Un agent secret (John David Washington) est contraint de manipuler le temps pour éviter le déclenchement de la troisième guerre mondiale.

La réalisation est spectaculaire, l'action "jamesbondienne" est au rendez-vous et les effets spéciaux sont réussis. Il y a un sens des décors indéniable et une belle photo. Et de bons comédiens notamment la révélation Elizabeth Debicki.

Mais rarement aura t-on vu scénario aussi incompréhensible. C'est bien simple, dès la première scène, on est largué. Nolan le virtuose devient Nolan l'arrogant, imposant au spectateur idiot une intrigue volontairement inintelligible.

Et pourquoi toujours nous infliger une bande sonore de ce type, assourdissante au possible ?

Tenet était très attendu par les exploitants, vu le contexte actuel très difficile pour les salles de cinéma. Malgré d'indéniables qualités formelles et un excellent démarrage dans l'hexagone, la montagne n'aurait-elle pas accouché d'une souris ?

Ce qui est très net en revanche : le secteur de la culture en France rencontre des difficultés majeures, on peut le constater de visu en région parisienne. Fréquentation des salles de cinéma actuellement en forte baisse en raison du Covid-19, mais il y a d'autres problèmes plus structurels.

La dématérialisation des supports vidéo et musicaux fait que les rayons culturels en grande surface tendent à disparaitre. Le vinyle ne prend pas trop en France, il suffit de constater les rayons dédiés déserts dans les FNAC. Les moins de quarante ans sont désormais rares dans ces rayons musique et vidéo. On peut s'inquiéter pour l'avenir de nombreux éditeurs de vidéo, qui pourraient disparaitre, comme les vidéo-clubs il y a une dizaine d'années.

Pire, des fermetures en masse de magasins dédies à la culture sont inévitables à moyen terme, car non rentables, remplacés par des chaines de prêt à porter, de nourriture bon marché, de gadgets connectés ou de cosmétiques. Typiquement, la FNAC des Champs-Elysées, qui pourrait prendre le chemin du défunt Virgin Megastore de cette avenue, remplacé aujourd'hui par un Galerie Lafayette dédié aux touristes fortunés.

Dvdtoile, site culturel, est géré par des bénévoles, il ne pourrait pas fonctionner s'il était soumis aux lois du marché.

Mais, cher Vincentp, la FNAC, Virgin ou tout ça ne sont pas des sites culturels : ce sont des sites qui vendent ce qui marche. Et le CD, le DVD, le Blu-Ray, ça ne marche plus>. Le livre ? C'était jadis vendu dans des magasins qu'on appelait librairies où le vendeur, si vous en aviez besoin, parlait avec vous, vous suggérait un titre ou un auteur. Comme il y a bien longtemps les défunts disquaires.

Tout ça est mort, tout ça est fini. On achète sur Amazon ou, sachant ce que l'on veut, on s'offre une Pléiade ici ou là, qu'importe ?

Comment pouvez-vous donner le nom de culturel à ces grosses machines qui sont les Carrefours, les Auchan, les Monoprix des livres, CD, DVD ?

Tel que l'on est parti, la culture sera bientôt réservée à une élite, peut-être 5% de la population, au maximum 10%. L'absence de culture pour la masse va créer les gilets jaunes de demain ou des individus influençables. Les smartphones, les géants du net sont des pièges redoutables, avec certes quelques avantages mais surtout beaucoup d'inconvénients, en particulier celui d'empêcher l'accès à la culture, qui nécessite une démarche volontariste de l'individu. On sait que plusieurs responsables de sociétés de nouvelles technologies (comme Apple) ont demandé à leurs enfants de ne pas utiliser ces produits qu'ils savent dangereux sur un plan intellectuel.

Et effectivement le libraire ou le disquaire de proximité (en voie de disparition) ont longtemps joué ce rôle de diffusion de la culture. Heureusement, il reste un solide réseau de médiathèques dans notre pays, mais on ne peut pas dire qu'elles soient très fréquentées. Il y a de quoi être inquiet aujourd'hui pour la culture qui me semble sur le chemin du recul.

Mais enfin, par définition, culture égale élite, c'est-à-dire petit nombre ! Comment penser que la culture puisse être de diffusion large ?

Je suis assez d'accord avec ce qu'écrit Vincentp.

Le virus fragilise les manifestations culturelles et les spectacles dont le cinéma, qui a connu un pic de fréquentation en 2019. Mais la culture classique recule depuis un bon moment.

Récemment nous avons pu assister:

• à la fermeture de librairies au profit de boutiques notamment le principal magasin Boulinier à Paris,
• à la fin de la musique classique sur de grandes radios comme RTL ou France Inter,
• à l'effondrement du marché physique du dvd et du blu-ray (d'ailleurs notre site pourrait relayer l'appel des éditeurs vidéos inquiets pour leur avenir: https://www.lesinrocks.com/2020/06/08/cinema/actualite-cinema/lappel-des-50-les-editeurs-video-demandent-laide-du-gouvernement/),
• à la disparition plusieurs fois annoncée du cinéma de minuit de Patrick Brion qui subsiste tant bien que mal désormais relégué sur France 5 et à une faible présence du cinéma de patrimoine sur le service public (là aussi on peut lire une tribune: https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/26/retour-massif-du-cinema-sur-france-televisions-souhaitons-que-cette-envie-frenetique-perdure-apres-le-confinement_6037795_3232.html), etc…

Certes, ces faits correspondent en partie à des changements de pratique mais ils trahissent surtout le déclin de l'appétence culturelle des Français. La lecture, le goût pour les grandes oeuvres de l'esprit s'effondrent au profit du streaming, des réseaux sociaux et des jeux vidéo (qui ont aussi leur mérite). Et ce n'est pas une nouvelle réjouissante. Le consumérisme ambiant est l'ennemi de la culture, voire de l'éducation.

Le problème n'est pas tant l'accès aux films, à la musique et aux livres que le manque de curiosité pour les grandes oeuvres.

Je pense que beaucoup de nos (jeunes) contemporains sont susceptibles de railler notre intérêt pour des vieux films, des oeuvres réalisées avant l'avènement d'internet… Nous sommes un peu les derniers des mohicans, des résistants face à l'inculture et au nivellement par le bas !

Boulinier est un concept daté, la musique classique est écoutée par les plus de 70 ans. Tout cela relève de l'évolution naturelle des choses. Dans nos campagnes, il y a un siècle, la culture était quasi-inexistante (cf Sunset Song) et contribuait à l'asservissement des masses. Aujourd'hui la culture mondiale, est à portée de mains, source de progrès sociaux, mais à condition d'accomplir une démarche volontariste, laquelle fait défaut à beaucoup d'individus, accrochés à leur smartphone ou à des dérivatifs futiles.