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Sujet : Grand canyon


De Bastien, le 28 avril 2003 à 20:09

Je me demande si les films de Kasdan ne sont pas les seuls films "choral" que j'arrive à apprécier pleinement. "Grand Canyon" brasse le destin de plusieurs habitants de Los Angeles à l'entrée des années 90, et s'impose à la fois comme un film social presque documentaire sur cette période de la ville au bord de l'émeute, ainsi que comme une oeuvre extrèmement universelle sur un âge de la vie ou l'on fait le point sur sois-mème, son passé et son avenir.

Dans un film comme "Magniolia" on sent souvent le réalisateur se servir de ses personnages plus comme des pions d'un discours… Dans "Grand Canyon", ce sont les personnages qui guident le metteur en scène et non le contraire. C'est la première qualité du film: Kasdan relie les différents protagonistes non seulement par un scénario extrèmement bien écrit, mais aussi par une mise en scène fluide: quand on passe d'un personnage à un autre, la ville de L.A devient un énorme réservoire commun magnifiquement filmée, on se laisse guider par les hélicoptères qui la survole, on suit les routes. Les liens entre ces gens ne sentent pas l'artifice, ils sont extraordinairement naturels : voir par exemple l'une des plus belles scéquences du film qui relie les deux rêves de Kevin Kline et Mary McDonnell.

"Grand canyon" ressemble à une projection de psychée collective, ce qui fait que le film ne navigue jamais vraiment dans le réalisme. Il touche pourtant juste humainement à tous les coups dans des scènes parfois très poétiques comme la première rencontre entre Danny Glover et Kevin Kline, ou lorsque Mary McDonnell découvre un bébé abandonné. De la mème façon, l'exceptionnel est toujours aux portes: une rafale de mitraillette spectaculaire par des gangs, une secousse sismique font aussi exploser les angoisses quotidiennes. On est dans la ville du cinéma aussi. Kevin Kline avoue se jeter à corps perdu dans son amitié pour Glover pour résoudre un manque dans sa vie, il pense que c'est une explication rationnelles, sauf que le rationnel ne suffit jamais : pourquoi une femme l'a-t'elle empêché de passer un jour accidentellement sous un bus ?

La beauté et la profondeur du Grand canyon représente le dépassement continuel de soi, l'inexplicable. Quelle solution dès lors pour résoudre nos questionnements et nos angoisses? Le personnage de producteur incarné par Steve Martin en a peut-être la clé, lorsque lors d'un formidable monologue il lache à Kline : "Tu devrais aller plus souvent au cinéma. tous les grands mystères de la vie y ont leur réponse". C'est sans nul doute que Lawrence Kasdan en apporte quelques-uns dans ce film qui, en prime, a le mérite de superbement bien vieillir dans la tête après l'avoir vu.

A noter qu'une scène de dialogue entre une Mary-Louise Parker déprimée et un flic rappelle étrangement une scène similaire dans "Nos Années sauvages" de WKW… et annonce aussi bizarrement John C. Reilly et Melora Walters dans "Magniolia". Tout se rejoint bizarrement toujours…

5,5/6


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