Forum - La Fille de Dracula - Une fille illégitime...
Accueil
Forum : La Fille de Dracula

Sujet : Une fille illégitime...


De verdun, le 11 novembre 2021 à 22:44
Note du film : 3/6

Un film de Jésus Franco mal accueilli lors de sa sortie dans les salles en 1972. Ainsi La saison cinématographique, revue de référence des années 1970, le qualifiait, entre autres amabilités, d'"ignoble".

Les caractéristiques inhérentes au cinéma de Franco que j'évoquais sur le fil de Vampyros lesbos sont bien au rendez-vous. Le scénario est mince, dénué de suspens et d'enjeux. On suit une vague enquête policière et, en parallèle, les amours (saphiques) de l'héroïne. Le rythme est languissant malgré la courte durée de l'ensemble (82 minutes). Le découpage est chaotique. Les zooms si typiques du réalisateur sont omniprésents. La direction d'acteurs est plutôt incertaine et le doublage rend l'interprétation assez rigolote : ainsi Jésus Franco acteur parle avec la voix de Jacques Thébault, doubleur de Steve McQueen et Robert Conrad.

Après avoir réalisé en 1970 Les nuits de Dracula, l'une des adaptations les plus fidèles de l'oeuvre de Bram Stoker, Jésus Franco s'est fait un malin plaisir à tripatouiller les mythes du fantastique. Ici, il semble carrément faire un bras d'honneur au genre: les vampires se baladent en plein jour, il faut leur enfoncer un pieu dans la tête pour les tuer. Comble du déshonneur, le prince des ténèbres Dracula, bien qu'interprété par l'excellent Howard Vernon est ridiculisé: c'est un vieillard grabataire et muet qui se contente de rester couché dans son cercueil et ressemble à s'y méprendre à un diable à ressort. Jésus Franco se fout ici du cinéma fantastique et de ses amateurs, qui eurent de bonnes raisons de se sentir lésés. Le titre lui-même, La fille de Dracula, qui annonce à tort un pur film d'épouvante pur jus, était sans doute porteur de malentendus. Vampires lesbiennes eut mieux convenu…

L'équilibre sur lequel s'appuyait Vampyros Lesbos est ici plus fragile eu égard à la vacuité plus poussée du scénario et au fait que la musique de Daniel White soit globalement moins mémorable que celle du duo Hubler-Schwab malgré quelques belles improvisations pianistiques.

Néanmoins, malgré les scories indéniables de l'ensemble, un charme réel opère quand même grâce à la splendeur de certaines images, au climat ambiant, à certains éléments insolites voire drôlatiques, au cadre choisi (Sintra, ville portugaise voisine de Lisbonne), au charme évident du tandem Carmen Yazalde- Anne Libert, et à la réelle beauté des scènes érotiques.

La fille de Dracula est au final un Jésus Franco moyen, ni le meilleur ni le pire de son auteur. A réserver à ceux qui aiment l'oeuvre du réalisateur ibère.


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0016 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter