A partir de personnages créés pour la radio, Vernay réalise une pochade cinématographique sans beaucoup de talent.
Simples souvenirs pour les nostalgiques de la radio des années 50.
J'ose espérer que ce n'est pas seulement une affaire de nostalgie, mais aussi de saine curiosité. Pour moi, spectateur étranger, n'importe quel film français – un film français quelconque, vieux ou neuf – offre un avantage comparatif dont vous, spectateurs français, vous ne bénéficiez pas (je sens que vous allez être verts de jalousie) : l'attrait de l'exotisme ! Certes, ça ne suffit pas à soutenir l'intérêt pendant deux heures, mais c'est un début…
Par contre, cette France des années 50, elle est (presque) aussi exotique pour un Français de mon âge qu'elle l'est pour moi. À notre époque où l'ignorance de l'histoire fait tache d'huile, au point que parfois le temps semble aplati ou monté en boucle comme dans certaines histoires de science-fiction, on en vient à souhaiter que le succès retentissant des Choristes entraîne les jeunes spectateurs hors du sentier rebattu de la Dernière Nouveauté, qu'ils se lancent bravement à l'aventure avec de pleines brassées de vieux films. Dont, pourquoi pas, ce Sur le banc
que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam.
Le cinéma est aussi la plus puissante machine à remonter le temps que les hommes aient inventé.
Arca1943
Mais pas seulement pour les nostalgiques de la radio ! Pour les nostalgiques d'une France qu'ils ont connue, enfants, et qui parait aujourd'hui si extraordinairement datée ! La séquence initiale de l'enterrement du notable dans la petite ville de province est extrêmement typique d'un monde mort, enfoui, presque refoulé de nos mémoires…un monde où les apparences, la posture, les faux-semblants semblaient être de règle, mais où, en même temps, on n'aurait jamais laissé mourir les vieux comme lors de la canicule, parce que tout simplement, les vieux étaient connus, "repérés"…identifiés : c'est-à-dire qu'ils avaient une identité, n'étaient pas qu'un chiffre, ou un pouvoir d'achat…
Sans doute m'égarè-je, à propos de ce film sympathique et médiocre (il y a tout de même quelques scènes savoureuses avec un Carette égal à lui-même, donc parfait).
C'est un cinéma ringard, sur une époque ringarde…Mais qui lit, ici, le forum sur Les choristes voit bien que toute cette nostalgie informulée d'un monde stable est présente tout le temps dans l'imaginaire d'aujourd'hui… Ces années si méprisées devaient donc avoir aussi un peu de mérite…
Nostalgie pour moi, né en 1947, qui ai connu, enfant, en province, dans un milieu protégé, un aspect de cette France, mais qui ai adoré découvrir d'autres mondes, celui des petits bourgeois parisiens, par exemple, de Papa, maman, la bonne et moi (qui vaut bien mieux que son titre niais), ou celui des prolos au grand coeur, Des gens sans importance
…
Mais vous avez raison : nostalgie est une chose, curiosité est bien plus porteuse de sens ! Tout n'a pas commencé avec les blockbusters formatés et les effets spéciaux numériques ! Revoyant pour la énième fois, l'autre jour, l'admirable Les yeux sans visage de Georges Franju,
je m'émerveillais encore qu'on pût créer, dans la séquence initiale, un tel climat de malaise et d'angoisse par le simple cheminement, sur une route isolée, dans la nuit, d'une 2CV ; la façon de filmer l'obscurité, les arbres menaçants, l'eau noire, le visage inquiétant d'Alida Valli,
la musique …tout est prenant…
Pour revenir à ce Sur le banc, il ne faut pas en attendre grand chose ; je l'ai vu à sa sortie, en 55 ou 56 et, en achetant le DVD, j'ai retrouvé le souvenir d'émotions anciennes…Mais ça ne vaut pas tripette, en tant que tel…
Quand je songe aux trésors du cinéma français qui ne sont ni édités, ni annoncés !
Trois personnages principaux : Julien Carette, qui tournait absolument tout et n'importe quoi, passant d'inoubliables seconds rôles dans de grands films (La grande illusion,
La bête humaine,
La règle du jeu,
Les portes de la nuit,
L'auberge rouge)
à des prestations alimentaires dans des trucs imbuvables. Mais laissant toujours sa marque gouailleuse, son accent parigot et son allure de roquet sans complexe.
Assurément, les chansonniers de Sur le banc, qui fut une émission de radio presque aussi mythique que La famille Duraton, avaient moins de férocité et de goût de la dérision que ceux de maintenant ; ils étaient davantage dans le propos de bon sens, comme, avec eux ou avant eux, Noël-Noël
ou Saint-Granier, dans une tradition rosse et gentille.
Ce long préalable posé, est-ce que les personnages de ces émissions passent bien lorsqu'on transpose leurs propos au cinéma ? C'est assez mitigé : La famille Duraton de Christian Stengel en 1940 est une vraie réussite (il est vrai qu'elle bénéficie de la présence de Jules Berry
et de Noël-Noël)
; Les Duraton
d'André Berthomieu
en 1956, est en revanche assez pénible.
Jane Sourza, je l'ai vraiment découverte dans "J'y suis… j'y reste" (Maurice Labro, 1954) où elle est vraiment désopilante. Après quoi, j'ai tenté Le don d'Adèle,
Bébés à gogo
et "Coup dur chez les mous" (énorme navet, celui-là, où elle n'a qu'un rôle de troisième plan), mais je suis resté sur ma faim. Concernant Sur le banc,
je me tâte encore.
Sinon, je vois qu'il est dit – plus haut – que les années 50 étaient ringardes. Ah non, alors ! Quelles belles années (esthétiquement parlant… les voitures, la mode). Au rayon "ringardise", ce sont les années 80 – les années brushings, chaussettes blanches, épaulettes, néons, slap bass, gym tonic – qui gagnent haut la main.
Le hasard est vraiment curieux, m'sieur l'commissaire … Je vous invite vivement à regarder (ce que je viens de faire) La perruche et le poulet qu'un homme de goût a eu la très excellente idée de poster sur You-Tube . Vous y découvrirez une Jane Sourza absolument hilarante malgré, hélas, une fin très proche. Qu'est-ce qu'elle envoie !! Un régal ! Elle et son vieux complice Souplex
se connaissent par coeur et se permettent des impros qui font que cette pièce est une source de bonheur . On devine Jane Sourza
bien malade mais elle jette toutes ses forces dans cette pièce, jusqu'au bout ! Formidable ! Ne vous tâtez plus, Commissaire. D'abord parce que c'est dégeulasse et vous ne le regretterez sûrement pas !
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