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Forum : Le Silence est d'or

Sujet : Extrêmement médiocre !


De Impétueux, le 7 mai 2005 à 17:09
Note du film : 4/6

Immense déception, pour qui, comme moi, tient René Clair pour un réalisateur tout d'élégance et de brio ! Je viens de regarder pour la première fois ce Silence est d'or, jugé assez favorablement par la critique et ça m'a paru d'une fausseté, d'une niaiserie et d'un ennui incommensurables !

Que Maurice Chevalier cabotine à qui mieux mieux n'est pas grave en soi : il avait bien plus de talent comme artiste de music-hall que comme acteur (voir Gigi du grand Minelli où il est aussi crispant que l'Amérique peut l'imaginer d'un vieux beau) ; mais François Périer m'a semblé comme accablé du rôle faux qu'on lui fait jouer et Dany Robin, si ravissante est quasi invisible !

Tout cela paraît tellement artificiel, médiocre, boulevardier !

Un film à oublier….

Heureusement, le René Clair de Sous les toits de Paris, A nous la liberté, Ma femme est une sorcière et C'est arrivé demain n'était pas tout à fait mort, puisqu'il nous a encore donné ces admirables Grandes manœuvres qui suffiraient seules à me réconcilier avec lui…


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De vincentp, le 15 avril 2012 à 21:35
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Une superbe réussite, mixant des éléments contraires ou complémentaires : aspects collectifs et individuels, cadre social et artistique, gravité et légèreté (la fin du film réunissant tous ces aspects, dans un esprit de synthèse, est magnifique)… La mise en scène est brillante, mais également la direction d'acteurs et toutes les composantes de ce qui concourt à l'écriture cinématographique (dialogues, personnages secondaires, décors, musique, costumes,…). René Clair (au sommet de son art) alterne en particulier subtilement plongées, contre-plongées, plans d'ensemble, plans moyens pour attirer le regard ou l'attention du spectateur sur tel ou tel aspect du récit. La simple gestion des déplacements des personnages au sein du cadre, la modulation de leurs voix, la gestion de leurs regards, est tout simplement admirable. Des aspects qui font penser au cinéma de Lubitsch (The shop around the corner). Un mode similaire pour aborder les relations homme-femme et pour produire tout en douceur des émotions basées sur ce thème.

Une des plus belles réussites, à mon avis, du cinéma français de répertoire.


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De Impétueux, le 16 avril 2012 à 20:15
Note du film : 4/6

Il m'est arrivé de ne pas partager vos goûts, Vincentp, ou d'ignorer certains de vos centre d'intérêt, ou encore, de manière plus polémique, de prendre un contrepied… mais sur un film sans importance ou un réalisateur qui est ma tête de Turc…

Mais là ! Je ne comprends pas… J'apprécie suffisamment René Clair, sans le porter au pinacle et il n'y a de ma part, avec les acteurs du Silence est d'or, aucun contentieux… Alors ?

Je m'interroge… J'ai vu deux fois le film… Il va falloir que je le regarde une troisième fois pour comprendre nos disparités de points de vue…


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De vincentp, le 16 août 2012 à 22:06
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Il arrive en toute bonne foi d'exprimer sur la même oeuvre des avis complètement opposés, et c'est ce qui fait un des intérêts de ce forum. J'avoue être surpris ici par l'avis de Impétueux, d'autant qu'il concerne un film de répertoire français, tout de même assez réputé. Il m'a semblé que ce film est très légèrement décalé par rapport à une certaine forme d'académisme. Ce point peut toucher favorablement un spectateur et pas le spectateur d'à côté. D'autre part, le parcours de René Clair fait qu'il me semble avoir assimilé à son compte certains éléments de la comédie américaine et ne pas être tout à fait dans les canons du vaudeville français. Cet aspect-là aussi peut ne pas plaire.

J'ai été pour ce présent film particulièrement impressionné par la performance toute en finesse de François Périer. Un grand acteur assurément !

Le silence est d'or me parait être une des grandes réussites de René Clair (plus réussi que Les Grandes manœuvres par exemple).

Mais nous attendons d'autres avis de cinéphiles pour nous apporter un éclairage complémentaire.


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De pauley, le 19 août 2012 à 12:39

Si ce film est un chef d'oeuvre , il existe des centaines de films français nettement supérieurs à celui-ci .

NOTE : 4/6.


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De vincentp, le 19 août 2012 à 14:43
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Un conseil : si vous avez un avis, essayez d'argumenter celui-ci, car en l'état il ne peut être pris en considération.


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De Tamatoa, le 15 mai 2013 à 04:13
Note du film : 5/6

Je voulais attendre demain pour vous parler de ce film, passé sur France 2 à une heure déraisonnable, mais je préfère le faire de suite tant que je l'ai bien en tête. D'abord, la première chose que j'ai envie de dire, c'est que l'on ne me fera pas croire que Renoir ne s'est pas inspiré de ce film pour son French Cancan. Il nous est impossible de ne pas y penser fortement et à plusieurs reprises. Bien sûr, Maurice Chevalier n'est pas Gabin et les acteurs du muet lèvent la jambe moins haut que les filles de La reine blanche. Et si doute subsiste encore, la scène finale vient confirmer cette impression. Avant de visionner le film, je suis venu lire vos critiques, messieurs Vincentp et Impétueux. Alors voyons voir :

Que Maurice Chevalier cabotine à qui mieux mieux n'est pas grave en soi.. (Impétueux). Sans la moindre envie de vous contrarier, je ne l'ai jamais vu aussi sobre ! Avez vous vu J'avais sept filles ? Ma pomme ? Avec le sourire ? Les enfants du capitaine Grant ? Là, on peut parler de cabotinage. Et de plus, chez un Chanteur/acteur qui n'était nullement à sa place, vous le soulignez d'ailleurs, au cinéma. Dans le silence est d'or, il m'a épaté par sa justesse de ton et une certaine retenue qui n'est pas son habitude première devant une caméra. François Périer m'a semblé comme accablé du rôle faux qu'on lui fait jouer... Personnellement, je l'ai senti très à l'aise . Peut-être et sûrement moins impressionné que devant Jouvet qu'il venait de croiser dans Un revenant. Bien sûr, il n'est pas "dans le bain" comme il le sera magistralement dix ans plus tard dans le magnifique Gervaise, mais il est loin de faire tâche dans sa composition. Un film à oublier.. Permettez moi de vous contredire à nouveau, ami ! Je n'irai pas, comme Vincentp le fait, jusqu'à taxer ce film de chef-d'oeuvre. Mais j'ai vu un film que je qualifierai de raffiné et délicat. Adroitement construit et dirigé. De plus, doté d'un humour très pointu. Je ne suis pas un Tue-riz-fée-R.E.R (je ne sais pas l'écrire) des films de René Clair. Je garde un très bon souvenir de A Nous la liberté et de Sous les toits de Paris mais ma mémoire me souffle que je n'ai vu que ces deux là et elle ajoute dans la foulée qu'elle n'oublira pas de sitôt ce Silence là ! D'autre part, vous vous plaigniez que Dany Robin se fasse si rare. J'ai envie de vous répondre: Tant mieux car elle est remplacée, si je puis dire, par la très jolie et très douce Marcelle Derrien. Belle actrice que je ne connaissais pas. Ne serait ce que pour elle, oublier ce film serait un sacrilège !

C'est donc un très bon film et un très agréable moment que je viens de passer. De plus, j'avais lu , de la plume de Vincentp :
René Clair (au sommet de son art) alterne en particulier subtilement plongées, contre-plongées, plans d'ensemble, plans moyens pour attirer le regard ou l'attention du spectateur sur tel ou tel aspect du récit.
D'habitude, je ne fais guère cas de ce genre de détails techniques. Je vois un film dans son ensemble sans m'arrêter à celà. Or, ayant été prévenu par Vincentp, j'ai fais très attention à ce procédé. Et bien d'une part c'est tout à fait exact et j'ajoute que c'est très digeste pour le spectateur. Ca coule bien, sans accrocs. C'est une sorte de danse qui nous fait mieux apprécier l'histoire. Il faudrait que je m'intérresse un peu plus à ce côté du cinéma. Je pense que l'on doit y gagner en crédibilité critique. De plus, Vincentp évoque "la douceur" en parlant de cette oeuvre. Et elle est palpable, cette douceur. C'est un film caressant… Mais là où il met encore plus dans le mille c'est quand il évoque "la gestion de leurs regards" ! C'est tout à fait vrai et la pudeur en découle naturellement. Voilà encore des choses qui m'échappent habituellement. Nous sommes également agréablement surpris de voir comment René Clair traite le muet. Du moins, le tournage d'un film muet. Et je n'ai pas pu m'empêcher de penser que dans les studios de Chaplin, ce devait être moins plan-plan…

Le silence est d'or est un excellent film. Aux multiples chansons qui nous ramènent à d'autres films. Le petit coeur de Ninon et apparait alors La Lison de La bête humaine. Tout ça n'vaut pas l'amour ! et c'est henri Danglard qui rythme la cadence dans French Cancan. Et même Par le petit bout de la lorgnette que je croyais inventé par Jacques Martin dans les années 70, pour son émission éponyme. Une distribution sans faille. Une histoire morale et livrée avec beaucoup de chasteté. Du grand et bon, très bon cinéma.

Je me range donc plutôt du côté de l'avis de Vincentp, sans hésitation.


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De Impétueux, le 15 mai 2013 à 12:25
Note du film : 4/6

La constance dans la défense de ce Silence est d'or par des amateurs dont j'apprécie les goûts m'oblige à me demander si je ne suis pas frappé d'un maraboutage lorsque je regarde le film. Car tout de même avoir un avis aussi cruellement divergent me gêne…

Je ne promets pas de me livrer à un revisionnage dans les jours qui viennent, parce que j'ai un programme de DVD assez chargé, mais j'essayerai…. et peut-être serai-je touché par la Grâce !


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De vincentp, le 15 mai 2013 à 15:27
Note du film : Chef-d'Oeuvre

En tous cas, bravo à Tamatoa pour ce compte-rendu très complet, et bien argumenté, rédigé en pleine nuit. Il y avait en effet urgence à confirmer mon point de vue !

Par ailleurs, le jeu guère nuancé et caricatural de Maurice Chevalier peut être exaspérant. J'avais eu, pour cette raison, un mauvais avis initial pour Ariane avant de changer radialement d'avis lors d'une seconde vision du film, quelques années plus tard.


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De Commissaire Juve, le 16 mai 2013 à 01:34
Note du film : 4/6

Concernant, le jeu de Maurice Chevalier (dont je ne suis pas du tout client), je suis d'accord avec Tamatoa : il est sobre dans ce film. A l'origine, son personnage devait être joué par Raimu ; je me demande bien ce que cela aurait pu donner. Personnellement, je me dis qu'Albert Préjean aurait sans doute fait l'affaire.

Sinon, si j'ai regretté le passage éclair de Dany Robin, j'ai été touché par le personnage de Marcelle Derrien. Enfin, les employés d'Emile Clément (Chevalier) – Raymond Cordy en tête – m'ont bien fait rire lorsqu'ils jouaient les chaperons veillant sur l'honneur de la jeune provinciale.

Un regret : trop de plans tournés en transparence dans ce film (une pratique contestable, peut-être attrapée comme un sale rhume pendant l'exil aux Etats-Unis).


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De Tamatoa, le 16 mai 2013 à 18:52
Note du film : 5/6

Personnellement, je me dis qu'Albert Préjean aurait sans doute fait l'affaire.

Figurez vous que j'y ai pensé, M'sieur l'commissaire, j'y ai pensé ! Et j'ai même imaginé que le rôle de François Perier aurait bien fait l'affaire de Gérard Philipe. Pour les plans tournés en "transparence", c'est vrai. Mais je les ai trouvé bien gérés. Beaucoup moins laids que ceux, (par exemple, car ils sont présents dans beaucoup de films) de L'air de Paris.


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De Impétueux, le 3 février 2016 à 15:11
Note du film : 4/6

Et voilà que la corde au cou, pieds nus et en chemise, tel qu'étaient les Bourgeois de Calais dont la reddition au Goddon Édouard III en 1346 a bouleversé notre enfance, la tête couverte de cendres, tel l'empereur Théodose implorant la clémence de Saint Ambroise à Milan en 390, le cœur déchiré, tel Napoléon à Fontainebleau lors de ses adieux à ses grognards le 6 avril 1814, je viens ici capituler. Après avoir revu pour la troisième fois en dix ans Le silence est d'or, je révise mon jugement, je rehausse ma note et je donne raison à ceux qui ont, avant moi, apprécié le film de René Clair.

Ce n'est pas pour autant que je vais le placer en haut de mon Panthéon, tout de même : l'intrigue est indigente, par exemple. Mais je sens qu'on va me dire que sa naïveté n'est qu'apparente et que son côté rose est volontairement accentué. Et cela pour donner au chromo un aspect légèrement mordoré, semblable à ces cartes postales sentimentales coloriées et ornées de vers de mirliton qu'on trouvait encore chez tous les marchands de journaux il y a trente ou quarante ans et que les touristes du monde entier peuvent acheter dans les boîtes à bouquins des quais de Seine. On peut voir ainsi les choses, de fait, mais tout de même on se demande bien à quel moment les quiproquos et les faux-semblants seront levés et quand le jeune premier Jacques Francet (François Périer) récupérera la jeune fille, Madeleine Célestin (Marcelle Derrien) qui lui est évidemment promise de toute éternité.

L'intérêt du film n'est pas là, évidemment. Il a été tourné par René Clair, fraîchement revenu des États-Unis, où il avait fait une très honorable carrière, en 46/47, c'est-à-dire 50 ans, à une année près, avec la naissance du cinéma, en décembre 1895. Et c'est le foisonnement, l'efflorescence; les découvertes de trucs, procédés, finesses du 7ème art commençant qui est, assez largement, le meilleur du Silence est d'or

C'est très charmant, cette reconstitution de ce que furent les débuts du cinéma. Aussi bien dans la présentation aux spectateurs du nouveau divertissement (le pianiste improvisant une musique au gré des péripéties, le diseur qui résume l'action et restitue ce que seraient les dialogues) que dans le tournage de myriades de petits films drôles ou tragiques, funambulesques ou historiques ; roulements d'yeux des acteurs, gestes démesurés, mélodrames exaltés, farces et culbutes, toiles peintes des décors, premiers trucages…

Sensation, en tout cas qu'une forme nouvelle et merveilleuse de spectacle vient de faire son entrée dans le paysage…. On est encore bien près du théâtre et du music-hall, on va et vient entre eux mais quelque chose est né, qui sera le grand art du 20ème siècle et qui n'est peut-être pas tout à fait agonisant aujourd'hui.

Maurice Chevalier plus hédoniste, moins brutal, moins passionné que Jean Gabin de French Cancan a, finalement autant de légèreté charmeuse que dans Gigi de Minnelli, François Périer en fait un soupçon de trop, mais les petits personnages du studio, Raymond Cordy, Paul Ollivier, Gaston Modot sont délicieux, souvent habitués du cinéma de René Clair d'ailleurs. Et Roland Armontel, détaillant à la perfection Par le petit bout de la lorgnette est parfait en père égoïste de Madeleine, la brave petite héroïne (mais je ne trouve pas que Marcelle Derrien, dont le visage est un peu mou, est vraiment séduisante).

Heureux d'avoir pu raviser mon jugement trop négatif, je ne vais tout de même pas chanter merveilles…


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