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Forum : Les Ensorcelés

Sujet : Magnifique et lyrique


De Pigeon Lane, le 14 mai 2003 à 13:48

"Les Ensorcelés" est au moins l'égal de "All about Eve", le film sur Van Gogh est sublime, mais le bon Vincente a quand même signé des monstruosités style "Le Chevalier des sables"…


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De JIPI, le 28 septembre 2006 à 09:26
Note du film : 5/6

Jonathan Shields est un jeune producteur ambitieux.

Programmé héréditairement pour gagner, il dispose d'un environnement plus ou moins soumis à ses intuitions professionnelles.


Les sujets et les comédiens ne manquent pas. Les films de troisième ordre pullulent dans cette industrie hollywoodienne farfelue des années cinquante.


Œuvres sans intérêts tournées à la va vite sont monnaies courantes. Le ridicule de certains scénaris ne tuent pas cette faune assoiffés de gloire se construisant lentement en traversant des contrées infestés de navets.


Certains comédiens sont excentriques qu'importe il ne servent qu'épisodiquement à l'avancée de la carrière d'un homme sans scrupules bâti pour l'environnement d'un travail ou l'on est encore debout à quatre heures du matin à cogiter sur les scènes à tourner dans la journée qui s'annonce.


Les relationnels de Shiels avec les producteurs, metteurs en scènes, comédiens et écrivains sont ambigus, construis uniquement sur l'ambition d'un seul homme. ils s'achèvent tous par la trahison.


Toutes ces personnes lésées rebondissent en faisant abstraction de leurs déceptions. Shiels est un bienfaiteur qui s'ignore. L'orgueil cicatrice ces blessés qui rebondissent en adoptant les principes de leur prédateur.


Pour dominer il faut rester libre et considérer les humains comme des éléments manipulables, le but est de se maintenir dans le métier accompagné d'une solide base financière conquise par les projets les plus fous.


Néanmoins certains esprits sont fragiles. Shields est obligé de se mouvoir intelligemment sur le terrain vaseux de la fausse protection afin de rassurer ses ressources principales de revenus.


Les années passent. Shields va mal, sa carrière de producteur est en chute libre, il a besoin de l'aide de certaines personnes trahies pour redécoller.


Faut-il se venger de ce personnage au cœur sec mais qui sans le vouloir a propulsé par une formation musclée des profils adaptés aux métiers réalistes du cinéma?


Ce huit clos ponctué de flash back ou chacun des quatre personnages revanchards relatent leurs relationnels raté avec Shields est passionnant.


Un véritable procès ou le rapport de forces s'inverse. Shields n'est plus un dominant, il est devenu dépendant de la faune qu'il n'a pas respectée.


Tout cela semble calqué sur le véritable cheminement du comédien de cinéma qui au début n'est rien puis se façonne une envergure suite à l'accumulation de ses déceptions professionnelles.


Les ensorcelés est un très bon film d'éveil sur ce territoire attirant malgré sa mauvaise réputation de nombreuses vocations.


Qu'en est-il aujourd'hui ? Le film est daté il est vrai par l'image négative de l'industrie de ces grands trusts et enseignes de cette époque obsolète ou tout le monde était un kleenex en puissance.


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De verdun, le 18 septembre 2012 à 21:02

Il y a des films comme ça qu'il ne faut pas revoir;

Je mettais Les ensorcelés au rang de plus grand film sur Hollywood mais aussi sur le cinéma en général.

Patatras ! En le revoyant en salles il y a peu je n'ai pas retrouvé l'enthousiasme que j'avais éprouvé il y a une dizaine d'années en le découvrant. Ce film m'est apparu brillant mais superficiel, attendu, mécanique et convenu… La magie s'est évaporée et je ne saurais trop expliquer pourquoi.

Peut-être qu'il s'agit d'un film m'ayant beaucoup surpris lors d'un premier visionnage et que lors de cette re-vision, tout effet de surprise s'est éventé. Mais alors, dans ces conditions, revoir tous les films produiraient une impression similaire.

Bizarre autant qu'étrange.


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De vincentp, le 18 septembre 2012 à 23:46
Note du film : Chef-d'Oeuvre

J'ai découvert Les ensorcelés après avoir vu auparavant, lors de la même après-midi, deux autres films de Minnelli. J'avais un petit peu souffert, apprécié le film mais sans plus. J'ai revu récemment en blu-ray Le chant du Missouri qui ne m'a pas plu autant qu'au cinéma. Le cinéma de Minnelli qui baigne dans un univers onirique sollicite sans doute fortement les émotions du spectateur. La fameuse "humeur" dont nous avions jadis parlé sur un fil joue sans doute beaucoup pour apprécier ou non l'oeuvre de ce metteur en scène.

C'est une oeuvre magnifique, à voir reposé, dans le cadre d'une rétrospective, et dans de bonnes conditions (copie de qualité, siège confortable, etc…).


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De Impétueux, le 2 mai 2020 à 21:45
Note du film : 5/6

Il faut bien du talent – et, de fait, Vincente Minnelli n'en manquait pas – pour réaliser un mélodrame aussi éclatant aux péripéties largement prévisibles, aux structures presque scolaires et en faire un film où l'on ne s'ennuie pas une seconde. Un film porté, bien sûr, par le jeu d'excellents acteurs, mais aussi et surtout par une grande fluidité de mise en scène, par une maestria parfaite pour conduire le récit, pourtant si artificiellement composé qu'on pourrait en faire une sorte de démonstration au tableau noir. Trois personnages conviés à répondre à l'invitation de l'aider d'un homme que tous trois ont quelque raison de détester, trois flash-backs sur les causes de cette aversion, trois décisions de refuser l'aide sollicitée puis (et ceci est plutôt artificiel) de l'accorder, dans une fin ouverte. Mais on est en 1952 et il ne faut pas être trop noir et trop pessimiste dans les États-Unis de l'époque. Dommage.

La vie du producteur de cinéma Jonathan Schields (Kirk Douglas), paraît-il inspirée de elle de David O. Selznick, l'homme de Autant en emporte le vent et du Troisième homme donne prétexte à montrer les canailleries d'Hollywood. Fort bien et on imagine sans mal combien l'industrie du cinéma a pu se fonder, croître et prospérer sur des trahisons, des escroqueries, des coups tordus, des coucheries, des chantages et toutes sortes de ces saletés qui prospèrent dès qu'il y a, dégoulinants à profusion, des dollars et du sexe. Le père de Shields était lui-même une franche canaille, détestée au point que son fils Jonathan est contraint, pour assurer un peu de décente présence à ces obsèques, de payer des figurants.

On ne se refait pas ; il y a chez Jonathan une sorte de détermination absolue d'arriver, de parvenir, de triompher. Pour l'argent ? oui sans doute, mais pas seulement ; on voit en lui une sorte de folie triste, celle de réussir sans jamais être satisfait, un peu identique à celle qui anime Danglard (Jean Gabin) dans le si réussi French cancan de Jean Renoir ; ce qui l'anime, l'excite, le fait vibrer, ce qui lui donne la fièvre, c'est l'action, la traque d'un scénario, la composition de l'équipe de tournage, le choix des acteurs, la résolution de myriades de problèmes financiers et techniques, puis la distribution du film, son impact auprès de la critique, sa diffusion… C'est extrêmement compréhensible.

Pour tracer sa route en ce sens, Jonathan Schields ne s'embarrasse naturellement pas du moindre scrupule ; ou plus exactement sacrifie à l'avancée obstinée du projet tout ce qui pourrait en ralentir la progression ; ce n'est donc pas par méchanceté, mépris, ni même par égoïsme qu'il va successivement sortir de son chemin le réalisateur Fred Amiel (Barry Sullivan), l'actrice Georgia Lorrison (Lana Turner), le scénariste James Bartlow (Dick Powell) : c'est parce que, une fois, utilisés, ils l'encombrent.

N'empêche que Schields a poussé ceux qu'il a utilisés à aller un peu ou beaucoup au delà de ce qu'ils croyaient être leur rôle et leur mesure ; il les a amenés à se surpasser, à passer au delà de leur main pour devenir l'un le réalisateur le plus talentueux du cinéma, la deuxième la vedette la plus adulée du public, le troisième le scénariste demandé par tous et lauréat du prix Pulitzer. C'est ce que rappelle le vieux complice de Schields, le producteur Harry Pebbel (Walter Pidgeon), qui n'aurait lui-même produit que des films de troisième zone s'il n'avait pas été exhaussé par l'ambition dévorante de Schields.

Le scénario ne manque pas d'effets mélodramatiques, quelquefois un peu trop voyants ; par exemple l'accident qui coûte la vie à Rosemary (Gloria Grahame) et à Gaucho (Gilbert Roland), le bellâtre que Schields lui a collé dans les pattes pour que Bartlow le scénariste puisse se consacrer totalement à l'écriture. Mais Minnelli filme tout cela avec une très grande aisance, aidé en cela par une équipe de comédiens formidables, au premier rang de qui Kirk Douglas brille de toute l'immensité de son talent…


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