Il faut reconnaître qu'il choisit une époque particulièrement passionnante de l'histoire politique de l'Europe, celle de l'étayage du stalinisme sur le communisme.
L'histoire est celle d'un anglais, David Carr, chômeur, communiste en 1936 et qui décide de partir aider la république espagnole en lutte contre le fascisme de Franco qui tente de renverser le pouvoir en place. David atterrit dans un groupe de miliciens, le P.O.U.M., une milice troskyste au milieu d'autres milices communistes, anarchistes qui constituent la force de résistance du pays. Seulement, bien vite, la guerre contre l'ennemi fasciste se transforme également en une guerre intestine entre les différents communistes… dont le Stalinisme sera le plus organisé, le plus puissant et le plus cruel.
Dans cette histoire, Ken Loach fait preuve de tout son talent. On retrouve sa générosité avec ses personnages, constituant dans la milice une série de portraits de personnages à la fois fort différents et tous touchants. Il fait un effort manifeste pour y mettre de tout puisqu'on a des anglais, un allemand, un français, et évidemment des espagnols. Pas de "méchants" dans son film, juste des hommes et des femmes on ne peut plus humain qui ne partagent pas forcément la même vision ou la même analyse des situations. A cet égard, Ken Loach rappelle l'humaniste qu'était Jean Renoir.
Mais le film n'est pas qu'une galerie de personnages. Il propose un scénario à la fois d'une grande simplicité et d'une grande force. Simple dans la clarté de son histoire. Bien plus complexe dans la vision politique qu'il développe. Il ose ainsi des scènes très longues, proches du reportage, dans lesquels les personnages sont lâchés dans une certaine improvisation. Une scène est particulièrement forte. La milice vient de libérer un village qui doit s'auto-gérer. Tous chantent l'Internationale mais après, quand il faut trouver une politique commune, ce n'est que dissensions et disputes. En une scène, tout le film est déjà présent en filigramme, toute la vision politique de Ken Loach y est également, dans une version qu'on a rarement vu aussi noire. Certes, nous dit-il, le combat ouvrier est beau, nécessaire, les idées magnifiques et vitales. Mais la mise en pratique n'a rien de facile et donnent même les pires catastrophes.Impossible de ne pas saluer également la scène finale de l'affrontement de la milice avec les "Staliniens", sublime et d'une grande force émotionnelle. Cette fois, Ken Loach reprend des postures, des images rappelant l'expressionnisme voire des scènes de Goya.
Son talent est également dans la narration, Ken Loach recourt aux flash-backs puisqu'on attaque le récit sur la mort du héros, âgé, grand-père sage chez lui et dont la petite fille – par une série de lettres – va découvrir la vie d'antan. Cette narration permet à la fois une portée thématique évidente (la nécessité de poursuivre une lutte et transmettre les leçons du passé) mais permet également une gestion très alerte des ellipses, en recourant à une voix off ou à des retours sur la petite-fille.Quant à la mise en scène, on aurait pu la craindre trop décalée de part sa modernité. Il n'en est rien. Il a toujours une caméra très libre, recourant peu au découpage préférant aller et revenir d'un personnage à l'autre, mais toujours avec une grâce et une fluidité qui devrait servir d'exemple à pas mal de cinéaste.
Non, décidemment, Ken Loach est un grand.
Camarade, camarade !! Le P.O.U.M. (Parti Ouvrier d'Unification Marxiste) n'est pas, comme vous le dites, un "groupe de miliciens, une des centaines de milices communistes, ou anarchistes" mais bien un parti dogmatiquement trotskiste ! La guerre entre Staline et Trotsky bat son plein, à l'époque et il est très important pour Staline d'éliminer complètement le mouvement de son rival en Espagne, un des rares pays où l'implantation trostkyste est forte et influente…
André Marty, le fameux "mutin de la Mer Noire", un des hommes les plus importants du PCF est envoyé sur le front espagnol, comme commissaire politique, notamment pour ça : abattre le POUM ; il y gagnera d'ailleurs le gracieux surnom de "boucher d'Albacete"…
Cela étant, et pour mettre les choses au clair, je suis plutôt du côté des requetes carlistes, dans cette histoire… donc de l'autre côté, celui des vainqueurs de 1939…
J'ai intégré la précision : "P.O.U.M., une milice troskyste au milieu d'autres milices communistes, anarchistes qui constituent la force de résistance du pays"…
Non c'est faux , Trotsky s'était opposé à l'union de Andreas Nin avec le bloc ire de Maurin et préconisait à la place de rentrer dans le PSOE ou une tres large radicalisation etait en cours.
Le PSOE avait une implantation nationale, celle du POUM fut réelle mais limité à la Catalogne ce qui a permis leur élimination par des troupes venues de Madrid.
Trotsky avait définitivement rompu avec Nin apres sa participation au gouvernement de Catalogne.
Par contre les militants trotskistes espagnoles au demeurant numériquement faibles militaient au sein du POUM
En plein Stalinisme tous ceux qui étaient retsé fideles à Octobre etaient déclares trotskiste ce qui ne voulait pas dire grand chose.
Ken Loach filme avec beaucoup de talent l'orgie sanglante de la guerre civile. L'Aragon est superbement mis en scène… on a envie de citer Robert Brasillach, ce qui est surprenant (mais pas tant que ça, finalement) : Et sur les chemins secs et roux, Voici notre Espagne sans cesse..
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