L'éditeur BQHL a eu récemment l'initiative, ô combien louable, d'exhumer un film oublié de John Sturges
: Station 3 ultra-secret.
Le talentueux artisan qu'était
John Sturges
(1910-1992) a laissé quelques grands classiques tels que
La grande évasion
(1963) ou
Les sept mercenaires
(1960). Mais il a donné, de mon point de vue, le meilleur de lui-même dans les années 1950 avec des petites productions tournées dans un style sec et nerveux. On peut citer trois titres trop méconnus de nos jours :
La plage déserte,
Le mystère de la plage perdue
ou encore
Le peuple accuse o'Hara.
En revanche, le cinéma de Sturges
a perdu de sa vigueur dans les années 1960, à mesure qu'on lui confiait des budgets de plus en plus importants. En témoignent Sur la piste de la grande caravane
(1965), Les naufragés de l'espace
(1969) et le film qui nous intéresse aujourd'hui: Station 3 Ultra secret
(1965).
Le sujet de ce
Station 3 ultra-secret
n'a rien perdu de son actualité. "Station 3" est une base américaine ultra-secrète où travaillent des scientifiques qui y manipulent des virus dangereux. Or un de ces virus, le "germe de Satan", susceptible de détruire l'humanité en deux semaines, a été volé. Le gouvernement confie à Lee Barrett (
George Maharis), un de ses meilleurs agents, la lourde responsabilité de mener l'enquête. Le scénario est dû à des auteurs de talent comme
Alistair MacLean,
James Clavell
et
Edward Anhalt. On ne s'étonnera donc pas que certaines idées soient passionnantes, notamment tout ce qui à trait à l'auteur du vol du virus ainsi qu'à sa motivation, qui s'éloignent des clichés de la guerre froide et anticipent le cinéma paranoïaque des années 70, celui d'un
Pakula
par exemple.
Hélas malgré un bon casting, malgré une photo de
Robert Surtees,

malgré une partition impeccable de
Jerry Goldsmith
et malgré un budget conséquent,
Station 3 ultra secret
s'avère au final franchement ennuyeux. La faute en incombe principalement à la mise en scène statique de
John Sturges.

Certes son sens des cadrages est intact mais le découpage est incapable d'insuffler le dynamisme nécessaire à un tel film. L'ensemble est beaucoup trop mou, trop long et dénué de l'intensité inhérente à un thriller digne de ce nom. Par ailleurs, la scène de l'hélicoptère, censée constituer le climax de l'ensemble, paraît bien désuète aujourd'hui.
Avec Le mystére Andromède,
Robert Wise
réussira, six ans plus tard, là ou Sturges
a échoué: élaborer un suspens austère mais prenant à partir d'une histoire de virus destructeur.