Début du XVIIIe siècle. Le capitaine Kidd (Charles Laughton)
, l'un des plus redoutables pirates de son temps, se fait passer pour un gentilhomme auprès du roi d'Angleterre (Henry Daniell).
Ce subterfuge lui permet de disposer d'un navire qui va lui permettre d'atteindre l'île où il a enterré naguère un butin considérable. Mais pour atteindre son but, il va devoir éliminer certains de ses compagnons, devenus des rivaux bien encombrants…
Sortie sur les écrans français en 1946, cette biographie fantaisiste de l'une des figures les plus légendaires de la piraterie est le dernier film réalisé par Rowland V.Lee
(1891-1975), petit artisan américain du cinéma de genre.
Il s'agit visiblement d'une toute petite production, bricolée à la va-comme-je-te-pousse et mise en scène sans grand éclat. Il ne faut pas s'attendre à trouver ici les grandes scènes épiques ni le dépaysement fournis par les meilleurs films d'aventures maritimes. Quelques maquettes et décors utilisés auparavant pour
Pavillon noir
et
Le cygne noir
ont toutefois pu être récupérés par la production afin de faire illusion le temps de deux ou trois séquences.
Malgré son manque d'argent, Capitaine Kidd
possède une superbe distribution. Les excellents Gilbert Roland,
John Carradine,
Henry Daniell
-le méchant de L'aigle des mers
- et un Randolph Scott
inattendu en gentilhomme du XVIIIe siècle qui cache bien son jeu, sont à l'affiche. Mais ce casting brillant est quelque peu sous-exploité au profit de la star du film: Charles Laughton.
Donnant au cabotinage ses lettres de noblesse, Laughton
trouve ici un rôle à sa démesure. Il campe ici LE pirate tel que le grand écran l'a immortalisé: sanguinaire, roublard mais sympathique.
Dommage que le budget et la mise en scène manquent cruellement d'ampleur car cette série B bénéficie non seulement d'une interprétation prestigieuse mais aussi d'un scénario franchement original pour un film de pirates.
Le capitaine Kidd
ressemble ici au Louis D'Ascoyne-Mazzini de
Noblesse oblige,

réalisé quatre ans plus tard : c'est en effet un escroc cynique qui élimine l'un après l'autre ceux qui l'empêchent de rafler le trésor qu'il a naguère enterré en lieu sûr. La dernière réalisation de
Rowland V.Lee
relève donc d'avantage de la comédie noire que de l'aventure exotique…
Capitaine Kidd
est un film bancal mais très plaisant et assez singulier. 3,5/6.