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Sujet : critique


De christopher brandon, le 9 octobre 2004 à 22:42
Note du film : 3/6

" Personne ne m'aiiiiiiiime !" Lolita est la première fille d'un écrivain célèbre qui la méprise. Sa belle-mère, qui a presque son âge, et sa demie soeur complètement pourrie surgâtée lui paraissent fades et faux. Seule son professeur de chant trouve grâce à ses yeux, mais elle est gênée par la ferveur maladroite de son élève. Elles vont se rapprocher quand le mari écrivain de la prof de chant reçoit le parrainage du père de Lolita… Salons littéraires et dépendances, tel aurait pu être le titre de ce second film doux amer (plus amer que doux pour tout dire) d'Agnès Jaoui. Nouveau film choral, où chaque personnage a le temps de vivre, de se tromper et de s'exprimer, Comme une image n'atteint pas pour autant les sommets de tendresse, de désillusion que le Goût des Autres. L'écriture, moins inspirée (sauf pour Bacri particulièrement bien servi… par lui-même), continue à sonner juste. Le casting est tout à fait juste, de la révélation Marilou Berry, dont le regard noir fait merveille.

Elle rend avec une justesse effarante le mal de vivre de son personnage. Autre révélation dans un rôle incroyablement casse gueule, la blonde Virginie Desarnauts, qui tient parfaitement la distance face à Bacri plus rabat joie que jamais. Agnès Jaoui excelle à rendre la petite prétention de son personnage, gonflée d'orgueil, méprisante et finalement plus humaine que les autres. Serge Riaboukine, en souffre douleur mystérieux, interprète enfin un très beau rôle, tout en nuances, son visage fatigué, usé, témoigne de sa faiblesse chronique face au monstre Bacri. Le chant lyrique, omniprésent, ajoute au ton particulier du film, renforce son caractère en demi teinte, nimbé d'une tristesse sous-jacente, avec son cortège de petites tracasseries. Sans doute le moins drôle des films écrits par le tandem Jaoui-Bacri, Comme une image vaut pour son casting impeccable, son écriture précise (mais parfois un poil redondante avec les œuvres précédentes). On regrettera une mise en scène très plan plan, qui ne fait qu'accompagner les personnages mais ne leur donne pas toujours cette force qu'un plan peut pousser et des longueurs. Mais de là à bouder son plaisir…


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De jema, le 29 octobre 2004 à 12:20

Je ne suis pas complètement d'accord avec les commentaires et encore moins avec la note ! Le film m'apparait comme un des plus aboutis du duo Jaoui-Bacri : le fait que le personnage principal est une jeune adulte mal dans sa peau est un plus incontestable pour l'universalité du propos (en comparaison notamment d'un air de famille ou cuisine et dépendances ou le gout des autres).

Comme tout tourne autour de la vision de Lolita, les personnages secondaires sont tous importants avec leurs contradictions, leurs erreurs d'adultes,…

Bacri est détestable (certaines de ses répliques sont aussi méchantes que celles de Tatie Danielle !) mais sa fille ne peut pas ne pas l'aimer. Les trois femmes du film ressortent intelligentes et grandies du film alors que leurs hommes sont restés (presque) à leur point de départ. Les valeurs de notre société, la culture, la gloire, les arts, le plaisir et même le bonheur sont abordées avec justesse et intelligence.

Signé un fan (inconditionnel ?) du film:-)


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De Tamatoa, le 28 août 2012 à 23:53
Note du film : 3/6

Je serais plutôt d'accord avec christopher brandon. Malgré le talent décidement incontestable du Duo Agnés Jaoui/Jean-Pierre Bacri, cette oeuvre reste assez loin du Goût des autres. Les âmes en peines se balladent toujours sous la lune avec agilité mais sont quand même beaucoup moins fouillées, moins consistantes. Le destin ne se foule pas trop pour leur donner du corps.. Et Brandon a raison qui déplore une mise en scène sans éclat aucun. C'est fort dommage car les colères de Bacri, comme un passage obligé, semblent bien plus "réelles" que celles, obligées aussi, d'un Gabin. On y croit. Les colères de Gabin sont superposables. Celles de Bacri, jamais les mêmes. Hélas, ici, elles sont par trop statiques.


Je pense qu'il a fallu beaucoup de courage et de talent à Marilou Berry pour qu'elle arrive, non pas à porter le film sur ses épaules, mais à faire en sorte qu'il tourne entièrement autour d'elle. En 2004, nouvelle venue dans le cinéma, elle nous prouve que bon sang ne saurait mentir. Et elle a quand même affaire à des cadors. La fifille à maman a perdu beaucoup de poids, aujourd'hui. Mais les kilos en trop de l'époque ne l'ont pas empêché de se remuer de belle façon. Et c'est dans un rôle ingrât qu'elle fait la cour au succès. Ca paiera un jour. Elle a d'ailleurs connu Des jours heureux depuis..

Comme une image manque, non pas de verve, mais d'un coup de pied au derrière. Parce que sage Comme une image c'est bien, mais point trop n'en faut. Agnés Jaoui et Bacri n'ont jamais fait dans le léger. Ce film ne déroge pas à la règle. Mais il aurait mérité d'être moins mou, moins long. Les valeurs de notre société, la culture, la gloire, les arts, le plaisir et même le bonheur sont abordées avec justesse et intelligence nous dit Jema. Oui, mais bien mollement. Et beaucoup de seconds rôles, me semble-t-il, servent de remplissage qui n'apportent rien de plus…au manque de mordant. Trop sage cette image. Quand on vit toujours entre deux amours contrariées, un physique plus que moyen, un talent très contestable et des complexes à gogo, la vie n'est pas aussi douce que Agnés Jaoui, un peu tiède sur ce coup là, voudrait nous le faire croire . Même avec Schubert omniprésent..


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De Impétueux, le 20 juillet 2020 à 23:16
Note du film : 3/6

Il ne faut pas compter sur Agnes Jaoui et Jean-Pierre Bacri pour écrire des films rassérénants, optimistes et bienveillants. Ces deux-là, qui sont Juifs de Méditerranée, ont tôt compris que le monde n'était pas une partie de plaisir où tout tendait à s'arranger et, en fin de compte, allait forcément vers des fins heureuses. Le grand soleil impitoyable du Sud, on le sait depuis les Tragiques grecs, perpétués jusqu'aux histoires glaçantes de Jean Giono, n'est pas propice à la tendresse bienheureuse que lui offrent les contrées tempérées au soleil moins implacable. La douceur angevine n'a qu'à passer son tour.

Je vais sûrement aller chercher trop loin des orientations peut-être moins hautaines ; mais enfin il me semble aussi qu'il y a tout de même toujours une bonne dose d'amertume dans ce qu'écrit le couple Jaoui/Bacri, comme il y a toujours dans les comédies italiennes des grains de désespoir.

Comme une image fait souvent rire, sans doute parce que la vie est risible, mais plonge bien aussi dans cette sorte de tristesse où rien ne s'arrange, parce que c'est comme ça, que les gens sont seuls et sombres et sans espérance, parce que, entre deux chanteuses qui ont la même qualité de voix, il y a celle qui est lumineuse d'éclat et de beauté (Camille Dereux) et celle qui a quinze kilos de trop (Marilou Berry) et qu'on n'y peut rien, que c'est comme ça et qu'on ne voit pas comment quoi que ce soit pourrait changer.

Étienne Cassard (jean-Pierre Bacri) est un écrivain de qualité, de poids et de succès. À dire vrai, à part le bonheur d'écrire, il n'y a pas grand chose qui l'intéresse ; sa jeune femme Karine (Virginie Desarnauts) est une charmante potiche, dont il pourra se débarrasser quelques années plus tard lorsqu'il aura constaté qu'elle commence à se friper ; sa petite fille Louna (Emma Beziaud) est une sorte de signe extérieur de jeunesse qui n'a pas plus d'importance que n'en aurait un chien de race ou un chat de qualité ; son assistant et souffre-douleur Vincent (Grégoire Oestermann) n'est, précisément, rien du tout. Et la grande fille Lolita (Marilou Berry) qu'il a eue sans trop savoir pourquoi, est une charge et presque un reproche ; parce qu'elle est grosse et surtout parce qu'assoiffée de tendresse, elle l'enquiquine dans son égoïsme fondamental et qu'il rêve inconsciemment de s'en débarrasser.

Il y a alors une interférence un peu incongrue mais nécessaire à la progression du récit qui fait que Pierre (Laurent Grévill) et Sophie Millet (Agnes Jaoui), lui écrivain sans lecteurs, elle professeur de chant croisent le destin de Cassard, sorte de potentat grincheux du monde des Lettres ; Sophie est le professeur de Lolita et Cassard apprécie le talent de Pierre. D'où les rapprochements et les rencontres qui se passent, de surcroît, dans le petit monde ouaté de la Culture où cohabitent, se frôlent, en faisant mine d'être sur le même pied, des seigneurs prospères et adulés et des crève-la-faim qui manient la sébile et guettent la subvention.

Comme nous sommes dans un film français sûrement subventionné par les chaînes de télévision qui se penchent sur le cinéma comme le Loup au chevet de Mère-Grand, ça paraît bien se terminer. Pour qui sait un peu gratouiller, on n'a pas avancé d'un pas : Cassard a retrouvé l'inspiration, ce qui l'intéresse beaucoup plus que sa femme et ses filles, Lolita continue de constater que les types qui font mine de s'intéresser à elle ne le font que parce qu'elle est la fille de son père ce qui leur ouvre des portes. Et peut-être même que Pierre, au talent désormais reconnu, s'agacera de voir que Sophie/Jaoui ne cesse de culpabiliser pour tout et pour rien… Allez savoir.


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