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Forum : Le Bouc

Sujet : Critique


De dumbledore, le 4 avril 2005 à 07:01
Note du film : 4/6

Le bouc est le deuxième film de Rainer Werner Fassbinder. Il s'agit également d'un des films les plus radicaux de l'auteur, mais d'une radicalité qui respire la jeunesse du réalisateur, à savoir très théorique et loin des affects. L'histoire est celle d'une petite communauté, des voisins qui se connaissent, qui se retrouve en bas d'un immeuble, qui s'ennuient et qui se parlent. Leur quotidien est troublé par l'arrivée d'un Grec qui va habité chez l'un d'eux (les étrangers sont de bons clients car ils connaissent moins bien les règles d'usage). Cette présence va transformer les frustrations de chacuns en haine.

Le sujet est bien évidemment fort et puissant, et constitue chez Rainer Werner Fassbinder une figure récurrente qu'il développe notamment dans Tous les autres s'appellent Ali avec une histoire très similaire. Mais le réalisateur ne la traite pas avec la dramatisation qu'on pourrait attendre. Il reste au contraire distant, rendant cette haine moins spectaculaire mais on ne peut plus commune, naturelle et finalement terrible. L'agression même, inévitable, est très vite banalisée. Elle n'est pas « extra-ordinaire », elle est tout simplement « ordinaire ». Chronique de la Haine ordinaire aurait pu être ici le sous-titre de ce film allemand post-Seconde Guerre mondiale.

La mise en scène est très radicale avons-nous dit. Tout d'abord par un noir et blanc alors que le film date de 1970. Ensuite un rythme très lent, avec des cadres toujours très frontal et un système de répétitions de plans et de décors (on voit souvent les mêmes décors, filmés alors de façons similiaires). Très peu de perspective ou de composition complexe dans ces cadres. Souvent même des décadrages offrant beaucoup d'air au dessus des personnages. Cette frontalité correspond au thème traité ici : la crudité de vies de couples ennuyeuses, simple reflet de l'ennui des individus présenté et banalisation de l'agression qui ne remet pas en question le cadre dans lequel elle se passe.

Les sujets abordés par ces couples quand ils communiquent sont d'ailleurs souvent les mêmes : l'argent tout d'abord mais aussi le pourquoi de la raison d'être du couple en lui-même. Les réponses à ces questions sont toujours les mêmes : la noirceur, la dépression… Jusqu'à l'arrivée de l'étranger qui va transformer cette frustration en haine. Il va être accusé de « voler les femmes » avant de « voler l'argent » et de vouloir « pervertir le système politique du pays ».

Le jeu des comédiens va dans le même sens. On a réellement l'impression qu'ils s'ennuient et qu'ils donnent à leurs personnages le moins d'incarnation possible. Pas d'affects, pas de réactions, un calme qu'on aurait presque envie de qualifié de clinique.

La contre-partie de ces choix esthétique est de donner au film une longueur et une lenteur qui pourront rebuter malheureusement plus d'un.


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