Scorsese est toujours virtuose et la vie de Hughes est passionnante, mais son film l'est moins. Oscillant entre stylisation extrême, "biopic" quasi télévisuel (en mieux filmé, évidemment) et mélo amoureux laborieux, "Aviator" n'a pas l'élan des chefs-d'oeuvre du réalisateur et Di Caprio, étonnamment bon dans la seconde partie, est trop juvénile et superficiel dans la première. Sans parler du numéro de Cate Blanchett, qui singe Katharine Hepburn plutôt qu'elle ne l'incarne comme une imitatrice de talent. Un peu à l'image du film tout entier d'ailleurs, plus brillant que réellement touchant ou profond. Bien sûr le crash est hallucinant, la déchéance du mogul bien montrée et quelques seconds rôles (génial Alan Alda) remarquables, mais "Aviator" ne laisse pas énormément de souvenirs, contrairement au téléfilm qu'avait tourné Tommy Lee Jones dans les années 70, plus rudimentaire mais plus mémorable. Quand est-ce que Scorsese va retrouver De Niro pour un film de gangsters ?

Grosse surprise dès les premiers plans (avec les biplans) : il existait, paraît-il, à l'origine une séquence où le cadre tellement serré des évolutions des appareils fait que deux de ceux-ci entrent en collision en vol et que Hugues n'en éprouve aucun sentiment.

Ca me paraissait un élément important dans la mesure où le tempérament de l'homme était quelque peu bien mis en exergue. Ca donnait, pour moi, tout le ton du film. Séquence violente.

Effectivement, la seconde partie est intéressante mais il est quand même dommage qu'il faille attendre cette seconde partie pour éprouver un sentiment quelconque à l'égard d'un homme dont les défauts et les qualités ont fait évoluer ou permis de faire évoluer un certain nombre de techniques. Les côtés affreux s'oublient pour ne laisser que les côtés positifs, dans certains cas, dans d'autres, c'est l'inverse. Mais çà, c'est une autre vision de l'histoire des civilisations.

Ce que je reproche à Scorcese, et là c'est au vu de divers films que j'ai appréciés de façon très inégale, c'est qu'il nous fiche un film où on s'emmerde quasiment toute la durée pour ne trouver que dans les dernières séquences ou qu'il nous crée une ouverture digne de celle d'Orange Mécanique de Kubrick dont l'effet disparaît rapidement pour que nous nous trouvions à nouveau éveillés à la dernière séquence pour peu que l'on n'ait pas lâché avant.

En ce qui concerne les interviews données par monsieur Scorcese et ses interprêtes lors de la présentation d'Aviator, c'est d'un tel banal que si, à la même époque, nous avions eu la télé (hors pour le lecteur de DVD il n'y a pas de télé chez nous) je ne m'en serais guère soucié…

J'ai fait un gros effort en donnant une note de 3/6.

Grosse erreur aussi à propos d'Aviator dans le choix des "stars" (quelles stars ?) actuelles pour réincarner des stars mythiques.

Je partage entièrement ce point de vue de Pm Jarriq. Et d'autres que moi également. J'ajoute que l'inteprétation de l'acteur qui joue Flynn (Jude Law ?) est grotesque. Mais il y a surtout au départ un problème de scénario, qui ne cadre pas assez son sujet, qui s'éparpille et qui n'aboutit à rien. Dommage, car certaines séquences sont très réussies.