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Sujet : Des racines et des ailes


De Impétueux, le 21 avril 2022 à 11:38
Note du film : 3/6

Grâce à nos amis de Cinétrafic (https://www.cinetrafic.fr/film/64620/ego), j'ai pu découvrir, sur un Bluray d'impeccable qualité pour l'image et le son, une histoire singulière, éditée par The Jokers Entertainment, https://thejokers-shop.com. Éditeur orienté vers les visages de la peur, très intéressant au demeurant (https://twitter.com/thejokersfilms et https://www.facebook.com/thejokersfilms). Le film apparaîtra dans les rayons le 27 avril prochain en Bluray, DVD et VOD.

Mais l'effort d'originalité est tout à fait méritoire. Le scénario de Ego est dû à Ilja Rautsi, dont j'ignore tout, mais dont je découvre qu'il est spécialiste du genre. La réalisatrice s'appelle Hanna Bergholm est n'est pas plus notoire. Il est vrai qu'il s'agit là de cinéastes finlandais qui n'ont sûrement pas coutume d'envahir les écrans du monde entier. Helsinki n'est pas Hollywood et, à part Aki Kaurismäki qui en a jamais entendu parler ?

Sans doute est-ce dommage car étrange et Finlande paraissent tout à fait aller de pair. Le pays dit des mille lacs, d'une superficie d'à peu près la moitié de la France, ne compte que 5,5 millions d'habitants. En d'autres termes, il est pratiquement vide, ce qui entraîne une certaine pureté de la nature et un habitat très dispersé environné d'impressionnantes densités de hauts sapins. Rien de mieux pour faire intervenir une histoire trouble.

Voilà une famille comme tous les soap operas du monde la présentent : unie, chaleureuse, affectueuse, vivant dans une maison confortable à la décoration largement kitsch comme les journaux de décoration montrent. On voit que l'on a fait beaucoup d'efforts pour que tout soit harmonieux et souriant. D'ailleurs la mère (Sophia Heikkilä), jolie blonde (qui commence à se faner un tout petit peu) possède un blog où elle présente quotidiennement sa maisonnée sous le titre Notre super vie. C'est naturellement elle qui est le phare de la maison, lisse, souriante, toujours déterminée. Le père (Jani Volanen) est absolument insignifiant, apparemment très heureux de vivre avec sa jolie blonde de femme et d'en avoir deux enfants charmants, le petit garçon Mattias (Oiva Ollila) et la jeune adolescente Tinja (Siiri Solalinna) qui s'entraîne dur pour être championne de gymnastique, mais n'est pas extrêmement douée.

Ce qui agace énormément sa mère qui ne conçoit pas l'imperfection et la lassitude et qui impose à sa fille – et à sa famille – une sorte de tyrannie douce, mielleuse, insistante, mais qui peut devenir rude. J'ai songé un instant à Serial mother de John Waters, mais ce n'est pas tout à fait ça. Toujours est-il que la gracieuse Tinja, en qui l'adolescence monte, n'est pas vraiment à l'aise dans sa bonbonnière confortable. Est-ce pour cela qu'elle recueille l'œuf d'un corbeau qui a ravagé par son vol l'ordonnancement précieux de la maison, brisant cristaux et lustres, et qu'elle entoure cet œuf de toutes les précautions possibles, le faisant couver par son nounours ?

Tout cela serait simplement bizarre si on ne voyait l'œuf grossir chaque jour un peu plus et, un beau soir, éclore, délivrant une sorte de gros corbeau déplumé. Il est à la fois craintif et agressif, en tout cas en plein désarroi. Mais Tinja n'est pas beaucoup plus en équilibre ; d'abord elle ne parvient pas bien, malgré tous ses efforts, à effectuer une bonne prestation gymnique aux barres asymétriques ; surtout, rentrant inopinément chez elle, elle surprend sa mère en train de flirter avec le voisin Tero (Reino Nordin), ce qui la déstabilise sensiblement, même si sa mère joue à la prendre comme une grande fille qui pourrait être sa complice et sa confidente.

Dès lors va s'introduire une curieuse osmose entre Tinja et la créature qui peu à peu va prendre une apparence humaine et même devenir le double de la jeune fille… tout en conservant ses instincts carnassiers. On devine la suite d'horreurs qui va survenir.

Malgré les dernières séquences inutilement gore et mélodramatiques, Ego est un film très étrange et assez séduisant. Ça ne donne évidemment pas envie de vivre dans l'atmosphère ripolinée et bien-pensante de la Finlande (filmée lors d'un été lumineux, ce qui ne doit pas être si fréquent), ça porte même toute la pesanteur scandinave sur les épaules, le luthéranisme qui a imbibé cette société paisible et ennuyeuse. Mais c'est agréable à voir.


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