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Sujet : Le fléau vu par John Schlesinger


De verdun, le 20 avril 2020 à 17:18
Note du film : 5/6

Sortie dans les salles en 1975, cette fresque monumentale sur le milieu du cinéma des années 1930, semble assez oubliée de nos jours, à l'instar d'une grande partie de la filmographie de John Schlesinger.

Le jour du fléau est pourtant un film étonnant, splendide et affreux à la fois.

C'est du cinéma "rétro", style très en vogue dans les années 70: la reconstitution des années 30 est fastueuse et minutieuse. On pense à Gatsby le magnifique et au dernier nabab, deux autres longs-métrages produits par le même studio -Paramount- à la même époque. L'ensemble est par ailleurs très bien filmé et photographié par le grand Conrad Hall.

Mais c'est surtout une satire au vitriol de la faune hollywoodienne dans la lignée de la La vallée des plaisirs ou du Le démon des femmes. Ici les parasites du show-bizness, certains ressemblant d'ailleurs aux protagonistes de Freaks, ne pensent qu'à faire la fête, boire, regarder des films pornographiques, colporter des ragots…

Hormis peut-être le narrateur, assez effacé, tous les personnages sont bizarres et tordus. Mais ils sont merveilleusement interprétés par des comédiens -tous assez méconnus de nos jours- qui tour à tour émeuvent, horripilent ou terrifient. Karen Black se révèle fascinante en sous-Jean Harlow mythomane, horripilante et insaisissable. Donald Sutherland surprend dans un rôle ingrat de pauvre type laid, introverti et complexé. Burgess Meredith est touchant dans son rôle de père de famille agonisant.

On peut regretter une durée excessive (2h20): ainsi la deuxième heure est sans doute un peu trop languissante. Mais le foisonnement des personnages et des émotions contradictoires, les surprises qui émaillent l'intrigue et l'aisance de John Schlesinger dans le registre romanesque, déjà évidente dans Loin de la foule déchaînée, font passer le temps sans trop de problèmes.

En outre, certaines scènes apocalyptiques prennent le spectateur à la gorge. L'écroulement d'un décor de studio figurant le champ de bataille de Waterloo ainsi que la scène finale, une première du film Les boucaniers qui vire à la boucherie, marquent durablement l'esprit.

Au final, Le jour du fléau n'a pas été conçu pour plaire au plus grand monde, notamment aux âmes sensibles. C'est justement ce qui laisse rêveur et nostalgique: à l'époque (1974) Hollywood n'hésitait pas à prendre des risques et à miser beaucoup d'argent sur des projets audacieux, adultes et dérangeants.

Aujourd'hui le même studio produit Transformers. Triste époque.


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