Mais qui parlerait de Catherine Breillat si elle s'écartait de son sujet exclusif ?

Que l'on puisse filmer le cul n'a rien pour me choquer et tout le cinéma s'est constitué autour du désir, que les corps soient montrés (ah ! la qualité de la chair de Bardot dans Et Dieu créa la femme) ou dissimulée (invraisemblable puissance du désir à l'état brut de L'Atalante) ; qu'il y ait des films légers ou graves, souriants ou pathétiques autour du plaisir est à l'image de la vie…

Mais que cette mémère hystérique post-soixante-huitarde n'ait comme manière d'expression, comme ultima ratio de son cinéma que des ressassements qui se prennent au sérieux sur ses obsessions indique clairement son orientation : faut bien vivre, et on sait qu'avec du semi-porno on aura à la fois l'avance sur recettes, la considération du Nouvel Observateur et un nombre minimum de spectateurs (qui, soit dit en passant, feraient mieux de s'astiquer tranquillement chez eux devant le porno du Samedi soir sur Canal+ : c'est finalement moins dégradant que d'aller voir du Breillat)

Je viens de découvrir cet "Anatomie De L'Enfer à la suite de "Sex Is Comedy". Si ce dernier n'est qu'un téléfilm bobo dont les problèmes existentiels n'intéressent personne sinon la réalisatrice égocentrique au point de s'imaginer dans la peau d'une mince jeune femme qui suscite le désir de tous les hommes de son entourage, il en est bien autrement pour le premier.

Inutile de s'attarder sur les scènes "choc" qui ne choqueront que les puritains et ceux qui ont un problème avec leur corps et le sexe en général. Le plus génant est le discours particulièrement immonde et condamnable. On glisse de l'homophobie pure et simple à une déclaration de haine envers, non pas seulement les hommes, mais pour le genre humain en général. Les procédés de personnification de l'homme à base de clichés tout droit sortis du Café du Commerce, ne sont pas tellement éloignés des films de propagande tels que "Birth Of A Nation" de David wark griffith ou "Le Juif Süss" de Veit Harlan sans oublier les films Américains récents tels que "Delta Force"… Et oui, l'homme est un monstre, haineux, destructeur, égoïste, lâche et incapable de se remettre en question. Et c'est bien parce que Catherine Breillat se lâche qu'elle arrive à un film formellement plus intéressant. Enfin, il y a un beau plan qui revient réguièrement : Rocco Sifreddi, face aux puissantes vagues de l'océan.

Mais cet élan de beauté formel n'excuse pas cette haine qui suinte par toutes les trames de chaque image de chaque plan. Il serait temps de se pencher sur le cas Breillat, d'analyser enfin les constantes thématiques réactionnaires de ses films pour dénoncer le travail de propagande sexiste, raciste de la réalisatrice franchouillarde la plus surestimée de ces dernières années.

Avec "Anatomie de l'enfer" (quel beau titre, promesse de soirée familiale doucereuse….!), Dame Breillat signe son chef-d'œuvre, audacieux, lyrique et poétique. Artistiquement découpé en 4 parties correspondant aux 4 nuits durant lesquelles la belle Amira Casar et le viril Rocco Siffredi vont se croiser, se chercher et finalement copuler dans une scène d'une grande tendresse….

Acteur faisant de l'ombre à Al Pacino, Siffredi ("Fifi" pour les intimes) étonne par son intensité, notamment dans la scène très dense dans laquelle il boit un verre où Amira a préalablement déposé un tampon souillé. Délicieux….

Ah je m'excuse, on vient de me dire que ce serait tout le contraire…. "Anatomie de l'enfer" (quel titre prétentieux !!) ne serait qu'un étalage particulièrement rance des fantasmes de Dame Breillat, joué par un Siffredi sexy comme un kebab trop cuit et doué comme une endive…..

Post-scriptum : je mets 1/6 pour le talent et la beauté dénudée d'Amira Casar.