître que cette attitude était la norme, était normale pour l'époque.

En dehors de ce caractère de « Document Cinématographique », le film possède de vraies qualités. La mise en scène est très efficace, avec un montage souvent alerte et moderne. L'histoire semble inspirée de celle de Jean Valjean, avec les mêmes enjeux psychologiques (surtout dans le passage avec le curé au début du livre: l'incompréhension face à la Bonté et la difficulté de l'assumer) et réussit à quitter la ligne du film de guerre pour devenir un film psychologique intéressant et juste (toute les scènes où le héros est confronté à l'image de son frère).

Bref le film n'est évidemment pas un chef-d'œuvre oublié, mais un film sans doute plus cohérent par rapport à la réalité de l'époque. On pourrait ainsi dire que si Jean Renoir avait une vision du monde tel qu'il aurait dû être, Jean-Paul Paulin montre le monde tel qu'il était…


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De jojo de paris, le 24 octobre 2004 à 23:48

Je suis étonné de cette analyse, étant venu sur le site pour retrouver le film. Néammoins, vous m'avez donné à réfléchir.


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De riccardo, le 27 janvier 2011 à 22:24

HONTE à la chaine "histoire",qui vient de diffuser ce film ,amputé des CINQ DERNIERES MINUTES.

Allons mr Tullard ,un peu de serieux dans vos progammations et vos commentaires… NOTE de ce film :4,7/6


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De riccardo, le 28 janvier 2011 à 16:49

Apres verifié mon dvd des éditions cinématographiques, la chaine histoire a "AMPUTE " ce film de plus de 4mn. N' oublions pas ,le bandeau qui annonce l'emission suivante / C'EST SE FOUTRE DU PUBLIC.


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