Un film avec Jean-Paul Belmondo et Claudia Cardinale
dirigés par Mauro Bolognini
et qui, pour couronner le tout, date de 1961 – millésime fameux – et IL N'EST PAS EN DVD !?!?! Pas croyable. Il doit certainement s'agir d'une erreur, je ne vois pas d'autre explication.
Mais il existe bel et bien en DVD: il est sorti en kiosques dans la collection Belmondo et il est présenté dans son format d'origine et en vost italienne même si la copie n'est pas de première fraîcheur hélas.
Le cinéaste peut donner libre cours à son goût pour la calligraphie même si la photo se fait ici plus crue , noir et blanc oblige, et moins impressionniste. Le scénario manque peut-être un tout petit peu de densité et l'auteur donnera sans doute dans ce chef-d'oeuvre méconnu qu'est L'héritage la plénitude de son art. Dans La viaccia,
il manque aussi une musique marquante comme celle, magnifique, de Morricone
pour L'héritage.
Car chez Bolognini la joliesse apparente s'accompagne d'une vision lucide et désespérée voire morbide de la condition humaine. Le grand acteur de théâtre Laurent Terzieff
disait dans un livre d'entretiens que Bolognini
était, de son point de vue, un maître aussi important qu'un Rossellini.
Espérons qu'un jour cette observation sera enfin prise en compte mais j'ai bien peur que Bolognini
reste le cinéaste maudit qu'il a toujours été, même pour un film comme celui-ci qui a à son générique deux superstars encore bien connues de tous.
Alors il est en DVD ? Homme de peu de foi que je suis ! Quant à Bolognini, bien que je ne suis pas aussi impressionné que vous l'êtes par cet Héritage,
j'en reverrais plusieurs avec plaisir, notamment le coup de coeur que fut pour moi Libera, amore mio
…
Bonsoir,
Je suis sur le point de me procurer ce film (collection belmondo car à ma connaissance il n'existe nulle part ailleurs) et vous nous dîtes qu'il est en VOST ce qui me rebute quelque peu car voir Belmondo parler avec une autre voix (dans la Ciociara par exemple)m'avait fait une drôle d'impression.Vaut-til quand même la peine d'être vu?
MERCI D AVANCE
Oui, cela en vaut vraiment la peine. Ne serait-ce que pour la Bellissima Cardinale et Paul Frankeur ( que j'ai toujours adoré ). Ainsi que les environs de Florence, aussi sublimes que sinistres en hiver. Quant à Belmondo, la version italienne ne devrait pas vous poser grand problème étant donné que son rôle lui offre assez peu de dialogues.
En 1961, le Festival de Cannes eut la particularité de faire concourir deux films Italiens, dans lesquels Jean-Paul Belmondo y détient chaque fois un rôle : 'La ciociara
', et 'La viaccia
'. Deux films magnifiques qui témoignent, parmi bien d'autres, de la réelle valeur de Jean-Paul Belmondo, bien distincte des rôles plus « musclés » de sa seconde partie de carrière. L'acteur, pour évoquer le contexte transalpin, qui bondit d'ailleurs un jour en apprenant la réelle signification de son surnom dans la presse locale : 'Il brutto', soit 'Le laid', et non 'La brute', tel qu'il le pensa durant des années ! Notez, à l'époque du film, et aux yeux du réalisateur Mauro Bolognini,
Bebel (Amerigo, dans le film) devait probablement encore avoir de bien jolis traits, pour incarner celui qui allait tenter de séduire Claudia Cardinale,
campant ici le rôle d'une prostituée de luxe. Ayant quitté la terre pour travailler en ville, Amerigo, un jeune homme sans le sou, vole son oncle pour revoir cette femme. Et surtout, pour lui parler, ce qui n'est pas aisé, car le cœur de Bianca est de pierre. Une histoire dans laquelle le drame règne en permanence, Bolognini recréant fort bien l'ambiance misérable et déprimante de la fin de XIXè siècle. Le seul reproche serait peut-être le manque d'entrain, rythmant le film de manière parfois pesante. Si jeunes, Belmondo (27 ans) et Cardinale (22) offrent heureusement un tantinet de fraîcheur, alors qu'un autre français, Paul Frankeur
joue le rôle de l'oncle d'Amerigo, un véreux commerçant. Quoiqu'il en soit, Bebel savait de quelles actrices issues de la botte s'entourer, après Sophia Loren
dans 'La Ciociara
' et avant Gina Lollobrigida
dans 'La mer à boire
', Claudia Cardinale
dans 'La viaccia
' : sur trois ans à peine, il y aurait pu avoir plus maussade comme bilan…
Puis, entre l'affiche de La viaccia et celle de Combien tu m'aimes,
n'y aurait-il pas un rapport, un peu comme dans comme entre celle Du Rififi à Paname
et celle de Kill Bill…
Bertrand Blier s'inspirant du physique de Cardinale
pour Bellucci,
et Tarantino ne cachant pas son admiration pour le cinéma français…
Si vous aviez d'autres exemples…
Aux trois films italiens de Belmondo que vous citez, il ne faudrait pas oublier La Novice de Lattuada,
sur lequel je ne désespère pas de mettre la main en DVD…
Oui, effectivement, mais je voulais évoquer les 3 belles italiennes.
Ceci dit, Pascale Petit, ce n'était pas mal non plus!
Sorti également dans la collection kiosque Belmondo,
il y a certainement moyen de trouver ce DVD sur Ebay ou ailleurs.
La viaccia resort en salle à Paris, depuis mercredi dernier (Action école). Une riche idée ! Je vais aller m'y promener !
Vous faites bien, VincentP. Dans cette période fin des années cinquante / début des années soixante, Bolognini était sur une lancée, c'est clair. Je n'ai toujours pas vu Les Garçons(1959), dont on me dit le plus grand bien ; en revanche Le Bel Antonio
m'a drôlement impressionné. Alors comme cette Viaccia
date de 1961, je dis que ça vaut au moins la peine d'aller vérifier – chanceux que vous êtes !
Merci pour ces conseils, cher Arca. Je vais le voir ce week-end et vous tiens informé. A noter qu'il ressort en copie neuve, probable prélude à une édition dvd de qualité.
« …en copie neuve, probable prélude à une édition dvd de qualité. »
Ah, on me l'a fait, le coup du probable prélude. N'avez-vous pas vu L'Armata Brancaleone en salle dans une copie flambant neuve ? Et on l'attend toujours… De même du côté de Zurlini,
je crois me rappeler que Journal intime
était resssorti en salle à Paris il n'y a guère… et pourtant… Nous voilà comme le lieutenant Drogo à scruter le désert des Tartares
…
Eh bien, il y avait une espèce de semaine du cinéma québécois ces jours-ci à Paris, avec une programmation selon mon coeur c'est-à-dire un coup pour le cinéma d'auteur (La Donation de Bernard Émond, qui complète le cycle entrepris avec La Neuvaine) et un coup pour le cinéma de pur divertissement (De père en flic). C'est le principe no money no candy…
La Viaccia (1961) se déroule à Florence en 1865, dans un contexte social de lutte des classes (émergence du mouvement anarchiste ouvrier international, recourant à l'action violente). Les scénaristes Pasquale Festa Campanile,
Vasco Pratolini,
Massimo Franciosa adaptent un ouvrage écrit en 1889 par l'écrivain toscan Mario Pratesi, et décrivent les rapports sociaux de l'époque : société stratifiée, peu enclin aux mouvements ou aux changements, à l'émergence d'aptitudes, à l'acquisition de la propriété foncière. La tonalité de départ est d'obédience néoréaliste, les paysans travaillant la terre dans la misère la plus totale. Mauro Bolognini
emploie une mise en scène simple, efficace, sans fioritures pour décrire cet aspect social. Dans ce contexte, se développe une relation complexe entre Amerigo et Bianca, basée sur un désir passionnel et des aspirations sociales, non assouvies. Tout l'intérêt de la Viaccia
vient de la façon dont l'écriture cinématographique gère cette relation.
Le récit repose sur des rebondissements inattendus, un caractère énigmatique et non expliqué poussant le spectateur à s'impliquer, et à arbitrer les choix opérés par les personnages. Amerigo hésite quant à la voie à suivre, soucieux de respecter la morale familiale traditionnelle, intéressé par l'efficacité apparente de l'action anarchiste alors que Bianca cherche de façon plus pragmatique à échapper à la prostitution. La mise en scène utilise des arabesques sophistiquées gérées par Leonida Barboni (mouvements de caméras, images réfléchies par des miroirs) pour représenter l'état mental et physique de ces personnages. La musique de Piero Piccioni alterne notes sourdes et airs emplis d'allégresse, pour impliquer le spectateur émotionnellement. Les costumes de Piero Tosi et les décors naturels apportent la touche réaliste nécessaire. L'ensemble de ces éléments s’emboîte parfaitement pour produire une oeuvre phare du cinéma d'auteur du début des années 1960.
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