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Forum : Turning gate

Sujet : Critique


De dumbledore, le 24 février 2005 à 12:04
Note du film : 4/6

"Même si c'est difficile d'être humain, essayons de ne pas devenir des monstres"

Cette devise est au coeur du film et du trajet de son personnage principal, Gyung-soo, acteur qui a du mal à se remettre de l'échec de son dernier film. On lui met sur le dos cet échec et l'accepte rapidement comme tel. Il entre dans une sorte de dépression et s'accroche à un ami d'enfance retrouvé par hasard. Grâce à lui, il rencontre une jeune femme, danseuse, Myung-sook, qui devient sa maîtresse mais qu'il méprisera, refusant de lui dire "je t'aime". Il quitte l'ami et la maîtresse et dans le train rencontre une autre femme, Sun-young, de laquelle il tombera amoureux, vis-à-vis de laquelle il sera demandeur. Ce sera lui, cette fois, qui souffrira dans de cette relation de couple.

Sang-Soo Hong raconte son histoire avec une distance évidente, voulue et surtout maîtrisée. La structure de son récit est clairement symétrique : le couple Gyung-soo/Myung-sook dans la première partie et ensuite le couple Sun-young/Gyung-soo ensuite. Symétrie inversée pourrait-on dire car le comportement de notre héros change entre l'une et l'autre partie. Distant face à une femme investie, il sera investi face à une femme distante. Il suffit de voir les deux scènes d'amour et se rendre comment elles sont inverses l'une à l'autre dans les attitudes (il domine la première, il est soumis dans la seconde – ce n'est pas lui qui choisi la chambre, qui paye, qui pense à son plaisir, mais qui est soumis au plaisir de l'autre)…

"Même si c'est difficile d'être humain, essayons de ne pas devenir des monstres" est bel et bien au coeur du film dans sa contradiction inhérente : c'est toujours un monstre qui la formule face à un humain qui se plaint que l'autre, justement, soit devenu un monstre.

Dans ce film, Sang-Soo Hong développe une mise en scène idéale par rapport à ce qu'il veut dénoncer: le rapport homme/femme qui est toujours un rapport de domination. Vision terrible, mais que la distance de la mise en scène permet de mettre en perspective.

Pour traiter le sujet, Sang-Soo Hong prend justement la bonne distance, froide, analytique, mais sacrement efficace. Sa mise en scène pourrait sembler fainéante, facile. Peut-être l'est-elle, trop classique, trop posée, mais il est bien difficile d'imaginer un autre traitement possible qui aurait permis également de ne pas tomber dans le pathétique qu'on évite ici tout le temps.

Voilà un joli travail, mais dans un sujet et un registre à réserver à ceux qui apprécie un cinéma pointu, plus proche d'Antonioni que de Schumacher !!


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