Ce film du grand King Vidor est inédit en France. Il n'a jamais été diffusé dans Le cinéma de minuit. On doit son exhumation à l'intéressante "Collection Films Criminels" de Warner parue en 2013, qui, hélas, est restée sans suite. Cette collection a eu le grand mérite de rendre disponibles quelques bijoux du film criminel tels que Highway 301 ou Les complices de la dernière chance.

Hélas Lightning strikes twice relève davantage de la curiosité pour les cinéphiles les plus aventureux que de la perle oubliée…

Le film est bien réalisé, le découpage est dynamique et la photo noir et blanc est très belle. Les paysages texans donnent beaucoup de charme au film et déplacent le film noir dans le cadre du western. Quelques images, notamment celles de l'orage, ne manquent pas de poésie. Les acteurs sont plutôt bien choisis et font ce qu'ils peuvent, notamment Richard Todd, qui transmet parfaitement l'ambigüité du personnage qu'il incarne, à la fois très séduisant et très inquiétant.

Hélas d'une part, King Vidor semble mal à l'aise dans le registre, assez inhabituel pour lui il est vrai, du film noir. De nombreux cinéastes, à commencer par Hitchcock auraient certainement été plus dans leur élément en filmant cette histoire. D'autre part, Vidor doit composer avec un scénario particulièrement médiocre: invraisemblable, mal ficelé et inutilement alambiqué. Le manque d'aisance du cinéaste et les digressions incessantes du script tuent tout suspense alors que la rencontre fortuite entre une actrice et un condamné à mort libéré pour vice de forme aurait dû donner lieu à un suspense insoutenable.

En somme, Lightning strikes twice demeure sans doute l'un des moins bons King Vidor. Sur un sujet semblable, A double tranchant , réalisé trente ans plus tard, est un thriller beaucoup plus recommandable.