L'arnaqueuse est une comédie policière britannique sortie en 1970.

Le sujet ne brille pas par son originalité. Graham (Stanley Baker), distingué sous-directeur d'une banque londonienne s'ennuie dans sa vie et dans son travail. Afin de mettre un peu de piment dans une existence bien terne, il décide de dévaliser sa propre banque. Afin de commettre ce vol, qui doit avoir lieu un vendredi, il s'allie à un aristocrate oisif (David Warner) et à la femme de ce dernier, une arnaqueuse (Ursula Andress) au charme ravageur.

Ce vendredi parfait se laisse toutefois regarder pour sa légèreté et pour son trio d'acteurs. Stanley Baker, sous-directeur maussade et frustré, et le regretté David Warner, lord oisif et fantasque, sont remarquables tandis que Ursula Andress, en plus d'être "undressed" à plusieurs reprises, ainsi que l'indique sans grande finesse l'affiche française, se révèle une fois de plus bien meilleure comédienne que ce que d'aucuns ont bien voulu prétendre.

Certaines caractéristiques de L'arnaqueuse peuvent même surprendre le spectateur averti. Le montage bouscule à plusieurs reprises la chronologie, vingt avant Reservoir dogs, et met en évidence les contradictions des trois personnages principaux qui ne cessent de se mentir mutuellement. La réalisation de Peter Hall, pourtant plus connu comme homme de théâtre que comme cinéaste, réserve d'excellents moments, notamment le travelling d'ouverture ainsi que plusieurs autres plans-séquences virtuoses. Enfin, alors qu'on pouvait s'attendre à retrouver l'ambiance du swinging London eu égard à la date du tournage (1970), le film baigne dans une ambiance maussade, à cause du mauvais temps londonien et de décors constamment blanchâtres voire grisâtres. Ce climat morose fait d'autant mieux ressortir la beauté solaire d'Ursula…

L'arnaqueuse n'est pas un sommet de la comédie policière britannique. On préfèrera, dans le même registre, des titres comme Hold-up à Londres ou Un hold-up extraordinaire. Certains aspects technologiques ont inévitablement vieilli. Néanmoins il n'y a pas de quoi bouder le plaisir que l'on peut ressentir à la vision d'un film bien interprété, bien fait pour son époque et gentiment amoral.