J'ignorais que le chef-d'oeuvre absolu de Graham Greene avait été porté à l'écran. Et par Preminger
en plus ! John Gielgud,
Nicol Williamson
… Ma foi, je salive ! Qu'en est-il de ce film?
Eh bien, maintenant je sais, malédiction ! Je savais Preminger hautement inégal, mais au point de rater pareil sujet en or, j'en suis ébaubi. Comment, d'un récit aussi implacable, réussir à tirer cette espèce de téléfilm filandreux? Seul bon côté : maintenant que j'ai vu bien pire, je vais sans doute revoir d'un oeil plus amène La Fin d'une liaison
et The Quiet American
…
Ainsi donc, les deux chefs-d'oeuvre absolus de Graham Greene, The Power and the Glory et The Human Factor, des oeuvres d'une tension si extraordinaire, si prenantes, si fortes, qui en disent si long sur leur siècle, des oeuvres aux personnages si convaincants que ça tient du prodige, des oeuvres qui semblent faites pour se retrouver au grand écran, ont donné lieu toutes deux à de spectaculaires ratages : Dieu est mort
de John Ford
et cette pale oeuvrette d'Otto Preminger.
Je n'en reviens pas.
Même Nicol Williamson – au départ, le casting idéal pour interpréter Maurice Castle – n'a pas l'air de vraiment trouver ses marques. Iman, dans le rôle de Sarah, n'est pas forte, forte, alors qu'il est essentiel qu'elle soit magique. L'amour de Castle et Sarah, c'est la clé de voûte du récit. C'est ça le facteur humain. La condition no. 1 pour réussir le film, c'est d'arriver à rendre à l'écran cet amour si fort d'un couple uni comme le roc, un amour duquel va tout naturellement découler une trahison. Même Robert Morley,
que j'aime tant d'habitude, n'est pas à sa place dans le rôle du docteur Percival : il est truculent et immédiatement odieux, alors que le Percival du livre est un personnage absolument banal… dans le sens de la "banalité du mal" comme l'entendait Hannah Arendt. Richard Attenborough
est plutôt pâle – mais ça, ce n'est pas nouveau. Si bien que seuls Derek Jacobi,
en victime innocente d'une bureaucratie paranoïaque, et Ann Todd
s'en tirent avec les honneurs, cette dernière dans le rôle de la mère de Castle, une raciste qui cache bien son jeu… tant que son fils est dans le décor. (J'allais oublier Sir John Gielgud,
qui est bien entendu parfait, comme d'habitude.)
La Guerre Froide et l'Apartheid étant terminés, il n'y aura sans doute jamais de remake. Eh bien, pour une fois, c'est dommage.
Quoi qu'il en soit, si ce n'est déjà fait, lisez Le Facteur humain, inoubliable roman d'espionnage de Graham Greene, qui est aussi un des grands romans tout court du XXème siècle.
Tu as regardé ce film en huit minutes ?
4h04 : je me demande… 4h12 : je sais…
Ceci explique peut-être ce jugement négatif !
S'agissait-il d'un rêve vu l'heure nocturne ?
Ou bien, somnanbule, tu as enclenché la vitesse X32 ?
Hi! Hi! Hi! Je pense que j'ai corrigé une faute d'orthographe dans mon premier message et que la date qui apparaît est celle de la dernière modification.
J'ai relu les différents avis (ils ne sont pas nombreux) échangés à propos de ce dernier film de Preminger.
Il y a un gros problème : la durée du film a été tronquée. Cà, c'est déjà un point. A partir de cela, le montage en apparaît donc très différent.
La version que j'ai vue, en conséquence, ne m'a pas particulièrement inspiré mais, je pense, les derniers films qui caractérisent l'oeuvre de Preminger n'ont pas été mieux lotis. Je croirais aisément qu'après son Tempête à Washington Preminger n'a plus suscité le même intérêt chez le public. A partir de là, les distributeurs ne me semblent pas avoir fait grand chose.
Comme je n'ai pas sa filmographie en tête, je ne situe plus si Première victoire se classe avant ou après Tempête à Washington.
Otto Preminger
fait partie de toute une génération dont la carrière a été marquée par des oeuvres fortes diversement appréciées du public et vis-à-vis desquelles les critiques ont parfois et bien souvent court-circuité une première carrière.
Le temps passant, revoir certaines oeuvres aujourd'hui leur confère une aura relativement très différente.mais comme les goûts ont évolué, ce n'est pas aussi simple.
Pour moi pouvoir revoir le film dans de bonnes conditions ce serait pouvoir revoir en + ou en – la note que je lui attribue.
Sur l'échec patent de ce film, je commence à soupçonner un pattern… Graham Greene, en sus d'être un grand écrivain, est aussi un grand scénariste : on lui doit notamment le scénario du Troisième homme.
Mais un écrivain scénariste ne devrait peut-être pas scénariser ses propres romans… Je dis ça à cause d'un autre échec, ou semi-échec, celui des Comédiens –
encore une fois, un roman très fort, et à l'arrivée, un film tout juste moyen – scénarisé, comme The Human Factor,
par Graham Greene
himself…
A propos de la scénarisation des propres romans, les meilleurs exemples de ce qu'il ne faut pas faire sont fournis par l'écrivain Léon Uris que j'ai déjà cité à propos de films comme Le Cri de la Victoire ou Exodus.
Par contre, il nous a fourni un excellent scénario (où on retrouve son personnage féminin type : une rousse) avec Règlement de comptes à O.K. Corral.
4,8/6. C'est un très bon film sur la psychologie d'individus navigant au sein d'une organisation secrète, laquelle obéit comme toute organisation à ses luttes internes pour le pouvoir, et repose sur des aspects contradictoires. Un film sur les inquiétudes humaines également (voir l'arrivée initiale du personnage principal à son domicile, très bien filmée). La mise en scène de Preminger est sobre et efficace. Autre point fort à mon avis : la musique, extrêmement bien employée, qui chapitre ce récit et confère un point de vue extérieur aux péripéties qui se succèdent. Une oeuvre très sous-estimée (que j'ai beaucoup appréciée pour ma part).
https://www.lesinrocks.com/cinema/films-(..)
Je joins à mon précédent avis une critique remarquable à propos de The human factor publiée dans les Inrocks en 2000 (auteur : Olivier Père) et dont voici la conclusion :
Par son désenchantement, sa beauté mortifère, The Human Factor rejoint les testaments esthétiques et moraux de Ford (Frontière chinoise)
, Lang (Le Diabolique docteur Mabuse)
et Visconti (L'Innocent).
Une très belle évocation de la carrière de Preminger par le même Olivier Père :
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