La caractéristique des DVD éditée par
Ciné-Tamaris, qui est la maison de production d'
Agnès Varda,
est d'être truffés, aux côtés du principal film présenté, d'une kyrielle de petits
courts, des courts-métrages tournés ici et là, au hasard des années, qui sont évidemment en rapport avec le film majeur. Dans le DVD de
Lions love qui comporte aussi le petit pamphlet
Black panthers,
voilà que je trouve
Oncle Yanco.
Et j'ai le singulier travers de regarder tout ce qui figure sur les DVD que je possède et, pire encore, de m'imposer d'écrire sur tout ce que j'ai vu (sauf exceptions rarissimes, qui confirment évidemment la règle), afin d'améliorer encore ma faculté de rédiger sur n'importe quoi.
Le bref reportage – de 22 minutes – consacré à
Jean Varda, oncle de la réalisatrice (en fait son grand-oncle : les ramifications familiales et la généalogie sont compliquées) est vraiment de cette nature. Au fait, pourquoi le surnom de
Yanco ? Parce que ce Varda-là est d'origine grecque, qu'il a gardé de ses origines lointaines le goût de la lumière, une certaine manière de prononcer les R et un intérêt pour son pays d'origine, intérêt d'autant plus marqué qu'en 1967, lorsque le film est tourné, s'est établie à Athènes la ridicule
Dictature des colonels. Il vit en tout cas depuis longtemps à San Francisco, dans une sorte de
marina aquatique, qui sent le hippie et la marijuana à plein nez (lourds pléonasmes).
Ce que fait à San Francisco, temple évident de la
contre-culture de ces années-là est évident : pour qui s'intitule rebelle, dès avant Mai 68, il n'y a pas d'autre chemin que celui de l'Ouest des États-Unis ; celui qui conduira
Maxime Le Forestier,
quelques années plus tard à vivre dans la
maison bleue (adossée à la colline). Qui dira jamais combien de mythologies sont nées de cette atmosphère sensuelle, charnelle, enfumée, libertaire, individualiste. Woodstock, le sitar, le
flower power, la
liberté sexuelle, les cheveux longs, le sourire universel… Tout cela a fasciné durablement l'imaginaire occidental et continue à sévir dans le goût occidental pour le
Care.
Agnès Varda a suivi son mari
Jacques Demy qui va tourner à Los Angeles l'assez oubliable
Model shop.
Pourrait-on dire que dans cette sorte de faubourg, de principauté aquatique où vit son oncle, elle retrouve un peu – sûrement – les allées liquides de Sète, où elle a tourné en 1955
La Pointe courte,
le film qui l'a fait surgir au cinéma. Voilà donc qu'au hasard des voyages, elle va faire la connaissance cet oncle inconnu, un type délicieux, épanoui, bon vivant, qui est immergé au milieu de plein d'amis et vit en proposant des
collages qui semblent avoir de la qualité et un grand succès.
Pour célébrer les retrouvailles, le vieux peintre offre à sa visiteuse une fête emplie d'invités à cheveux longs et à voix douces. On ne dit pas qu'on aurait détesté se retrouver au milieu de ces jolies filles fluides ui paraissent avoir avec la vie une relation apaisée. Mais après s'être rappelé qu'on a vécu ça en France et que ça n'a pas donné grand chose, on revient à la réalité.