Forum - Les Damnés - A ne pas confondre avec le film homonyme de Visconti
Accueil
Forum : Les Damnés

Sujet : A ne pas confondre avec le film homonyme de Visconti


De verdun, le 7 mars 2021 à 21:50
Note du film : 4/6

Les damnés marque, en 1962, la rencontre inattendue entre Joseph Losey, auteur renommé, et la Hammer, célèbre firme spécialisée dans le cinéma fantastique. Ce curieux mariage donne naissance à un film non moins curieux.

Rien que le début frappe par sa singularité. Un touriste américain, Simon Wells (Macdonald Carey), faisant escale dans une station balnéaire du Sud de l'Angleterre, se fait tabasser par un groupe de blousons noirs pour avoir abordé Joan (Shirley Anne Field), soeur de King, le chef de la bande (Oliver Reed). Wells rencontre dans un palace un curieux couple formé par une sculptrice, Freya (Viveca Lindfors), et Bernard (Terence Knox), un homme aux activités bien mystérieuses. Wells s'enfuit en bateau avec Joan, finalement amoureuse de lui, et échappe aux blousons noirs qui les pourchassent. Joan, en proie à ses contradictions, souhaite rentrer à terre pour retrouver son frère. Ces péripéties, qui oscillent entre la chronique sociale et l'histoire d'amour, occupent la première moitié du film et, on le voit, sont bien éloignées du film fantastique que l'on attend de la Hammer des années 1960. Ce que l'Histoire a retenu, à juste titre, c'est la description des blousons noirs, menés par un Oliver Reed charismatique en diable. Ce n'est pas un hasard si Anthony Burgess s'est inspiré de Reed pour créer le personnage de Alex, futur protagoniste de Orange Mécanique.

Je recommande à ceux qui n'ont pas vu le film de ne pas lire le paragraphe à venir. La suite du récit voit le couple Simon-Joan aborder la falaise où le trouve la maison de Freya et de Bernard. En échappant à King, qui a retrouvé leur trace, le couple tombe dans une grotte où ils font la découverte d'enfants. Ces enfants, contaminés dès leur naissance par des radiations atomiques, sont pris en main et élevés par des militaires qui les maintiennent à l'écart du monde. Cette deuxième partie flirte enfin le fantastique attendu. On peut penser que le succès Village des damnés a inspirés ces Damnés sauf qu'ici les enfants ne sont pas les menaces mais les victimes des adultes. Comme pas mal de films de science-fiction des années 1960-1970, la menace du désastre nucléaire à venir est évoquée sans détours, mais il s'agit surtout d'une dénonciation du pouvoir militaire et de la violence d'Etat car de pauvres enfants innocents sont les cobayes d'une expérience inhumaine.

Les damnés est donc une oeuvre singulière et déconcertante. On sent, et les interviews l'ont confirmé par la suite, que Losey n'a guère d'affinité avec la science-fiction et qu'il a tout fait pour repousser le plus tard possible l'intervention des éléments relevant du fantastique. C'est ce qui explique clairement le caractère alambiqué du récit mais c'est ce qui fait aussi, en grande partie, l'originalité de ce long-métrage. Au final, Losey a réussi à s'approprier le scénario et à faire oeuvre personnelle: Les damnés qui donnent leur titre au film qui nous intéresse aujourd'hui sont un peu les cousins du garçon aux cheveux verts.

Sur le plan esthétique, la rencontre entre Losey et la Hammer promettait beaucoup. Le résultat est à la hauteur des attentes. Même lorsqu'ils sont réalisés par des tâcherons, comme Michael Carreras en ce qui concerne Maniac, les thrillers en scope-noir et blanc de la Hammer regorgent de qualités esthétiques. Avec un réalisateur aussi doué que Losey, la réussite ne peut être qu'éclatante: Les damnés est un film difficile d'accès mais impeccablement réalisé par un virtuose de la mise en scène, qui sait parfaitement rendre fascinants les décors et les paysages dans lesquels évoluent les personnages, et photographié par l'indispensable Arthur Grant.

Echec commercial -prévisible- à sa sortie, Les damnés est un film tarabiscoté et difficile d'approche mais les cinéphiles qui aiment l'art de Losey et ceux souhaitent voir une production Hammer sortant des sentiers battus seront très intéressés par son visionnage.


Répondre

De vincentp, le 28 mai 2021 à 23:09
Note du film : 5/6

Des qualités formelles (qualité des plans, beauté des images). Les personnages sont tous un peu barges, et le scénario très curieux. On retrouve des thèmes ou des images vus dans d'autres films peu connus (relativement) de Losey comme Boom ! ou Deux hommes en fuite. L'ensemble est étonnant.


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0026 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter