Démonstration de force cinématographique de la part de Georg Wilhelm Pabst pour ce Der letzte Akt réalisé en 1955, un des grands classiques de l'histoire du cinéma. C'est une vision allemande des derniers jours du III° Reich, marqué par les hallucinations du dictateur, les manœuvres des subalternes et les actions désuètes des petites gens, au sein du bunker berlinois. Les changements de ton et de rythme, les prises en vue en adéquation totale avec les idées (plans de groupe, mouvements de caméras, éclairage) sont celles d'un cinéaste à son sommet. La partie sonore (de la musique populaire aux orgues) joue un rôle majeur dans ce récit. Aspects existentiels, réflexion politique, côtoient aspects ordinaires et intimes d'un groupe en décomposition, composé de fanatiques ou d'individus éclairés mais soumis aux ordres. La psychologie des personnages est sondée avec brio, par des situations tragiques et des dialogues contradictoires. Pas un temps mort sur 1h50, le scénario et le montage créent un spectacle total et haletant. Un ensemble réaliste entrecoupé de séquences oniriques marquant des illusions ou des regrets. La fin d'Hitler est une source de réflexion d'actualité sur les ressorts d'une dictature, et sa nécessité de tuer, telle qu'elle impacte aujourd'hui le sol ukrainien.