Immense déception, pour qui, comme moi, tient René Clair pour un réalisateur tout d'élégance et de brio ! Je viens de regarder pour la première fois ce Silence est d'or,
jugé assez favorablement par la critique et ça m'a paru d'une fausseté, d'une niaiserie et d'un ennui incommensurables !
Que Maurice Chevalier cabotine à qui mieux mieux n'est pas grave en soi : il avait bien plus de talent comme artiste de music-hall que comme acteur (voir Gigi
du grand Minelli où il est aussi crispant que l'Amérique peut l'imaginer d'un vieux beau) ; mais François Périer
m'a semblé comme accablé du rôle faux qu'on lui fait jouer et Dany Robin,
si ravissante est quasi invisible !
Tout cela paraît tellement artificiel, médiocre, boulevardier !
Un film à oublier….
Heureusement, le René Clair de Sous les toits de Paris, A nous la liberté,
Ma femme est une sorcière
et C'est arrivé demain
n'était pas tout à fait mort, puisqu'il nous a encore donné ces admirables Grandes manœuvres
qui suffiraient seules à me réconcilier avec lui…
Une superbe réussite, mixant des éléments contraires ou complémentaires : aspects collectifs et individuels, cadre social et artistique, gravité et légèreté (la fin du film réunissant tous ces aspects, dans un esprit de synthèse, est magnifique)… La mise en scène est brillante, mais également la direction d'acteurs et toutes les composantes de ce qui concourt à l'écriture cinématographique (dialogues, personnages secondaires, décors, musique, costumes,…). René Clair (au sommet de son art) alterne en particulier subtilement plongées, contre-plongées, plans d'ensemble, plans moyens pour attirer le regard ou l'attention du spectateur sur tel ou tel aspect du récit. La simple gestion des déplacements des personnages au sein du cadre, la modulation de leurs voix, la gestion de leurs regards, est tout simplement admirable. Des aspects qui font penser au cinéma de Lubitsch (The shop around the corner).
Un mode similaire pour aborder les relations homme-femme et pour produire tout en douceur des émotions basées sur ce thème.
Une des plus belles réussites, à mon avis, du cinéma français de répertoire.
Il m'est arrivé de ne pas partager vos goûts, Vincentp, ou d'ignorer certains de vos centre d'intérêt, ou encore, de manière plus polémique, de prendre un contrepied… mais sur un film sans importance ou un réalisateur qui est ma tête de Turc…
Mais là ! Je ne comprends pas… J'apprécie suffisamment René Clair, sans le porter au pinacle et il n'y a de ma part, avec les acteurs du Silence est d'or,
aucun contentieux… Alors ?
Je m'interroge… J'ai vu deux fois le film… Il va falloir que je le regarde une troisième fois pour comprendre nos disparités de points de vue…
Il arrive en toute bonne foi d'exprimer sur la même oeuvre des avis complètement opposés, et c'est ce qui fait un des intérêts de ce forum. J'avoue être surpris ici par l'avis de Impétueux, d'autant qu'il concerne un film de répertoire français, tout de même assez réputé. Il m'a semblé que ce film est très légèrement décalé par rapport à une certaine forme d'académisme. Ce point peut toucher favorablement un spectateur et pas le spectateur d'à côté. D'autre part, le parcours de René Clair fait qu'il me semble avoir assimilé à son compte certains éléments de la comédie américaine et ne pas être tout à fait dans les canons du vaudeville français. Cet aspect-là aussi peut ne pas plaire.
J'ai été pour ce présent film particulièrement impressionné par la performance toute en finesse de François Périer. Un grand acteur assurément !
Le silence est d'or me parait être une des grandes réussites de René Clair (plus réussi que Les Grandes manœuvres
par exemple).
Mais nous attendons d'autres avis de cinéphiles pour nous apporter un éclairage complémentaire.
Si ce film est un chef d'oeuvre , il existe des centaines de films français nettement supérieurs à celui-ci .
NOTE : 4/6.
Un conseil : si vous avez un avis, essayez d'argumenter celui-ci, car en l'état il ne peut être pris en considération.
Je voulais attendre demain pour vous parler de ce film, passé sur France 2 à une heure déraisonnable, mais je préfère le faire de suite tant que je l'ai bien en tête. D'abord, la première chose que j'ai envie de dire, c'est que l'on ne me fera pas croire que Renoir ne s'est pas inspiré de ce film pour son French Cancan.
Il nous est impossible de ne pas y penser fortement et à plusieurs reprises. Bien sûr, Maurice Chevalier
n'est pas Gabin
et les acteurs du muet lèvent la jambe moins haut que les filles de La reine blanche. Et si doute subsiste encore, la scène finale vient confirmer cette impression. Avant de visionner le film, je suis venu lire vos critiques, messieurs Vincentp et Impétueux. Alors voyons voir :
Le silence est d'or est un excellent film. Aux multiples chansons qui nous ramènent à d'autres films. Le petit coeur de Ninon et apparait alors La Lison de La bête humaine.
Tout ça n'vaut pas l'amour ! et c'est henri Danglard qui rythme la cadence dans French Cancan.
Et même Par le petit bout de la lorgnette que je croyais inventé par Jacques Martin
dans les années 70, pour son émission éponyme. Une distribution sans faille. Une histoire morale et livrée avec beaucoup de chasteté. Du grand et bon, très bon cinéma.
Je me range donc plutôt du côté de l'avis de Vincentp, sans hésitation.
La constance dans la défense de ce Silence est d'or par des amateurs dont j'apprécie les goûts m'oblige à me demander si je ne suis pas frappé d'un maraboutage lorsque je regarde le film. Car tout de même avoir un avis aussi cruellement divergent me gêne…
Je ne promets pas de me livrer à un revisionnage dans les jours qui viennent, parce que j'ai un programme de DVD assez chargé, mais j'essayerai…. et peut-être serai-je touché par la Grâce !
En tous cas, bravo à Tamatoa pour ce compte-rendu très complet, et bien argumenté, rédigé en pleine nuit. Il y avait en effet urgence à confirmer mon point de vue !
Par ailleurs, le jeu guère nuancé et caricatural de Maurice Chevalier peut être exaspérant. J'avais eu, pour cette raison, un mauvais avis initial pour Ariane avant de changer radialement d'avis lors d'une seconde vision du film, quelques années plus tard.
Concernant, le jeu de Maurice Chevalier (dont je ne suis pas du tout client), je suis d'accord avec Tamatoa : il est sobre dans ce film. A l'origine, son personnage devait être joué par Raimu
; je me demande bien ce que cela aurait pu donner. Personnellement, je me dis qu'Albert Préjean
aurait sans doute fait l'affaire.
Sinon, si j'ai regretté le passage éclair de Dany Robin, j'ai été touché par le personnage de Marcelle Derrien. Enfin, les employés d'Emile Clément (Chevalier) – Raymond Cordy
en tête – m'ont bien fait rire lorsqu'ils jouaient les chaperons veillant sur l'honneur de la jeune provinciale.
Un regret : trop de plans tournés en transparence dans ce film (une pratique contestable, peut-être attrapée comme un sale rhume pendant l'exil aux Etats-Unis).
Personnellement, je me dis qu'Albert Préjean aurait sans doute fait l'affaire.
Figurez vous que j'y ai pensé, M'sieur l'commissaire, j'y ai pensé ! Et j'ai même imaginé que le rôle de François Perier aurait bien fait l'affaire de Gérard Philipe.
Pour les plans tournés en "transparence", c'est vrai. Mais je les ai trouvé bien gérés. Beaucoup moins laids que ceux, (par exemple, car ils sont présents dans beaucoup de films) de L'air de Paris.
L'intérêt du film n'est pas là, évidemment. Il a été tourné par René Clair, fraîchement revenu des États-Unis, où il avait fait une très honorable carrière, en 46/47, c'est-à-dire 50 ans, à une année près, avec la naissance du cinéma, en décembre 1895. Et c'est le foisonnement, l'efflorescence; les découvertes de trucs, procédés, finesses du 7ème art commençant qui est, assez largement, le meilleur du Silence est d'or
Sensation, en tout cas qu'une forme nouvelle et merveilleuse de spectacle vient de faire son entrée dans le paysage…. On est encore bien près du théâtre et du music-hall, on va et vient entre eux mais quelque chose est né, qui sera le grand art du 20ème siècle et qui n'est peut-être pas tout à fait agonisant aujourd'hui.
Maurice ChevalierHeureux d'avoir pu raviser mon jugement trop négatif, je ne vais tout de même pas chanter merveilles…
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