Etat-Unis, début des années 1970. John Wintergreen (Robert Blake), un motard de la brigade routière du Nevada qui rêve d'intégrer la brigade criminelle voit son rêve exaucé quand on lui confie l'enquête sur le meurtre d'un vieillard.

Sorti en France en 1973 sous le titre Dérapage contrôlé, Electra Glide in blue est un curieux film, typique de la liberté créatrice des années 1970. Son réalisateur est inattendu: il s'agit de James William Guercio, plus connu pour son travail dans le domaine de la musique. Il s'est en effet fait un nom en tant que producteur des Beach boys et de Chicago.

Remis dans son contexte, Electra Glide in blue est audacieux dans sa façon de prendre le contre-pied de son époque. Le personnage principal est un flic. Un petit bonhomme rêveur et atypique pour lequel le spectateur ressent une certaine sympathie tandis que les Hippies sont montrés comme des gens peu sympathiques, drogués et violents. C'est une rêverie sur la grandeur perdue des Etats-Unis et l'impasse de la contre-culture. Un anti-Easy rider, d'ailleurs Wintergreen s'entraîne au pistolet en tirant sur une affiche du film-culte de Dennis Hopper.

Sur le plan purement cinématographique, Electra Glide in blue vaut le détour et mérite le culte que certains lui vouent de nos jours. La photo de Conrad Hall est une splendeur. La façon dont les paysages du Nevada sont mis en valeur témoigne de la passion du réalisateur pour La prisonnière du désert et les films de John Ford. Certaines courses-poursuites et le plan-séquence final constituent de grands moments de cinéma. La belle prestation de Robert Blake, connu pour ses rôles dans De sang-froid, Lost Highway et la série Baretta, donne également beaucoup d'unité à l'ensemble.

Mais Electra Glide in blue souffre de quelques défauts inhérents à un certain cinéma d'auteur des années 1970. Le scénario est une enquête policière dénuée d'enjeux. Même si le film n'a pour objectif de tenir en haleine le spectateur, on peut penser que son impact aurait été plus fort s'il avait bénéficié d'une intrigue plus rigoureuse et plus concise. Car certaines séquences se révèlent tout de même peu passionnantes voire dispensables. On peut également regretter que la direction d'acteurs soit aussi inégale: certains seconds rôles en font des tonnes, surtout Elisha Cook franchement insupportable.

Forcément imparfait, Electra Glide in blue est un Objet Filmique Non Identifié qui doit être vu par ceux qui adorent le cinéma américain des années 1970. Dommage que James William Guercio n'ait pas persévéré car il possédait à l'évidence un vrai talent de réalisateur.