Tout cela, précautionneusement écrit, pour dire qu'Extase est un bien mauvais film, insupportable d'ennui malgré sa brève durée (1h7) et la beauté du corps de son interprète principale Jeanne (Àstrid Bergès-Frisbey). Aussi de la qualité de la composition des images, souvent très belles dans la captation des ambiances et la composition des tableaux.
Mais cela dit, comme c'est verbeux, ennuyeux, répétitif, systématique ! Un jeune couple, Jeanne, donc et Hugo (Swann Arlaud) passe le plus clair de son temps à faire l'amour, ce qui n'est pas une distraction, une activité désagréable. Mais Jeanne, issue d'une famille un peu bizarre (son père a assassiné sa mère, parce qu'il pensait que la mort n'est rien) et que, morte, elle ne pourrait pas tuer leur amour, Jeanne, donc, cherche la Foi religieuse et regimbe parce qu'elle ne parvient pas à la recevoir. Pourquoi pas ? Pourquoi pas si le film était autre chose que verbeux, ratiocineur, souvent abscons. Les deux amants bavardent, enfilent des perles, amoncellent des phrases. Car, c'est un des défauts majeurs du film, Extase est très écrit. Alors que, plus tard, Cheyenne Carron laissera souvent la bride sur le cou à ses interprètes, les poussant à improviser leurs dialogues, il y a là – travers de débutante – une volonté de rédiger. Et cela donne des propos un peu ridicules, notamment composés de passés simples et d'imparfaits du subjonctif et des formules qui se veulent profondes et ne sont que niaises, du type Ce qui définit le désir est le manque ; et le manque est aussi un désir ou encore ce carton présenté plusieurs fois Je voudrais vivre peu pour ne pas mourir beaucoup.Tout cela ne se manipule pas sans précaution ; mais il n'est pas impossible que ce soit là une constante des premiers films où l'on veut en dire tant que l'on ne dit pas grand-chose. Et puis n'oublions jamais que le grand Claude Sautet a commencé sa carrière de réalisateur avec l'abominable Bonjour sourire.
Depuis lors, Cheyenne Carron a fait de sacrés progrès. Voyez ses films !
On ne doute pas de ses capacités, mais le public de Cheyenne Carron doit être très limité. Il s'agit d'un cinéma d'auteur, positionné sur une niche confidentielle. Le couple de ce récit fait visiblement l'amour, sous la parole de Dieu. Curieux.
Très logique au contraire; plusieurs théologiens imaginent le Paradis comme une sorte de volupté perpétuelle.
Pour le reste, que dire ? Quand on n'a ni publicité, ni distributeur, comment sortir de la niche ? Alors que le dernier film de Cheyenne Carron, consacré à l'assassinat du père Hamel, qui s'appelle Que notre joie demeure avait tout pour remplir honnêtement les salles…
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