Pour qui n'a jamais pénétré dans les singularités de cette communauté villageoise qui, à la fin du 19ème siècle, commence à défricher les terres vierges des Laurentides, au nord de Montréal, c'est évidemment un peu plus compliqué.
Le film de Paul Gury présentait aux Québécois de 1949 des personnages et des situations bien connus et bien maîtrisés par eux : le personnage principal, Séraphin Poudrier (Hector Charland) est déjà un archétype : un Harpagon, uniquement dépendant des économies qu'il entasse et qui a pu s'offrir la jolie Donalda (Nicole Germain) en l'achetant, d'une certaine façon, à son père qu'il a conduit à la ruine. Parallèlement l'amoureux éconduit de Donalda, le vigoureux Alexis (Guy Provost) a fondé avec Artémise (Suzanne Avon) un couple solide et aimant. À dire vrai les histoires relatées dans Un homme et son péché n'ont pas le moindre intérêt ; j'imagine que pour les spectateurs québécois, la mise sur l'écran de personnages et de situations d'eux archiconnus était pleine de références et qu'ils n'avaient pas la moindre difficulté à identifier, reconnaître, situer tous ceux qui intervenaient : vous savez bien : dès que vous possédez la plupart des pièces du puzzle, tout ajout devient facile et satisfaisant.Ce n'est donc pas de ce point de vue qu'on peut apprécier le film ; qui n'a, par ailleurs, aucune personnalité esthétique : tout ça est normal, habituel, conforme, sans aspérité. Pour autant, le film ne manque pas de séduction, tout au moins si l'on est proche et plein de sympathie vis-à-vis de nos frères éloignés, séparés et si proches pourtant qui, de l'autre côté de l'océan atlantique perpétuent ce qui fut la grande France.
Je dois d'abord saluer l'exploit d'Impétueux d'avoir réussi à mettre la main sur ce vieux machin !
Il faut savoir que l'inusable mélodrame paysan de Claude-Henri Grignon a connu de multiples versions en séries télévisées, la dernière datant d'à peine dix ou douze ans (et pour la première fois avec un curé de village sympathique, conception "révisionniste" que je désapprouve hautement, il va de soi !).
Et ce qu'il faut savoir aussi et que je trouve bien étrange, c'est qu'il ne se faisait pas de cinéma au Canada à cette époque, ni en français ni en anglais. Les quelques films tournés ici furent des raretés isolées. Jusqu'à la fin des années 50, il n'y avait pour ainsi dire aucune cinématographie canadienne. Celle-ci prend son premier essor vers la fin des années cinquante grâce à l'Office national du film (ONF) (qui est en fait un office fédéral, mais passons) et s'exprime d'abord et avant tout par le documentaire et le cinéma d'animation.
Quant au film devant lequel Impétueux s'est si courageusement assis, je ne l'ai point vu ! Je redoute l'amateurisme de la part de Canadiens, de Québécois de 1949 qui n'avaient pour ainsi dire aucune expérience cinématographique au compteur.
J'ai un correspondant aussi généreux que prolifique en raretés qui m'alimente régulièrement. Je dois dire que là, il s'est surpassé ; d'autant plus qu'il m'a aussi gratifié d'un Séraphin qui est, selon Wikipédia la suite de Un homme et son péché ; je n'ai pas le courage de regarder ça tout de suite, mais je le ferai, promis !
Cela m'a permis, en fouillant un peu, de découvrir cette série que vous évoquez qui a donc fait les belles soirées radiophoniques de nos chers cousins du pays des glaces !
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