Sans méchanceté aucune, lorsqu'on songe à Annie Girardot, difficile peut-être, d'imaginer qu'elle reçut l'un ou l'autre rôle d'actrice séduisante. Mais contrairement à certaines apparences trompeuses, cette comédienne ayant au moins aussi mal vieilli que Simone Signoret en son temps, n'est pas juste l'incarnation de la « française moyenne » des années septante ou l'hystérique connue du grand public dans « La Zizanie ».

Jouant ici un rôle…d'actrice, elle ne résiste pas au charme de Henri (Jean-Paul Belmondo), le compositeur plein de répartie rencontré sur l'un de ses tournages aux Etats-Unis. Mais problème classique -certes encore peu courant en 1969- : tous les deux sont déjà mariés. Lelouch, donc, avec son style si particulier, nous fait très bien vivre cette infidélité malsaine et la b.o. (http://www.francis-lai.com/fr/films/60s/1homme.html) de son fidèle Francis Lai (« Chabada Chabada » pour rappel) nous traduit d'ailleurs bien cette incommodité. Certains l'apprécieront, d'autres la fuiront peut-être. Malgré cela, le voyage à travers le pays de l'oncle Sam reste assez plaisant, puisque l'on a droit à la visite du Grand Canyon, de Las Vegas, de New York…. La rayonnante Farah Fawcett, future héroïne des « Drôles de Dames », fait même partie du casting. Belmondo ici, n'est plus vraiment un jeune premier du noir et blanc et n'est pas encore le cascadeur de la couleur. Un peu comme si ce genre de rôle de « sage » délimitait ces deux aspects bien distincts de la personnalité de l'acteur. Telle une -jolie- transition dans sa longue carrière…

Un Lelouch moyen, qui part rapidement en quenouilles, et ne tient que sur le charme de ses deux vedettes en totale liberté. Bien sûr, les décors sont beaux, et Lelouch s'amuse beaucoup avec sa caméra-joujou, mais parfois quel ennui ! Seule la fin vaut vraiment qu'on voie le film, quand Girardot attend à l'aéroport. Elle a aussi une belle scène avec Marcel Bozzuffi qui joue son mari, qui lui dit froidement : "Je ne t'aime plus". A moitié raté, à moitié réussi, selon l'humeur.