Forum - Bistouri, la mafia blanche - Les grands patrons. - Pamphlet à l'italienne
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Forum : Bistouri, la mafia blanche - Les grands patrons.

Sujet : Pamphlet à l'italienne


De verdun, le 14 mai 2023 à 07:57
Note du film : 4/6

Italie, années 1970. Le professeur Daniele Valiotti (Gabriele Ferzetti), est propriétaire d'une luxueuse clinique privée. On y pratique une médecine hasardeuse qui fait passer le profit bien avant la santé des malades. En public, Valiotti joue un tout autre personnage et passe même pour un bienfaiteur. Ecoeuré par les méthodes de son patron, le docteur Giordano (Enrico Maria Salerno), soutenu par la soeur Maria (Senta Berger), également employée de la clinique, tente de faire éclater le scandale.

En 1973, le réalisateur italien Luigi Zampa s'attaque une nouvelle fois au système médical italien, cinq ans après il medico de la mutua. Ce que j'écrivais sur le fil traitant de ce dernier film s'applique également a Bistouri, la mafia blanche, à savoir: "La satire du système de santé italien de la fin des années 1960 va loin. Ici les médecins pensent avant tout à s'enrichir par tous les moyens possibles et imaginables et n'ont pas grand chose à faire de leurs patients. Voilà un constat qui n'a guère perdu de son actualité".

Ceci dit, si il medico della mutua était une comédie portée par le grand Sordi, il n'en va pas de même pour Bistouri, la mafia blanche qui est son pendant dramatique. De toute évidence Luigi Zampa a voulu reprendre les ingrédients similaires qui avaient fait le succès de Confession d'un commissaire de police au procureur de la République de Damiano Damiani, sorti deux ans auparavant: même dénonciation d'une mafia, même confrontation entre deux grands acteurs, même cri de colère contre la corruption généralisée de la société italienne des annnées 1970, même efficacité, même thème tonitruant de Riz Ortolani, etc…

Bistouri, la mafia blanche est symptomatique d'un certain cinéma italien, proche de celui que pratiquaient en France Cayatte ou Boisset, qui n'hésite pas à tirer à boulets rouges sur les abus qu'il veut dénoncer. Ici le grand ponte de la médecine Valiotti est un cynique qui accorde plus d'importance à l'argent qu'à la santé de ses patients. Il essaie toujours à la hausse les honoraires de ses clients, accepte de toucher de l'argent des laboratoire pour promouvoir des produits qui ne sont pas au point, et quitte le bloc où se déroule une opération extrêmement délicate afin de s'occuper du contrôle fiscal dont il fait l'objet…Signalons tout de même que les auteurs ont pris soin d'atténuer tout manichéisme primaire car Valiotti est aussi un être humain dont la vie personnelle est assez compliquée.

Bistouri, la mafia blanche est suffisamment bien mené pour qu'on ne s'ennuie pas pas une minute, ce qui est toujours très bon signe. La confrontation entre deux excellents comédiens, Gabriele Ferzetti et Enrico Maria Salerno mérite le détour. Comme dans pas mal de films italiens de la même époque, on sent une volonté de mélanger le documentaire, comme en témoigne l'esthétique assez crue de l'ensemble, et le romanesque. L'aspect réaliste trouve son paroxysme dans certaines scènes impressionnantes, notamment des opérations chirurgicales crédibles sans qu'il y ait eu besoin d'avoir recours à des effets "gore".

Dommage que le scénario sombre à plusieurs reprises dans le mélodrame ou le rocambolesque, comme en témoigne l'idylle impossible entre le bon docteur alcoolique et une nonne jouée par l'une des plus belles actrices de l'époque, Senta Berger. Mais cela n'empêche pas Bistouri, la mafia blanche d'être plus authentique que sept morts sur ordonnance, son équivalent français de la même époque.

Bistouri, la mafia blanche n'est jamais sorti en DVD ou blu-ray mais se trouve facilement sur youtube.


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De fretyl, le 14 mai 2023 à 12:04

Votre avis donne Vraiment envie de voir !


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