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Forum : Scènes de la vie conjugale

Sujet : Critique


De dumbledore, le 12 août 2005 à 00:56
Note du film : 6/6

Avec l'arrivée des années 70, Ingmar Bergman a de plus en plus de soucis pour financer ses films en Suède. En effet, l'économie cinématographique suédoise est en train de changer et Bergman n'arrive pas à toucher le public suédois, ses films ne fonctionnent qu'aux Etats-Unis et en France.

Il décide de se tourner vers la télévision pour tout à la fois financer son film et tenter de toucher enfin une cible populaire.

Faisant de la télévision, Bergman va adapter sa mise en scène à ce média différent. Il perd quelques peu de sa radicalité, même si l'utilisation des gros plans que favorise la télé correspond déjà au cinéma de Bergman. C'est dans la lumière que l'on sent le plus de différence. On passe bien évidemment à la couleur et les scènes sont très éclairées, sans vraiment d'ombres.

C'est en mars 1972, il se lance dans le projet avec un petit budget (150 000 dollars). Cette économie se retrouve dans le format de pellicule -16 mm – avec une équipe très réduite : chef opérateur, assistant caméra, ingénieur du son, représentant de la production et Siv Lundgren qui fait script et montage. Et voilà tout.

Le 18 mars, il part pour l'île de Faro et se plonge dans des histoires personnelles passées pendant trois mois d'écriture. Il structure son histoire en 6 scènes de 48 mn 30. Le premier jet est fini en 4 semaines. Il organise une répétition d'une dizaine de jours avec Erland Josephson et Liv Ullmann, et finit ensuite l'écriture.

L'histoire est d'une grande simplicité, puisqu'il s'agit de suivre un couple, Marianne et Johann, pendant quelques années. La première scène est une interview d'eux. Ils semblent être un modèle de couple, heureux, avec deux enfants. Ils ne disputent jamais, communiquent bien entre eux. Seulement, Johann va prendre une maîtresse et s'éloigner de Marianne. Leur couple se dissout jusqu'à l'inévitable divorce.

On comprend combien le sujet est proche de l'univers de Bergman et on retrouve ici tout son talent dans la construction des personnages avec quelques nuances par rapport à ses films de cinéma. Le personnage de Johann est comme tous ses personnages masculins : lâche et menteur. Le personnage féminin est différent de ceux qu'on avait pu voir jusque là dans son cinéma. Elle est d'une étonnante modernité : elle travaille (comme avocat), possède une certaine indépendance et ne souffre pas (à l'inverse des autres femmes de l'œuvre de Bergman) de névroses morales ou religieuses. Bergman avant l'heure avait compris que c'est par les personnages féminins qu'on peut "attraper" le public télévisuel.

La finesse de Bergman se retrouve dans les nuances psychologiques des personnages qui évoluent sans cesse, se dévoilent, passant d'une contradiction à une autre. Le film est ainsi transporté par un double mouvement. Par orgueil, Johann rejette Marianne mais découvre peu à peu qu'il est un minable, un analphabète affectif et qu'il ne peut se passer de sa femme qu'il considère plus comme une mère. Marianne, d'abord soumise et effondrée, se libèrera de son mari et trouvera une indépendance, une liberté qui n'est pas sans rappeler que le film est né à la période de la montée du féminisme !

Diffusé pendant 6 semaines, du 11 avril au 16 mai 1973, ces Scènes connaissent un très vif succès en Suède. On connaît même quelques désertions au travail pour ne pas manquer l'épisode du jour. Fait amusant également, le taux de divorce en Suède aurait augmenté dans les mois qui ont suivi. Les critiques, elles, ne sont pas enthousiastes et parlent de « mélo télévisuel ». En France, et aux Etats-Unis, le feuilleton sortira au cinéma dans une version raccourcie de moitié.


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De vincentp, le 16 septembre 2007 à 09:21
Note du film : 4/6

La transformation d'une oeuvre réalisée à l'origine pour la télévision en long-métrage n'est pas très réussie. Le film est long (plus de deux heures trente), et le divorce en question n'en finit pas. Autre problème : les coupures opérées fait que l'on passe un peu brutalement d'une situation de bonne entente dans le couple à un contexte de crise. On peut avoir du mal à adhérer.

Néanmoins l'interprétation est excellente, et l'actrice féminine, survoltée, réalise une véritable démonstration de composition dramatique. Voilà un film qui a abordé de façon fine et complète un sujet de société à un moment donné et qui a touché un public lors de sa sortie. Aujourd'hui, le thème du divorce s'est banalisé et Scènes de la vie conjugale a sans doute perdu de son impact, d'autant que la mise en scène est en retrait par rapport à ce qu'a pu réaliser le maître suédois.


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De vincentp, le 12 mars 2010 à 20:20
Note du film : 4/6

Seulement, Johann va prendre une maîtresse et s'éloigner de Marianne.

Malheureusement, Johann réalise ce que fit exactement Ingmar Bergman quelques années plus tôt (mot pour mot parfois, selon Bergman lui-même) vis à vis de sa propre épouse, l'abandonnant elle et ses quatre enfants en bas âge pour une autre femme.

Bergman explique dans le passionnant documentaire en 3X58 minutes que la télévision suédoise lui a consacré en 2004, qu'il quitta la puberté à l'âge de 58 ans… Le documentaire aborde la vie privée de Bergman pour mieux comprendre son processus de création artistique, bien sûr…


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